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© AFP/OLIVIER BLANCHET
Le skipper de Macif François Gabart lors de son arrivée en vainqueur du Vendée Globe 2012/2013, le 27 janvier 2013 aux Sables d'Olonne
Esprit d'aventure, es-tu là? Alors que les exigences de communication ne cessent de s'accentuer pour les skippers et que les règles de sécurité se renforcent, la part de rêve et de mystère que véhiculait la course à ses débuts s'atténue, selon certains observateurs.
"Idée folle" émaillée par des drames lors des premières éditions, le tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance est devenu en 27 ans une course bien plus encadrée, qui poursuit une "stratégie d'exposition maximale des images", selon ses organisateurs.
"Lors de la première édition, en 1989, on n'était pas sûr que les skippers allaient revenir, on était dans l'aventure pure", témoigne la navigatrice Isabelle Autissier .
Aujourd'hui, les organisateurs connaissent la position des skippers toutes les 20 minutes et les suivent "comme si c'étaient leurs enfants", assure l'agence de communication de la course.
"On est loin des transats d'Éric Tabarly, dont on avait perdu la trace et qui arrivait dans la brume", confie à l'AFP Jacques Caraës, directeur de course du Vendée Globe. Lors de la dernière édition, François Gabart et Armel Le Cléac'h se sont ainsi longtemps talonnés pour arriver avec seulement trois heures d'écart l'un de l'autre.
Si la direction de course "divulgue beaucoup plus d'informations qu'avant", notamment sur la météo, l'esprit de la course n'a pourtant "pas changé", affirme Jacques Caraës.
"Tout le monde ne vient pas pour faire un podium. Ce qui fait le charme de cette course, c'est qu'il y a un mélange de très hauts régatiers et d'aventuriers qui veulent avant tout boucler leur tour du monde", souligne-t-il.
Ce n'est pas tout à fait l'avis d' Isabelle Autissier , pour qui les courses vont au contraire vers une plus grande professionnalisation. "Aujourd'hui, le but n'est pas de faire un tour du monde qu'on a déjà fait plein de fois, mais de le gagner, même si cela reste compliqué et incertain", commente-t-elle.
- De l'aventure à la régate -
La preuve en est, selon la navigatrice, qu'"aujourd'hui, quand un bateau a un problème, il s'arrête". "Nous, même si un bateau avait un problème, on finissait notre tour du monde".
Autre évolution de taille, l'inflation des obligations de communication des skippers. Vacations, vidéos, visioconférences et réseaux sociaux envahissent leur quotidien en mer. "L'équilibre qui avait été trouvé entre communication, sport et aventure personnelle est battu en brèche au bénéfice d'une communication +live+ à outrance", critique un observateur qui souhaite garder l'anonymat.
D'une vacation hebdomadaire, les régatiers sont passés à une tous les deux jours, voire une par jour. "Il y a une telle pression des sponsors qu'ils doivent envoyer des images en permanence. J'ai peur qu'on croule sous une avalanche d'informations et qu'on arrive à une banalisation, un désintérêt", confie Didier Ravon, journaliste à Voiles et Voiliers.
Après deux décès de skippers lors des premières éditions (le Britannique Nigel Burgess en 1992 et le Canadien Gery Roof en 1997), tout est mis en ?uvre aujourd'hui pour minimiser les risques. Cette année, une zone d'exclusion remplacera les "portes de glace" pour empêcher les skippers de s'aventurer trop près des glaces à la dérive.
"Cette zone, c'est un mur, tout le monde va longer le mur. Ce monde va vers une uniformité consternante sans comprendre que les vrais moteurs qui font les rêves sont patiemment détruits au profit d'une course en direct sur des machines", juge l'observateur, resté anonyme.
"Il faut vivre avec son temps", relativise de son côté le navigateur Alain Gautier , vainqueur de cette course en 1993. "On est dans un monde plus sécuritaire et s'il y a un mort, on sait que le Vendée Globe pourra être remis en cause". Reste que pour bon nombre de skippers interrogés, "énormément de choses" peuvent encore arriver.
"Même si le jeu est plus fermé, on peut encore se retrouver en pleine tempête et ne pas pouvoir en réchapper. Ça reste une aventure", confie pour sa part la navigatrice Isabelle Joschke.
Une grande championne en funboard avec 23 titres mondiaux entre 2008 et 2024 : 15 fois en freestyle, 3 fois en slalom et 3 fois en vagues. ... |