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Le parquet de Lorient a requis lundi une peine d'emprisonnement de six mois avec sursis à l'encontre du skipper Yann Guichard , poursuivi pour blessures involontaires après la collision de son maxi-trimaran avec un canot, au départ de la Volvo Ocean Race en juin 2015 au large du Morbihan.
"C'est l'histoire d'un navire surdimensionné qui, sans s'y être annoncé, pénètre dans une zone de course", a déclaré Laureline Peyrefitte, procureure de la République de Lorient au cours de son réquisitoire, qualifiant cette affaire de "chronique d'une catastrophe annoncée".
Elle a également requis une amende de 20.000 euros à l'encontre du skipper, qui comparaît pour blessures involontaires ayant entraîné une ITT supérieure à trois mois et mise en danger d'autrui, par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence.
Le navigateur était à la barre de son maxi-trimaran Spindrift 2 lorsque Virginie Le Namouric, 49 ans, a été grièvement blessée aux jambes par l'un des safrans du bateau de course de 40 mètres. Sa jambe gauche a été amputée, tandis que l'autre a souffert de multiples fractures.
La victime se trouvait dans l'embarcation de son mari, commissaire de course bénévole. Le canot pneumatique, où avaient pris place quatre personnes, faisait partie du dispositif de sécurité prévu pour le départ de la 9e et dernière étape Lorient-Göteborg (Suède) de la Volvo Ocean Race, à laquelle ne participait pas Spindrift 2.
"Par une succession de fautes et de risques, qu'il a pris volontairement, il s'est retrouvé dans un piège", a estimé Mme Peyrefitte à propos de Yann Guichard . "Piège dans lequel il s'est enfermé", a-t-elle poursuivi, évoquant le "gros, beau, magnifique Spindrift 2", en opposition au canot "lent, petit, rattrapé".
"M. Guichard a fait preuve d'une suffisance, d'un mépris vis-à vis de règles de sécurité qui pourtant s'adressent à lui plus qu'à d'autres même, lui, le +professionnel aguerri+", a encore jugé la magistrate, assurant notamment que Spindrift 2 était arrivé "sur zone de façon imprévue".
- 'Marin professionnel aguerri' -
Le skipper a reconnu ne pas avoir prévenu les organisateurs de la course de son intention de se rapprocher de la zone de départ.
C'est pourtant en "marin professionnel aguerri" qu'il s'est présenté devant la cour. Vêtu d'un costume gris clair sur une chemise blanche, il a ainsi défendu sa réputation face au président du tribunal qui lui demandait s'il considérait être plutôt un "marin moyen ou un marin aguerri".
Les débats ont longuement porté sur les trajectoires respectives du maxi-trimaran, qui ne participait pas à la course, et du canot pneumatique.
La défense du skipper, qui demande la relaxe de son client, soutient notamment que le maxi-trimaran et le canot avaient des trajectoires qui allaient se croiser, ce qui implique une responsabilité partagée, et que l'embarcation pneumatique n'a pas modifié sa trajectoire.
Mais de leur côté, les parties civiles assurent que le canot était à l'arrêt, devant Spindrift 2, et que, de ce fait, ses occupants n'ont pas vu le trimaran arriver à vive allure sur eux.
"Ce qui me paraît aberrant c'est qu'on se focalise sur les trajectoires des bateaux, alors que la question que je me pose depuis le début c'est: +Qu'est-ce qu'il (Spindrift 2, ndlr) faisait là+?", a réagi Mme Le Namouric, vêtue de noir sous une veste orange vif, interrogée par l'AFP lors d'une suspension d'audience.
Avant le début de l'audience, Yann Guichard est venu saluer Mme Le Namouric, assise dans un fauteuil roulant. Il lui a serré la main et lui a dit quelques mots.
L'audience se poursuivait en début de soirée et le jugement sera probablement mis en délibéré.