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© AFP/Mark Lloyd
Le défi français "Groupam"a skippé par Franck Cammas
lors d'une régate de la 35e Coupe de l'America au large des Bermudes, le 2 juin 2017
Faute de temps et d'argent, le défi français porté par Franck Cammas a été éliminé de la 35e Coupe de l'America. Fin de l'aventure ? La réponse est suspendue à la décision du principal sponsor alors que la prochaine édition pourrait avoir lieu en 2019.
"La décision de Groupama est évidemment déterminante pour la suite. C'est en ce moment que ça se joue. La Coupe est mal connue en France, la pompe est amorcée mais il faut poursuivre l'effort", reconnait Franck Cammas , skipper de Groupama Team France, bateau tricolore engagé dans la compétition aux Bermudes, plus de 10 ans après la dernière participation d'une flotte française, avec Areva Challenge en 2003.
Dix ans d'attente et d'échecs dans les montages financiers. Franck Cammas , associé à Michel Desjoyeaux et Olivier de Kersauzon, a lui en partie réussi. En juin 2015, Groupama, qui l'accompagne depuis 20 ans, entre comme partenaire titre dans un projet évalué à 30 millions d'euros, soit trois fois moins que les cinq autres équipes engagées aux Bermudes.
Les Bleus foncent, sans avoir la totalité de leur financement, avec une équipe de 70 personnes, dont plusieurs sont au four et au moulin. Entrer dans la Coupe deux ans avant est un pari risqué quand les adversaires sont déjà impliqués depuis 2 ans. Le développement du bateau est restreint.
- Faible intérêt en France -
"On ne peut pas réécrire la même histoire, c'est trop ric-rac dans tout. En F1, il y a des équipes qui arrivent avec des petits budgets, ils dorment et mangent dans leur caravane. Mais au bout du compte, ils n'y arrivent pas et ils se font racheter", déclare à l'AFP, Bruno Dubois, team manager du défi français.
"Le problème de la France, c'est que l'on démarre sans avoir le financement total. On a un problème de temps et pour le régler, il ne faut pas en perdre donc il faut qu'on démarre tout de suite, en juillet. C'est clair que Groupama c'est une épée au-dessus de notre tête", poursuit-il évoquant la décision que la société d'assurance mutuelle française réserve pour après la désignation du vainqueur de la 35e Coupe, fin juin.
"On verra en fonction de notre bilan et du format de la prochaine édition si on reste aux côtés de Franck (Cammas) et selon quelles modalités", indique Sylvain Burel, en charge du sponsoring chez Groupama, qui déplore "la trop faible médiatisation en France par rapport à d'autres pays".
Groupama avait déjà hésité à entrer dans l'aventure, refusant dans un premier temps quand les bateaux devaient être des 62 pieds, trop coûteux. La décision des Américains d'Oracle, organisateurs de la 35e Coupe en tant que defender, de descendre à 50 pieds pour attirer davantage d'équipes, a fini de convaincre Groupama.
Au delà de la taille des bateaux, Oracle a, chose inédite, déjà entériné un format et une date pour la 36e Coupe (2019) de concert avec la majorité des challengers, à l'exception notable de Emirates Team New Zealand.
- Incertitude -
Si Oracle conserve la Coupe fin juin, l'affaire est donc entendue. Si l'Aiguière d'argent est remportée par les Kiwis, tout peut être remis en question, de la taille des bateaux, à la date, au format, etc.
"Si Oracle gagne, c'est plus simple, on connait mieux l'avenir", reconnaît Franck Cammas . "Si c'est Team New Zealand, on espère qu'ils poursuivront dans la même voie".
La survie du défi français est donc en suspens, même si l'un de ses partenaires, Norauto, s'est engagé sur deux campagnes à hauteur de 5 millions d'euros.
"Mon modèle idéal serait d'avoir un consortium d'entreprises technologiques pour nous aider dans un domaine bien particulier, comme Airbus, et un propriétaire privé qui met énormément d'affect et avec qui il ne faut pas passer devant les actionnaires", défend Bruno Dubois.
"C'est comme ça que les autres équipes fonctionnent, le mélange des deux n'est pas mal. Il faudrait arriver à convaincre un propriétaire, français ou étranger, on n'a pas besoin d'un milliardaire. Ce serait un modèle pérenne, on pourrait se projeter sur le long terme, on peut créer des emplois dans la filière des jeunes marins mais aussi des ingénieurs français".
L'expertise +à la française+ est internationalement reconnue. Trente-six Français travaillent dans les cinq autres équipes de la 35e Coupe.