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Les coureurs du marathon de Pyongyang devant le square Kim Il-Sung, le 9 avril 2017
Plusieurs centaines d'étrangers ont sillonné dimanche les rues de la capitale nord-coréenne à l'occasion du marathon de Pyongyang, une expérience unique dans un des pays les plus isolés au monde.
Le stade Kim Il-Sung, qui peut contenir 40.000 spectateurs, était plein à craquer, applaudissant à tout rompre les participants bouclant cette course qui est probablement l'événement touristique international le plus important de la Corée du Nord.
Elle s'inscrit cette année dans le cadre des célébrations du 105e anniversaire, le 15 avril, de la naissance de Kim Il-Sung, le père fondateur du régime. D'où la présence de nombreux dignitaires dans la tribune d'honneur.
Au total, près de 2.000 coureurs ont participé à la course, dont plus de la moitié d'étrangers.
"C'est surréel de se trouver ici", confie Richie Leahy, un Irlandais de 35 ans, qui aime que ses vacances soient "plutôt une aventure".
"Je coche une case de plus", sourit-il. "J'ai participé à une compétition sportive à Pyongyang. Tout le monde ne peut en dire autant!"
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Les participants au marathon de Pyongyang saluent les spectateurs le 9 avril 2017
Sur le parcours, qui visite de nombreux sites emblématiques de la capitale, les portraits et statue de Kim Il-Sung et de son fils Kim Jong-Il -ancien leader nord-coréen et père de l'actuel dirigeant Kim Jong-Un- sont omniprésents.
"Les grands leaders Kim Il-Sung et Kim Jong-Il seront toujours avec nous", confirme une obélisque que les marathoniens doublent au début de la course.
- 'Etre près des gens' -
"C'était assez impressionnant", a déclaré à l'AFP Kilian LePors-Ebner, un juriste parisien de 26 ans qui a participé avec un ami au semi-marathon.
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Les conccurents du marathon de Pyongyang le 9 avril 2017 dans une rue de la ville
"Les gens étaient massés sur les bords. Ils étaient tous là à nous dire bonjour, à nous taper dans les mains, à nous encourager."
Les rencontres spontanées avec la population nord-coréenne sont rares lors des visites d'étrangers, d'où l'enthousiasme des coureurs qui multiplient les "high-five" avec le public.
"Etre près des gens, les toucher, c'est quelque chose", explique Soleiman Dias, employé d'une école de Fortaleza, au Brésil, pour qui ce marathon est "l'expérience d'une vie".
Tamara Bedford, une artiste américaine, ajoute: "Qu'il y ait autant de monde à nous encourager, c'est vraiment un honneur."
"Le portrait du pays que font les médias étrangers est différent de la réalité", poursuit-elle.
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Les amateurs étrangers se rassemblent avant le début du marathon de Pyongyang le 9 avril 2017
Certains à l'étranger critiquent le principe du tourisme en Corée du Nord, d'une part parce qu'il serait une source de devises étrangères pour le Nord, et d'autre part parce qu'il encouragerait selon eux un régime accusé de violations massives des droits de l'Homme.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté toute une série de sanctions pour tenter de contraindre Pyongyang à renoncer à ses programmes nucléaire et balistique interdits.
Ces mesures visent notamment à tarir les sources de devises étrangères du régime. Mais elles n'interdisent pas le tourisme.
Le département d'Etat, lui, exhorte fortement ses ressortissants à ne pas se rendre en Corée du Nord.
- 'Ils voient qu'on sourit' -
Nick Bonner, directeur de Koryo Tours, agence de voyage qui a l'exclusivité sur les voyages des Européens et autres Occidentaux pour le marathon, estime que, sans compter les Chinois, environ 5.000 touristes étrangers visitent chaque année la Corée du Nord.
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Une femme regarde le marathon de Pyongyang depuis son immeuble le 9 avril 2017
Cela signifie que le marathon seul accueille un cinquième des touristes visitant chaque année la Corée du Nord.
Une partie de l'argent dépensé par les touristes étrangers atterrit effectivement dans les caisses de l'Etat, reconnaît-il.
Mais "si vous ne comptez que sur ça pour faire tourner un pays, vous n'irez pas loin", poursuit-il en expliquant que la population nord-coréenne est demandeuse d'échanges.
Kilian LePors-Ebner est également convaincu que la venue d'étrangers est bénéfique pour la population nord-coréenne.
En temps normal, dit-il, "ils nous voient au travers de la télévision qui peut effectivement avoir des aspects de propagande."
"En nous voyant en vrai, ils voient qu'on n'est pas forcément des méchants, qu'on est sympa, qu'on sourit", explique-t-il.
"Peut-être qu'en venant dans le pays, on fait plus qu'en restant chez nous à dire +c'est pas bien ce qu'ils font+".
La course a été remportée chez les hommes par le Nord-Coréen Pak Chol (2h 13 min 56 sec) et chez les femmes par sa compatriote Jo Un-Ok (2h 29 min 23 sec).