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© AFP/Thibaud MORITZ
Le décathlonien français Kevin Mayer
lors des Championnats de France en salle, le 18 février 2017 à Bordeaux
Avant de se lancer samedi dans l'heptathlon des Championnats d'Europe en salle, le vice-champion olympique français Kevin Mayer a évoqué jeudi le changement radical opéré dans sa vie et sa carrière par son formidable exploit des JO de Rio.
Question: Comment gérez-vous votre nouveau statut de leader des Bleus dans cet Euro, en l'absence des 5 autres médaillés des Jeux de 2016?
Réponse: "Je n'ai pas vu de différence. Il n'y a pas de leader, tout le monde s'entend et apporte sa petite pierre à l'édifice, ça fait une belle équipe de France. C'est génial. J'ai le statut de favori mais un statut ne fait pas trop la compétition, surtout en décathlon ou en heptathlon."
Q: La retraite du double champion olympique Ashton Eaton fait tout de même de vous désormais le N.1 mondial virtuel. Cela n'ajoute-t-il pas de la pression?
R: "J'ai eu une petite période de mou parce que je trouvais ça dommage qu'il ne soit plus là et ça m'a un peu déstabilisé. Je voulais faire les Championnats du monde (du 4 au 13 août à Londres, ndlr) avec lui. Mais j'ai l'habitude d'avoir ce statut depuis que je suis jeune, ça ne change rien pour moi. Quand on se met dans les starts pour un décathlon ou un heptathlon, toutes les pendules sont remises à zéro et il faut savoir se gérer pendant deux jours. Ashton était favori et gagnait tout le temps mais ça sera beaucoup plus serré et je ne me mets pas l'étiquette de favori."
Q: Vous êtes maintenant la cible de vos adversaires après avoir été le chasseur. Comment le vivez-vous?
R: "Le décathlon demande à se dépasser, on ne peut pas se reposer sur ses lauriers. Le statut de favori dans ce sport est très vague."
Q: Qu'est qu'a changé votre médaille d'argent aux JO?
R: "Etre serein, réussir à avoir des partenaires qui font que j'ai un apport financier durable et que je peux m'entraîner sans penser à faire des études, à assurer mon après-carrière. Grâce aux Jeux, j'ai eu tout ça. Pendant huit ans, je suis tranquille. Là, je suis serein. Avant les Jeux, je n'étais absolument pas serein, j'étais sur la sellette. Et si je n'avais rien fait aux Jeux, ça aurait peut-être été la fin de ma carrière. Cette médaille olympique permet d'avoir un avenir beaucoup plus clair. Je suis totalement chanceux. Je me demande comment j'ai réussi, avec autant de pression, à tout enchaîner comme ça. Je me refais ce décathlon dans ma tête et je me dis que ça aurait pu foirer à tellement de moments et changer toute ma vie. Mais ça a été le meilleur des scénarios qui m'a amené à une vie que j'adore. Je vis de ma passion et c'est exceptionnel."
Q: Vous êtes très actif sur les réseaux sociaux et vous intervenez en tant que consultant sur RMC et SFR sport. Comment gérez-vous votre nouvelle notoriété et votre image depuis les Jeux?
R: "Je ne change rien, je m'occupe de tout ça de manière détachée. L'important, c'est d'avoir un entourage très sain. C'est bien les réseaux sociaux et les médias mais je sais que quand je ne serai plus rien, ils ne seront plus là. Je fais ça pour apporter quelque chose au décathlon et à moi-même mais avec beaucoup de détachement parce que ce sont des choses très futiles dans la vie."
Propos recueillis en point-presse