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Chez les voileux, il y a les riches (rares), les moins riches (la majorité) et les pauvres (nombreux), qui peuvent aller jusqu'à hypothéquer leur maison pour être au départ d'une course... Et les revenus des mieux nantis feraient sourire la plupart des footballeurs de haut niveau.
La voile, dont l'une des courses les plus prestigieuses, la Transat Jacques-Vabre, partira dimanche du Havre, est souvent cataloguée "sport de riches". Mais ce jugement lapidaire cache en réalité de grosses disparités.
Ce petit milieu bruisse de rumeurs sur les rémunérations supposées d'une poignée de stars, le Néo-Zélandais Russell Coutts , vainqueur de la Coupe de l'America, ou des skippers médiatiques comme Loïc Peyron. Elles atteindraient plusieurs dizaines de milliers d'euros mensuels, soit peu ou prou le salaire mensuel moyen des joueurs de Ligue 1 (45.000 euros) et une broutille par rapport à celui des footballeurs les mieux payés (23 millions d'euros bruts annuels pour le Brésilien du PSG Thiago Silva, selon France Football).
Mais aucun chiffre officiel n'a jamais étayé ces estimations. Car l'argent, les marins n'aiment pas trop en parler.
En France, seules les grandes équipes assurent des revenus réguliers à leurs poulains. Franck Cammas , qui possède l'un des plus beaux palmarès de la voile française (Trophée Jules-Verne, Route du Rhum, Volvo Ocean Race, Petite Coupe de l'America, etc.), gagne environ 150.000 euros par an, hors primes de résultats, précise l'un de ses proches à l'AFP.
Cela comprend un salaire de cadre supérieur à mi-temps chez Groupama, une rémunération de gérant de la société exploitant les bateaux qui portent le nom du groupe d'assurance et de banque (à l'exception du Classe C et de l'AC45F) ainsi que des contrats publicitaires.
- Sans assurance -
Les rémunérations chez Groupama Team France, engagé dans la course à la Coupe de l'America 2017 sous la houlette de Cammas, Michel Desjoyeaux et Olivier De Kersauson , vont jusqu'à 15.000 euros par mois. Cela se situe dans la fourchette haute de la voile.
Car pour la plupart, les coureurs d'océan ne s'en tirent qu'en exerçant un métier en marge de leur passion ou en faisant appel à la générosité familiale. Voire en hypothéquant leur maison, comme l'a fait Gilles Lamiré, qui disputera la TJV avec un trimaran Multi50.
Davy Beaudart, qui a remporté la première étape de la Mini Transat le 26 septembre aux Canaries, s'est autofinancé pour naviguer cette saison, son sponsor principal lui ayant annoncé en début d'année qu'il ne prenait plus à sa charge que l'amortissement et l'assurance du bateau.
"J'ai un chantier naval et je vais devoir travailler beaucoup pour trouver les 20.000 à 30.000 euros dont j'ai encore besoin pour courir", confie-t-il à l'AFP. "En termes de rémunérations, je suis dans le négatif de très, très loin..."
Tous se rejoignent sur un point, avec parfois un peu d'amertume: il leur est plus facile de lutter contre les éléments que de trouver de l'argent pour disputer une transat ou un tour du monde. Et neuf fois sur dix, les budgets sont ric-rac. Au point que certains prennent le départ sans assurer leur bateau, faute de pouvoir payer les primes.
C'est d'autant plus étonnant que la fascination pour la course au large (surtout en solitaire) ne faiblit pas en France, où les départs de La Route du Rhum et du Vendée Globe drainent des centaines de milliers de spectateurs. Un phénomène unique au monde.