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© AFP/BORIS HORVAT
Le perchiste Renaud Lavillenie
lors du DécaNation, le 13 septembre 2016 à Marseille
Alors que sa rentrée est retardée en raison d'une blessure à la cuisse gauche, le recordman du monde du saut à la perche Renaud Lavillenie a fait le point vendredi avec l'AFP sur ses objectifs de la saison, estimant ne pas avoir "à remettre les points sur les i" après son échec aux JO de Rio (argent).
Q: Votre rentrée a été différée en raison d'une blessure à la cuisse gauche. Où en êtes-vous physiquement et où en est votre préparation?
R: "A l'heure actuelle, ça ne va pas trop mal. Je ne peux toujours pas sauter ou mettre toute l'intensité que je veux dans les courses, mais ça ne m'empêche pas de courir à faible intensité et de faire des exercices. On s'adapte énormément et dès que j'ai la moindre douleur, on passe à un autre exercice mais ça ne m'empêche pas de travailler et de garder la forme. Le but est d'arriver dans les dix jours à venir à soigner au maximum le quadriceps et le renforcer pour pouvoir faire des séances de sprint à fond d'ici huit-dix jours. J'espère que d'ici un mois, tout sera derrière moi."
Q: Il n'y a donc pas trop d'inquiétudes...
R: "Non. C'est un contre-temps mais le sport de haut niveau est fait de contre-temps. C'est très très rare les saisons où tout se déroule de A à Z sans aucun problème. Cela fait partie du jeu. Ce n'est pas comme si j'avais dû repousser ma rentrée à fin février. Là, on aurait pu se poser des questions. Mais j'aurai, si tout se passe bien, six compétitions jusqu'aux Championnats d'Europe indoor (3-5 mars à Belgrade, ndlr). J'ai suffisamment de temps et d'expérience pour me préparer."
Q: Quels sont vos objectifs cette saison?
R: "Pour l'instant, tout est axé sur les "Europe" en salle. J'en ai gagné 4 d'affilée et en gagner un 5e, ça n'a jamais été fait. De toutes façons, je n'ai pas de besoin de ça pour me motiver. J'aime les compétitions et les championnats. Je trouverais ça indécent de dénigrer un championnat d'Europe en salle alors qu'à la perche on est très très proche du niveau mondial. Il faut se battre aussi dur pour aller chercher un titre olympique qu'un titre de champion d'Europe."
Q: Le grand rendez-vous aura quand même lieu cet été à Londres avec les Mondiaux, seul titre qui manque à votre palmarès...
R: "Pour moi, la saison en salle a toujours été un moyen de préparer la saison en extérieur. Mais il n'y a pas de surmotivation ou de surpression pour Londres. Juste l'envie de donner le maximum et de donner le meilleur."
Q: Après la déception des JO et votre médaille d'argent, vous serez très attendu. Y voyez-vous l'occasion de remettre les points sur les i?
R: "Non. Je n'ai pas besoin de remettre les points sur les i. L'été dernier, j'ai gagné ma 2e médaille olympique. On ne peut pas toujours être au top et d'être N.1. J'ai la chance aussi d'avoir de la concurrence et parfois il faut perdre pour regagner derrière. J'espère ramener la belle médaille mais déjà ramener une médaille et être sur un podium international, c'est quelque chose de très très important. La différence entre une médaille d'or et d'argent ne tient parfois qu'à quelques centimètres ou un essai raté."
Q: La déception des Jeux est donc digérée?
R: "Elle ne sera jamais digérée mais après il faut savoir faire avec. Si chaque fois que je ne gagne pas, je ne le digère pas, j'aurais de gros problèmes. La défaite fait partie du sport, on ne peut pas gagner tout le temps. Et ce n'est pas comme si j'avais terminé dernier. Pendant les 3/4 du concours, j'étais en tête."
Q: Où en est l'organisation du "All Star Perche" à Clermont-Ferrand et quid de la participation de Thiago Braz, votre bourreau à Rio?
R: "L'année dernière on avait fait le plus gros parce que c'était la première organisation. On a la chance de repartir sur les mêmes bases et de juste ajuster les choses. Les athlètes annoncés il y a deux semaines sont toujours actés mais on continue de travailler sur d'autres pour compléter les concours. Le cas Thiago Braz n'est pas fermé. J'ai lancé une invitation il y a deux semaines et je n'ai toujours pas eu de réponse. Ce n'est pas de ma faute. Je me fais un peu taper sur les doigts et je passe pour un mauvais garçon alors que je n'y suis pour rien. Mais une chose est sûre: je ne vais pas supplier les gens pour venir. Je ne suis pas du tout inquiet. J'ai déjà un plateau hommes et femmes qui tient la route."
Propos recueillis par Keyvan NARAGHI