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© AFP/Philippe Desmazes
L'Américaine, née Russe, Tatyana McFadden lors de la finale du 200 m, catégorie T54, aux Mondiaux handisport d'athlétisme à Lyon, le 21 juillet 2013
Tatyana McFadden, paraplégique sauvée d'un orphelinat russe et adoptée par une Américaine, n'est pas seulement la femme la plus rapide du monde en fauteuil roulant, mais se démarque aussi en dehors des stades, pour défendre les droits des handicapés.
Aux Championnats du monde d'athlétisme handisport qui se termineront dimanche à Vénissieux, près de Lyon, elle est déjà auréolée de trois médailles d'or sur les quatre qu'elle vise (200m, 800m, 5000m, catégorie T54). Ne lui manque que celle du 400 m, qu'elle aura l'opportunité de remporter samedi.
Quelques secondes après le départ, la sprinteuse de 24 ans qui porte depuis son adoption les couleurs américaines, dossard rouge, tête baissée, devance largement ses adversaires.
Surnommée "la brute" par ses amies, la championne qui a en passant battu le record du monde du 800 m (en 1:44.44) paraît indestructible. Sourire éclatant, épaules de nageuse bronzées, Tatyana semble insensible à la canicule qui pèse sur le Stade du Rhône.
"Elle est incroyablement forte, elle est entraînée à travailler très dur", commente son entraîneur, Adam Bleakney, joint par l'AFP par téléphone.
Tatyana, amoureuse de vitesse, adore le sprint, mais elle excelle aussi au marathon. Elle a notamment gagné le dernier Marathon de Boston, dédiant sur son site personnel (www.tatyanamcfadden.com) sa victoire aux victimes des attentats.
En appui sur les mains
Son secret? "La confiance et le travail", répond sans hésiter la jeune femme aux taches de rousseur et aux cheveux auburn.
"Dans mon passé, j'ai mené le plus grand combat de ma vie, le pire m'est déjà arrivé et ça me rend plus forte", confie-t-elle. Le "pire", c'est sa petite enfance dans un orphelinat de Saint-Pétersbourg où, malgré un spina bifida (absence de fermeture postérieure du canal osseux) qui l'empêche de marcher, on la laisse sans fauteuil.
La fillette apprend à se déplacer en appui sur les mains, jusqu'à ses 6 ans, quand elle rencontre la femme qui va changer sa vie: Deborah McFadden, commissaire au handicap pour le ministère de la Santé américain.
Deborah adopte Tatyana, et l'emmène aux Etats-Unis, dans le Maryland. "J'ai été tellement malade, tellement faible, l'arrivée aux Etats-Unis m'a sauvée, j'ai une famille adoptive, des amis, et le sport", raconte Tatyana.
C'est avant tout pour lutter contre la maladie que sa mère adoptive l'inscrit dans des programmes de sport, à commencer par la natation. Tatyana y prend goût.
En 2004, à 15 ans, elle est la plus jeune athlète à participer aux jeux Paralympiques d'Athènes. De retour de Grèce avec deux médailles, la lycéenne découvre avec stupeur qu'elle ne peut rejoindre l'équipe d'athlétisme de son lycée.
L'adolescente se voit mise à l'écart du groupe des valides, et même privée d'uniforme pour la course. Epaulée par sa famille, elle poursuit alors l'Etat du Maryland en justice pour demander l'égal accès des handicapés au sport à l'école. "Tout ce que je voulais c'était participer aux courses", insiste-t-elle.
La "loi de Tatyana"
Après quatre ans de procédure, la "loi de Tatyana", comme elle est surnommée, est adoptée par le Maryland en 2008, puis au niveau fédéral en 2013. Elle autorise tous les étudiants handicapés à participer à des événements sportifs aux côtés des valides.
Sa petite soeur Hannah, 17 ans, adoptée en Albanie et amputée d'une jambe, a déjà pu profiter des combats menés par son aînée: "au lycée, on me réclame dans l'équipe d'athlétisme!".
Aujourd'hui étudiante en "développement humain" dans l'Illinois, Tatyana rêve de "travailler dans un hôpital pour enfants", où elle souhaite "aider les patients et leurs familles dans une approche combinant anatomie et psychologie".