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© AFP/Noah Berger
Oracle Team USA, vainqueur de la 34e Coupe de l'America, le 25 septembre 2013 à San Francisco
La 34e Coupe de l'America, gagnée mercredi à San Francisco par les Etats-Unis, appartient désormais à l'histoire et l'intérêt se porte maintenant sur la prochaine édition, dont on ignore encore où et quand elle aura lieu... et avec quels bateaux.
Le milliardaire américain Larry Ellison, qui a réussi son pari de conserver le trophée enlevé en 2010 à Valence (Espagne) contre les Suisses d'Alinghi, a poliment botté en touche lorsqu'il a été interrogé sur ces différents points lors d'une conférence de presse mercredi soir.
Premier état des lieux.
Q: La 35e "Cup" peut-elle avoir lieu ailleurs qu'à San Francisco, et quand ?
R: Ellison a affirmé ne pas savoir où elle aurait lieu. "San Francisco est un endroit formidable pour organiser des courses, a-t-il dit, et nous aimerions y revenir". Mais il y a d'autres "options" sur la table et elles vont être étudiées. San Francisco possède de nombreux atouts: sa baie est immense, il y a (presque) toujours du vent, les environs sont magnifiques et le public peut suivre les courses gratuitement depuis les promenades aménagées sur les quais. Difficile de faire mieux. Seule critique: la trop grande dispersion des bases. Au bout du compte, c'est Ellison qui décidera car c'est ainsi que ça se passe avec la Coupe depuis 162 ans: le vainqueur est maître du jeu et fixe les règles. Peut-être, a-t-il d'ailleurs plaisanté, pourrait-on l'organiser autour de l'île hawaïenne de Lana'i, qu'il vient d'acheter...
Quand à la date de la prochaine "Cup", là aussi c'est au +défender+ Oracle de décider. Il n'y pas de périodicité obligatoire pour la Coupe de l'America.
Q: Peut-on revenir aux monocoques, utilisés jusqu'ici à deux exceptions près (1988 et 2010) ?
R: Après ce que nous avons vu pendant ce "Summer of Racing", cela paraît difficile, sinon impossible. Les régates de la 34e Coupe de l'America ont été "les plus belles que j'ai jamais vues" et "ont changé le monde de la voile pour toujours", a plaidé Ellison mercredi soir. Ces régates de catamarans dépassent tout ce qu'on peut imaginer, estime pour sa part Richard Spindler, du magazine californien spécialisé Latitude 38. "Ce sont les courses de voile les plus extraordinaires auxquelles j'ai assisté", affirme-t-il. L'architecte naval français Vincent Lauriot-Prévost, père des multicoques océaniques les plus rapides du monde, ne dit pas autre chose: avec les catamarans à aile rigide AC72 (22 m), "nous sommes entrés dans un nouveau monde mais on n'en est qu'au début. Dans quelques années, on regardera ces bateaux et on se dira que c'étaient des ancêtres, des catamarans +has been+". Mais il faudra sans doute réduire les coûts et, pour cela, choisir des catamarans peut-être un peu plus petits (60/65 pieds, entre 18 et 20 m).
Q: Faut-il conserver les mêmes règles ?
R: Non. Reporter les régates lorsque le vent dépasse les 23 noeuds (42,5 km/heure) n'a plus de sens aujourd'hui. Les équipages maîtrisent maintenant parfaitement les AC72 dans des conditions plus musclées. Et limiter les courses à 40 minutes -pour les besoins de la télévision- est absurde. On peut fixer un temps limite, mais il devrait être d'au moins une heure. Parenthèse, cela aurait permis aux Néo-Zélandais de gagner la 34e "Cup" le 20 septembre, lorsque la 13e régate a été annulée car hors délais alors que les Kiwis, largement en tête, n'étaient plus qu'à 5 minutes de la ligne d'arrivée.
Q: Faut-il d'ores et déjà réfléchir à un défi français pour la prochaine Coupe de l'America ?
R: L'idée de revenir à des équipes réellement nationales fait débat et certains, les Néo-Zélandais par exemple, y sont favorables. La France regorge de talents dans le domaine des multicoques (architectes, chantiers, coureurs). Mais l'important n'est-il pas de gagner et, pour cela, de faire appel aux meilleurs, quelle que soit leur nationalité ? Larry Ellison l'a bien compris et ça ne lui a pas trop mal réussi. Un seul des 11 équipiers de l'AC72 américain (Rome Kirby) avait un passeport américain...