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© AFP/JUSTIN SULLIVAN
L'Oracle Team USA de Sir Ben Ainslie
est détenteur du trophée de la 34e Coupe de l'America depuis le 25 septembre 2013 à San Francisco
Pour naviguer, il ne suffit plus de flotter, désormais il faut voler! Une idée folle devenue réalité: lors de la 35e Coupe de l'America aux Bermudes, les bateaux fileront au dessus de l'eau grâce à des foils, révolution technique dans la voile ces dernières années.
"Je dirais que c'est comme un ski nautique: à l'arrêt, il coule et au fur et à mesure qu'il avance, il se décolle. Et si vous mettez des échasses sur un ski nautique, vous pourriez donner l'impression de voler mais vous serez toujours dans l'eau. On a mis des échasses à un ski nautique!", explique Guillaume Verdier à l'AFP.
Cet architecte naval a conçu avec toute une équipe pour Team New Zealand les foils qui ont marqué l'histoire de la Coupe lors de la 34e édition, en 2013, la faisant entrer dans une autre dimension, celle des bateaux +volants+.
"Voler est un mauvais terme, c'est une illusion d'optique, on est parfaitement en appui sur l'eau. Une coque crée de la portance et de la traînée, un foil crée de la portance et de la traînée. Il se trouve que c'est plus efficace à partir d'une certaine vitesse d'avoir une forme d'aile d'avion que d'avoir une coque de 20 m de long. Mais c'est toujours un truc qui pousse vers le haut", souligne-t-il.
Les foils sont des appendices latéraux de grande taille et de formes diverses mais le plus souvent en L ou en T, qui permettent au bateau de sortir au dessus de l'eau.
"Les foils sont des pièces qui descendent dans l'eau, de façon horizontale. Ensuite, il y a l'aile, la partie verticale qui a la forme grosso modo d'une aile d'avion", commente Pierre-Marie Belleau, expert d'Airbus Industries, en charge du partenariat avec le defender Oracle Team sur cette Coupe de l'America.
- Voler tout le temps -
"Quand l'aile d'avion avance à partir de 130/140 km/h, le flux d'air sur l'aile va créer une force vers le haut qui va faire soulever l'avion, ça s'appelle la portance. Le flux d'air qui passe pousse l'avion vers le haut, c'est ça le principe d'un avion. Sur un bateau, c'est exactement la même chose".
"D'habitude, quand un bateau avance, il ralentit à cause des frottements de l'eau sur la coque. Quand le bateau décolle, il n'y a plus que les foils dans l'eau, il y a donc beaucoup moins de frottements et le bateau va beaucoup plus vite", résume-t-il.
Pour cet ingénieur, les foils sont "une révolution complète dans le monde nautique". "Il s'agit d'une révolution technologique majeure initiée par la précédente Coupe. C'est ça le facteur déclenchant, maintenant tout le monde veut +foiler+. Le monde de la voile cherche en permanence à innover et c'est une innovation remarquable, une très grosse révolution".
En 2013, les bateaux volaient donc déjà. Mais seulement sous certaines conditions.
Ils volaient lorsqu'ils étaient en ligne droite et touchaient l'eau quand ils faisaient un virement de bord (changer de sens avec le vent de face).
"Le challenge pour cette Coupe de l'America est d'arriver à virer de bord en restant en dehors de l'eau. Quand le bateau touche l'eau, il perd environ une dizaine de n?uds de vitesse, donc il ralentit. Le challenge est de voler tout le temps. Et pour les Coupes à venir, ce sera de voler de plus en plus vite", projette Pierre-Marie Belleau.