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© AFP/Mark Lloyd
En voile, tomber à l'eau en course n'est normalement pas dangereux en soi. Sauf sur la 35e Coupe de l'America aux Bermudes où l'on risque tout simplement de se faire couper en deux par les foils et les safrans tranchants comme des couteaux, un scénario heureusement évité jusque-là.
Samedi, le barreur du défi suédois, Nathan Outteridge , placé à l'arrière du bateau, a glissé lors d'un changement de côté jusqu'à plonger dans l'eau. Sans gravité. Mais il s'agit du deuxième incident après le chavirage mardi du bateau néo-zélandais, lors duquel trois hommes sont tombés à la mer.
"Nathan a été éjecté assez loin. Dans ce cas, il a moins de chance de rencontrer le safran (gouvernail). Quelqu'un d'autre qui tombe du milieu du bateau a plus de chance", souligne à l'AFP Loïck Peyron, conseiller de l'équipe suédoise Artemis Racing.
"Ce risque est très nettement accentué sur ces bateaux-là, ça fait partie du jeu, tout le monde en est conscient. Les appendices sont vraiment tranchants".
Pour Loïck Peyron, le danger est de heurter le safran ou les foils de son propre bateau mais aussi ceux du bateau des adversaires, s'il est derrière. "Si un mec tombe à la patouille à ce moment-là, le bateau qui est derrière a des chances de ne pas le voir. C'est le double-lame".
Les foils, ce sont ces appendices situés de chaque côté du bateau permettant au catamaran de s'élever au dessus de l'eau pour filer à de grandes vitesses. C'est la seule partie visible du bateau qui est libre dans sa conception, mais tous sont en carbone, affûtés et mesurant plus de 2 mètres au minimum.
- 'On se prend un mur' -
"Le plus grand danger, c'est de passer devant les +boards+ (appendices) et de se faire couper en deux", relève aussi Philippe Presti , coach du defender de la Coupe, Oracle Team USA.
L'équipe américaine a vu quelques-uns de ses marins tomber à l'eau lors d'entraînements. Comme la plupart des équipes. Mais le barreur suédois, lui, n'avait encore jamais dégagé du bateau en course avant samedi.
"C'est paradoxalement le poste le moins dangereux, quoique Franck Cammas nous a prouvé le contraire sur un GC32", indique Loïck Peyron.
En décembre 2015, Franck Cammas , skipper du défi français sur cette 35e Coupe de l'America, a failli perdre son pied droit en heurtant le safran de son bateau (GC32, catamaran à foils de 10 m de long). Il est tombé à l'eau après avoir été déséquilibré lors d'une man?uvre et s'en est sorti avec une double fracture tibia-péroné.
"Le pire évidemment est de se faire prendre par le safran, rappelle Franck Cammas . Quand on tombe, il faut tomber le plus loin possible. Si on rencontre un truc, on se prend un mur".
Deux membres de l'équipe française présents aux Bermudes sont passés par dessus bord en changeant de côté, raconte Cammas.
Tout le monde a en mémoire le tragique accident qui a coûté la vie à Andrew Simpson , surnommé "Bart", lors d'un entraînement en mai 2013 dans le cadre de la 34e Coupe de l'America à San Francisco.
Le marin britannique de l'équipe suédoise Artemis a été piégé sous le bateau après un chavirage.
"Après l'accident de Bart, on a monté une cellule psychologique, il y a des gars qui ne sont pas remontés sur le bateau derrière", se souvient Philippe Presti . Le bateau s'était cassé, lui était coincé, et il avait déjà tapé la tête contre l'aile, il a fallu 10 minutes pour le retrouver".