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Le navigateur franco-suisse Laurent Bourgnon , porté disparu après une plongée dans l'archipel des Tuamotu (Polynésie française), est l'un des grands noms de la course au large, une discipline qu'il a dominée dans les années 1990.
Bourgnon, 49 ans, effectuait une croisière privée sur "Jambo", son catamaran à deux moteurs, avec plusieurs passagers. Ils avaient choisi de plonger près de Toau, un atoll proche de Fakarava, qui compte parmi les sites les plus renommés au monde.
La plongée aurait eu lieu dans le lagon, mais à proximité de la passe Est, où les courants peuvent être forts.
A l'issue de cette plongée, les autres passagers du bateau l'ont attendu en vain. "Il semble que les croisiéristes sont partis plonger avec le moniteur, tandis que Laurent Bourgnon est parti seul de son côté", a expliqué à l'AFP Marie Baville, directrice de cabinet du Haut-Commissariat.
Les membres d'équipage ont eu des difficultés à joindre les secours, Laurent Bourgnon étant le seul à bien connaître les moyens de communication de bord.
A 23h00 locale mercredi (11h00 françaises jeudi), les recherches pour le retrouver n'avaient toujours rien donné. Elles ont repris jeudi matin par hélicoptère et avec la participation de plusieurs bateaux. Les secours et les proches espèrent que le marin ait été emporté par le courant en surface, et ait pu survivre en haute mer tout en dérivant.
Malgré deux passages de l'hélicoptère Dauphin chargé des secours, le premier en fin d'après-midi et le deuxième de nuit, le navigateur était jusqu'alors resté introuvable.
Son frère cadet Yvan Bourgnon (43 ans), qui vient de boucler mardi à Ouistreham (Calvados) un tour du monde en catamaran de sport sans habitacle, en solitaire, vingt mois après son départ des Sables-d'Olonne (Vendée), a annoncé qu'il se rendait en Polynésie française pour participer aux recherches.
"Même si je sais que tous les moyens sont mis en ?uvre pour retrouver Laurent, je me rends sur place pour participer aux recherches. Je ne peux pas rester en France à ne rien faire. J?irai sur l?eau pour chercher mon frère jour et nuit, aussi longtemps qu?il y aura un espoir", a indiqué Yvan Bourgnon , dans un communiqué publié par son service de presse.
Le "Jambo" de Laurent Bourgnon est au mouillage dans le lagon de Toau, un atoll peu fréquenté des Tuamotu. Il y faisait escale avec trois membres d'équipage (un moniteur de plongée, un cuisinier et une hôtesse) et quatre croisiéristes.
Un skipper venu de l'atoll voisin de Fakarava devait ramener jeudi le voilier et ses passagers. Une enquête a été ouverte pour "disparition inquiétante".
- Passionné de multicoques -
Laurent Bourgnon , qui a abandonné la compétition océanique depuis plusieurs années, possède l'un des plus beaux palmarès de la voile hauturière, ayant notamment remporté à deux reprises la célèbre Route du Rhum (1994 et 1998).
Capable de passer d'un bateau à un autre avec un égal talent, passionné par les multicoques, Bourgnon est unanimement considéré comme un surdoué dans le monde des +voileux+.
Aventurier accompli, Laurent Bourgnon possède -outre ceux de skipper- une expertise pluridisciplinaire: pilote d'avions, d'ULM et d'hélicoptères, mécanicien et metteur au point, ingénieur et coureur automobile (rallye-raid). Il a participé notamment à plusieurs rallyes-raids comme le Paris - Dakar entre 1999 et 2005.
Né le 16 avril 1966 à La-Chaux-de-Fonds, dans les montagnes du Jura suisse, il découvre la mer à l'âge de 4 ans sur le voilier de ses parents à l'occasion d'un périple de deux ans dans les Caraïbes. Adolescent, il effectue, toujours en famille, un tour du monde à la voile de trois ans.
En 1986, à l'âge de 20 ans, il réalise, avec son équipier Fred Girald, une première traversée de l'Atlantique sur un catamaran Hobbie 18 de 5,40 m, une aventure jugée un peu folle compte tenu de la taille du bateau, un engin de plage conçu pour naviguer autour de trois bouées.
Il enchaîne ensuite sur la Mini Transat, course transatlantique en solitaire sur des monocoques de 6,50 m, finissant 2e en 1987 après avoir gagné la 2e étape.
L'année suivante (1988), il remporte La Solitaire du Figaro à sa première tentative, devançant notamment Alain Gautier (2e). Un authentique exploit qui va lui donner l'envie de passer à des bateaux plus gros et surtout à des multicoques.
- Un palmarès exceptionnel -
A la fin des années 1980, les trimarans de 60 pieds Orma (18,28 m) sont les machines les plus sophistiquées au monde (les plus dangereuses aussi) et Laurent Bourgnon va très vite s'imposer dans cet exercice de haute voltige. Y compris face aux coureurs français, qui affectionnent particulièrement ces dragsters océaniques.
A la barre de ces engins, il enchaîne les succès et son curriculum vitae donne le tournis: victoires dans les courses La Baule - Dakar (1991), Québec - Saint-Malo (1992) et Transat Jacques Vabre (avec l'Américain Cam Lewis, en 1995). Il décroche le titre prestigieux de champion du monde de course au large en 1994, 1995 et 1997.
En 1997, il gagne la Transat Le Havre - Cartagène (Colombie) avec son frère Yvan.