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© AFP/LOIC VENANCE
Francis Joyon
et son équipage sur Idec Sport, le 26 janvier 2017 à Brest après avoir remporté le Trophée Jules Verne
De mémoire de marin, on n'avait jamais vu ça: trois records à la voile en un mois, signés Coville, Le Cléac'h et Joyon! Les raisons: une fenêtre météo exceptionnelle et des bateaux incroyables mis entre les mains de skippers d'exception.
"Autant de gars qui partent comme ça en même temps, ça n'est jamais arrivé", explique à l'AFP Jean-Yves Bernot, routeur météo à terre, qui guide les marins à distance pour choisir le chemin le plus favorable.
Francis Joyon (Idec Sport) a clos le 26 janvier une série inouie, en bouclant le tour du monde avec un équipage en 40 j 23 h 30 min 30 sec (Trophée Jules Verne). Un mois auparavant, le 25 décembre, Thomas Coville (Sodebo Ultim) pulvérisait le record du tour du monde en solitaire, lui aussi sur un trimaran (49 j 03 h 07 min).
Entre temps, le 19 janvier, Armel Le Cléac'h (Banque Populaire VIII) a remporté le Vendée Globe, course autour du monde en solitaire sur monocoque, en un temps record de 74 j 03 h 35 min.
Cet embouteillage sur les mers s'explique d'abord par le fait que Coville et Joyon sont partis en même temps que le Vendée Globe qui n'a lieu que tous les 4 ans.
Il y a un an, à la même époque, deux marins s'étaient lancés à l'assaut du Trophée Jules Verne: Joyon et Yann Guichard . Tous deux avaient pris le départ le 22 novembre 2015 mais sont passés inaperçus car aucun n'a amélioré le record.
- Météo: la clef -
"Pour battre un record il faut avoir de la chance avec la météo, c'était le problème de l'année dernière", souligne Bernot. "Le Vendée Globe aurait fait un temps moyen et Sodebo ne serait pas passé. Cette année, l'été dans l'océan austral permettait de faire de la voile. C'est un peu le hasard."
Les navigateurs en quête de record cherchent d'abord le bon système météo, c'est-à-dire avoir du vent de trois-quart arrière, ce qui va les pousser plus vite.
"Ta fenêtre météo, tu la choisis sur 80, 90 jours. Ca écrème ton calendrier. Et tu pars en milieu d'hiver ici pour être en été dans les mers du sud et avoir le moins de tempête possible", explique le navigateur Michel Desjoyeaux .
Il ne faut pas non plus aller trop vite sinon le risque est de casser le bateau. La vitesse du vent optimale pour battre des records est estimée entre 25 et 30 noeuds. L'équipage de Joyon a fait monter le curseur par moments à 48 noeuds.
© AFP/Laurence SAUBADU, Paul DEFOSSEUX
Armel Le Cleac'h vainqueur du Vendée Globe 2016-2017
"Il faut avoir la chance d'avoir un bon enchaînement météo, poursuit Desjoyeaux. Aujourd'hui on peut travailler avec des prévisions météo à 16 jours. Ca veut dire que quand tu regardes de Brest, tu peux voir ce qui se passe jusqu'à Bonne Espérance (pointe sud de l'Afrique, ndlr). Après, tu subis: advienne que pourra jusqu'a la fin du parcours".
- Prochaine génération -
Les concurrents du Vendée Globe sont partis le 6 novembre, une fenêtre exceptionnelle qui leur a permis de gagner d'entrée 5 jours d'avance sur le temps de référence. Coville est également parti ce jour-là.
Au-delà de la météo, les auteurs de ces records sont des skippers d'expérience, avec des bateaux très performants.
Après avoir terminé deux fois deuxième, Le Cléac'h, 42 ans, a remporté le Vendée Globe sur un bateau flambant neuf équipé de foils, appendices latéraux qui accentuent la vitesse.
Coville, 48 ans, a dû attendre sa 5e tentative pour battre le record auquel il s'est préparé pendant 10 ans, avec une machine améliorée de quelques innovations technologiques.
Homme de records, Joyon, 60 ans, était lui aussi à la barre d'un trimaran géant.
"On ne savait pas construire des bateaux comme ça il y a 10 ans", relève Bernot, pour qui l'avenir sera encore plus rapide. "Les bateaux de la prochaine génération ont un potentiel supérieur. A conditions similaires, ils pourront battre ces records d'ici 5 à 7 ans".