Happy Birthday : |
© AFP/Lloyd Images
LandRover BAR skippé par le Britannique Ben Ainslie
au large d'Hamilton (Bermudes), le 25 mai 2017
Attention secret défense ! Convoité depuis 166 ans, le trophée de la Coupe de l'America pousse le petit monde de l'élite du yachting à rivaliser d'ingéniosité dans le plus grand secret sans hésiter à espionner l'autre.
La 35e Coupe de l'America n'a pas encore commencé dans la baie de Great Sound aux Bermudes que les gentlemen de la voile parlent déjà d'espionnage.
Oracle Team USA, qui détient la Coupe, a glissé que des gens prenaient des photos sous l'eau de leur bateau. En 2009, Oracle avait été accusé d'espionnage par Alinghi, alors defender pour la 33e Coupe, et remportée par son challenger, Oracle.
"On n'a pas pas le droit d'aller très proche des autres bateaux mais on prend des photos avec des télé-objectifs, comme tous les autres", explique à l'AFP l'Allemand Martin Fischer, responsable design team du défi français Groupama Team France, et qui a déjà vécu une Coupe de l'America avec l'équipe italienne Luna Rossa.
Les équipes engagées sur la Coupe de l'America fonctionnent comme des écuries de F1, avec une centaine de personnes, leur propre bureau d'études et des budgets qui peuvent largement dépasser les 100 millions d'euros pour certaines équipes.
Et les meilleurs éléments passent d'une équipe à l'autre.
Thierry Fouchier a travaillé au sein de Oracle, glorifié par la victoire en 2010, avant de rejoindre le défi français pour cette 35e Coupe.
"La Coupe reste un petit milieu, tout le monde se connaît. Je suis toujours proche de certaines personnes chez Oracle. On se croise souvent et bien sûr que je pose des questions. Sur un malentendu ils peuvent peut-être donner des informations !", raconte le régleur d'aile.
L'espionnage est devenu l'une des composantes de la Coupe de l'America, entre drames et fantasmes.
- Des vélos à bord ! -
Personne n'a oublié les incroyables dérives auxquelles s'étaient livrés les différents protagonistes de la Coupe en 1991 à San Diego (Etats-Unis), entre tentatives d'effraction sur les bases et mouchards placés ici et là.
Depuis l'espionnage est moins excessif dans sa forme mais il est toujours bel et bien présent car il peut avoir son importance, y compris durant la compétition.
En effet, des modifications durant l'événement sont possibles sur les foils, ces appendices latéraux qui permettent au bateau de sortir au dessus de l'eau pour filer à toute vitesse et clé de la réussite aux Bermudes.
A espionner les autres, on peut être inspiré.
Dans la baie de Great Sound, tous ont les yeux rivés sur les foils du bateau Emirates Team New Zealand, qui avait fait sensation en 2013 en +volant+ sur l'eau.
"On a fait (cette fois) des foils assez différents des autres, ils sont très longs et avec énormément d'allongement", dit le concepteur des foils, Guillaume Verdier.
"On va dévoiler nos dernières pièces le plus tard possible en espérant qu'ils n'aient pas le temps de nous copier. On peut aussi faire des changements sur les systèmes de contrôle et le contrôle de l'aile. On a une aile dont la géométrie nous a été imposée mais on peut à l'intérieur y mettre des mécanismes qui font qu'elle se vrille. On a inventé un système", poursuit-il.
L'équipe néo-zélandaise est la dernière à avoir pris ses quartiers aux Bermudes, en avril, alors que la plupart des équipes sont arrivées en février. Hormis le defender Oracle, qui vit sur l'île depuis deux ans et demi.
Dès l'arrivée des Kiwis, l'information a circulé dans tout le milieu: il y a des vélos à bord du bateau ! (Des membres pédalent sur des vélos pour produire plus d'énergie).