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© AFP/JOEL SAGET
Le skipper Franck Cammas
, le 30 janvier 2017 à Paris
La France participera pour la première fois depuis 10 ans à la Coupe de l'America, la plus prestigieuse épreuve de voile, en mai-juin aux Bermudes. A la barre de Groupama Team France, Franck Cammas compte bien "y aller sans complexes", explique-t-il dans un entretien à l'AFP.
Cinq "challengers" tenteront de ravir le trophée au tenant du titre ("defender"), Oracle Team USA: les Britanniques de Land Rover BAR, les Néo-Zélandais d'Emirates Team New Zealand, les Japonais de SoftBank Team Japan, les Suédois d'Artemis Racing et Groupama Team France. L'adversaire final d'Oracle Team USA dans la Coupe de l'America proprement dite sera déterminé par les éliminatoires, appelés Coupe Louis-Vuitton (26 mai - 12 juin).
Q: Comment expliquer ce qu'est la Coupe de l'America à ceux qui ne connaissent pas la voile ?
R: "C'est une compétition internationale qui fait s'affronter des nations sur des bateaux de haute technologie. La course est assez courte, c'est en match racing (en duel). Le vainqueur de tous ces duels remporte le trophée de la Coupe de l'America. La Coupe de l'America a vu passer plusieurs types de bateaux durant son histoire et aujourd'hui ce sont des multicoques qui volent au dessus de l'eau avec une aile très rigide. C'est de la voile très moderne, la voile de demain".
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Q: Pourquoi est-ce une compétition si prestigieuse ?
R: "Ça fait rêver par le niveau technique et sportif des concurrents. La concurrence est la plus importante qu'on puisse imaginer dans notre monde et notre sport. On s'affronte sur des bateaux mais aussi derrière des écrans d'ordinateurs pour créer des bateaux plus rapides que ceux de nos concurrents. C'est de la régate mais aussi de la stratégie, de la tactique et il y a en amont toute une préparation passionnante. Ce n'est pas qu'une compétition sportive mais aussi de savoir-faire et une vitrine de la technologie qu'un pays peut présenter par rapport à un autre".
- 'Une course de longue haleine' -
Q: La Coupe de l'America est souvent présentée comme une course de milliardaires. Est-ce une réalité ?
R: "C'est quelque chose que l'on combat. Evidemment, il y a des équipes soutenues par des milliardaires mais d'autres non et c'est le cas de Groupama. Le nouveau règlement permet à des équipes avec un budget raisonnable de participer à la Coupe de l'America. Aujourd'hui, pour gagner la Coupe, les budgets sont 7 fois moins importants qu'il y a 10 ans. Il n'y a pas beaucoup de sports qui ont fait cette révolution".
Q: Qu'en est-il alors du Défi français ?
R: "Nous, en France, il n'y a pas de milliardaires pour soutenir un tel défi, alors commercialement on doit vendre ce projet à des partenaires, ça prend du temps. Cette barrière financière est aussi un obstacle pour des pays comme le nôtre, ça fait longtemps qu'on n'a pas eu d'équipe française sur la ligne de départ. La dernière participation française remonte à il y a 10 ans, c'était à Valence avec Areva. A l'époque, c'était encore des monocoques. Depuis, le jeu, le format et le spectacle ont bien changé. C'est une course de longue haleine même si ce n'est pas une course au large. Notre but est de s'inscrire sur le long terme dans cette compétition jusqu'à ramener ce trophée en France, chose qui n'a jamais été faite".
Q: Comment vos adversaires perçoivent-ils la participation de la France, un pays d'une grande tradition de course au large ?
R: "Ça ne les surprend pas parce que la France est un vrai pays de voile avec un public qui se déplace. On a toutes les compétences. La France a une vraie culture de marins, de chantiers, d'architectes. On a tous les atouts, il nous manque le bon timing, partir au même moment que les autres avec les mêmes moyens. Il faut y aller sans complexe. On construit aussi une équipe pour l'avenir. La Coupe de l'America m'a toujours fasciné, c'est ce qui tire et façonne le monde de la voile. C'est le haut de la pyramide".