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© AFP/Ezra Shaw
Oracle Team USA pendant la Coupe Louis Vuitton contre Luna Rossa le 24 août 2013 dans la baie de San Francisco
Après l'échec médiatique et sportif d'une Coupe Louis-Vuitton anémique, les choses sérieuses commencent samedi à San Francisco où Américains et Néo-Zélandais vont s'étriper pour la 34e Coupe de l'America, le plus vieux trophée sportif au monde, dans un duel où les Kiwis ont déjà pris l'avantage sur le tapis vert.
Trois challengers seulement contre 11 en 2007, la dernière "Cup" disputée avec des monocoques! Le moins que l'on puisse dire, c'est que la "Vuitton", remportée sans suspense (7 à 1) par Emirates Team New Zealand (ETNZ) en août face à des Italiens de Luna Rossa largement dominés, n'a pas déchaîné l'enthousiasme.
Dommage et injuste, car les bateaux utilisés -des catamarans AC72 de 22 m de long- sont des machines fabuleuses, qui ont révolutionné l'architecture navale (aile rigide, foils, etc...) et relégué au rayon des antiquités les poussifs monocoques des éditions précédentes.
Pourtant, les AC72 disputent probablement leurs dernières courses. Trop chers, trop extrêmes, trop dangereux, ils n'ont pas convaincu et cèderont sans doute leur place à d'autres bateaux pour la 35e Coupe.
Les spécialistes savaient que les Kiwis n'auraient pas de mal à s'imposer dans les éliminatoires des challengers. Mais contre les Américains d'Oracle Team USA, détenteurs de la "Cup" depuis 2010, ce sera une autre paire de manches.
Deux régates de plus
Dommage cependant que ce duel nautique ait commencé en coulisses, au profit des challengers néo-zélandais.
Accusée d'avoir triché lors des America's Cup World Series (ACWS) de 2012 -régates préfigurant celles de la "Cup" mais courues avec des catamarans AC45 de 13,45 m de long seulement-, l'équipe du multi-milliardaire américain Larry Ellison a été sévèrement sanctionnée mardi.
Et le jury international a eu la main très lourde: pour conserver la Coupe de l'America, Oracle Team USA devra remporter 11 régates, deux de plus que les Kiwis! Trois membres de l'équipe ont en outre été exclus de la compétition, dont le régleur de l'aile rigide, un poste stratégique.
L'équipe d'Ellison, dont la fortune a été estimée à une quarantaine de milliards de dollars, a aussi écopé d'une amende de 250.000 dollars, une goutte d'eau dans un budget compris entre 170 et 200 millions de dollars.
Ellison n'a rien laissé au hasard pour conserver le précieux pichet remis depuis 1851 au vainqueur de la Cup. Le directeur exécutif d'Oracle est le transfuge néo-zélandais Russell Coutts , quadruple vainqueur de la Coupe de l'America, et le barreur numéro 1 est l'Australien Jimmy Spithill, un surdoué qui a déjà gagné en 2010.
Le tacticien est l'Américain John Kostecki , qui a engrangé une dizaine de titres de champion du monde, une médaille d'argent aux JO de 1988 et une victoire dans la Volvo Ocean Race 2001-2002. Le barreur numéro 2 est le Britannique Ben Ainslie , quadruple champion olympique.
Machine de guerre yankee
Oracle Team USA représente le Golden Gate Yacht Club (GGYC) de San Francisco, emploie environ 120 personnes, et dispose de deux AC72.
Face à cette impressionnante machine de guerre yankee, les Kiwis d'Emirates Team New Zealand (ETNZ) alignent une équipe beaucoup plus modeste, au budget estimé à environ 84 millions de dollars. Un tiers provient du gouvernement, un autre tiers de partenaires commerciaux et le reste de donateurs privés.
ETNZ, qui court sous les couleurs du Royal New Zealand Yacht Squadron (RNZYS), est dirigé par le charismatique Néo-Zélandais Grant Dalton et le barreur est son compatriote Dean Barker , deux fois finaliste de la Coupe de l'America (2003 et 2007).
© AFP/Ezra Shaw
Emirates Team New Zealand après avoir remporté la régate N.8 de la Coupe Louis Vuitton contre Luna Rossa le 25 août 2013 dans la baie de San Francisco
Le défi néo-zélandais dispose lui aussi de deux bateaux, même si un seul navigue (Aotearoa) et a accumulé des heures de navigation. Le fait d'avoir remporté la Coupe Louis-Vuitton est évidemment un avantage: rien à voir entre s'entraîner sans enjeu -même avec deux bateaux comme Oracle- et disputer des régates où chaque fausse manoeuvre, chaque hésitation, se paie cash.
La sanction infligée à Oracle Team USA a également un peu changé la donne. Le coup est sévère sur le plan sportif mais il l'est peut-être encore plus psychologiquement. Difficile, dans ces conditions, de faire un promostic...