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Les Jeux de Rio à peine débutés, les vieux démons de l'athlétisme kényan ont ressurgi sous la forme d'allégations, qualifiées de "douteuses" par Nairobi, visant le manager de l'équipe nationale olympique, accusé d'avoir réclamé un pot-de-vin en échange d'informations sur des tests antidopage.
"Nous allons lancer des enquêtes pour découvrir la vérité", a déclaré à l'AFP le président de l'Agence kényane antidopage (ADAK) Japhter Rugut, en référence aux accusations du journal britannique Sunday Times et de la télévision allemande ARD, dont des journalistes ont piégé M. Rotich en se faisant passer pour un coach et un agent d'athlète.
Lors d'une séquence filmée en caméra cachée début 2016, M. Rotich demande 10.000 livres (11.800 euros) à ses interlocuteurs pour les prévenir de l'imminence de tests antidopage, un nouveau coup dur pour l'athlétisme kényan, affaibli depuis plusieurs mois par de nombreuses accusations de dopage.
L'enquête sur M. Rotich a notamment été menée par le journaliste de l'ARD Hajo Seppelt, à l'origine des révélations sur le dopage d'Etat en Russie.
Mais le ministre kényan des Sports a tiré à boulets rouges sur les journalistes. "C'est décourageant de voir que cette histoire, dont la véracité est douteuse, est publiée au plus mauvais moment, alors même que nos olympiens se préparent à concourir", a-t-il lancé dans un communiqué.
Le ministre a en outre dit se demander pourquoi "le Sunday Times a dissimulé pendant aussi longtemps ces informations aux autorités kényanes compétentes", se référant au fait que les rencontres des journalistes avec M. Rotich ont eu lieu début 2016.
Début juillet, l'ARD avait déjà affirmé que le dopage des athlètes se poursuivait au Kenya malgré les assurances des autorités du pays et les mesures prises pour se conformer aux normes de l'Agence mondiale antidopage (AMA).
"Au vu des informations collectées jusqu'à présent, nous avons des raisons de penser que les deux publications aient poussé des individus sans scrupules à falsifier des documents et des informations au sujet du dopage parmi les athlètes kényans et internationaux", a accusé le ministre Wario.
- 'Il aime l'argent' -
Dans l'intervalle, le Comité olympique kényan aurait demandé à M. Rotich de quitter Rio, a indiqué le porte-parole du Comité international olympique (CIO) Mark Adams, lors d'un point presse à Rio: "Sa présence pourrait déconcentrer, ce sont des accusations très graves".
"En ce qui concerne l'enquête, c'est une question qui relève de l'AMA", a-t-il précisé, ajoutant que les athlètes kényans avaient été contrôlés 848 fois sur les deux dernières années. "L'équipe du Kenya est probablement la plus contrôlée", a-t-il encore ajouté.
La rencontre avec M. Rotich avait été suggérée aux reporters par un certain Joseph Mwangi, un des trois experts médicaux arrêtés il y a quelques mois après une précédente enquête des deux mêmes médias.
"Il aime l'argent. Si vous connaissez la faiblesse de quelqu'un, c'est plus facile de travailler avec lui", aurait déclaré M. Mwangi, qui avait accepté de procurer de l'EPO aux faux coach et agent.
Lors d'un rendez-vous, Michael Rotich aurait expliqué à ses interlocuteurs comment faire pour que les athlètes évitent les contrôles antidopage. Lors d'un autre rendez-vous, il aurait évoqué directement la question financière, promettant de prévenir de l'imminence d'un test 12 heures minimum avant celui-ci, et conseillant quelques astuces pour échapper au contrôle.
Après avoir été confronté par le Sunday Times, M. Rotich aurait assuré avoir proposé l'argent pour enquêter sur ses interlocuteurs.
Une quarantaine d'athlètes kényans ont été impliqués dans des affaires de dopage au cours des trois dernières années. L'AMA n'a décidé que vendredi de retirer le Kenya de la liste des pays "non conformes" et ce, suite à l'adoption d'une nouvelle loi antidopage que le pays est-africain a dû réviser dans l'urgence à plusieurs reprises.
Le Kenya est mondialement renommé pour ses coureurs de demi-fond, de fond et ses marathoniens, qui font la fierté du pays.