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© AFP/DAMIEN MEYER
Frankie Fredericks
célèbre son or sur 200 m aux Jeux du Commonwealth, le 29 juillet 2002 à Manchester
Ses médailles olympiques en ont fait le héros de toute la Namibie. Mais l'image de Frankie Fredericks , champion du sprint africain des années 1990, est aujourd'hui ternie par de lourds soupçons de corruption dans l'attribution des derniers JO de Rio.
Selon les révélations du Monde, l'ancien athlète, aujourd'hui âgé de 49 ans, a touché près de 300.000 dollars en 2009, le jour où le Comité international olympique (CIO) a offert les Jeux de 2016 à la mégapole brésilienne.
Dans la foulée de ces révélations, Fredericks a démissionné de la Commission d'évaluation des JO-2024 dont il était le président.
Le Namibien a farouchement nié avoir touché de quelconques pots-de-vin et assuré que l'argent perçu était conforme "à un contrat" qui n'avait "rien à voir avec les jeux Olympiques".
N'empêche. Cette affaire est venue noircir le parcours jusque-là sans tache de la plus grande vedette namibienne.
"Je suis plutôt choqué. Il aurait pu tricher en tant qu'athlète mais il ne l'avait jamais fait. Il m'avait dit un jour qu'il ne voulait pas jeter le discrédit sur la Namibie, sa famille et sa propre réputation", réagit à l'AFP Conrad Angula, un journaliste sportif namibien.
Né en 1967 à Katutura, un township pauvre de Windhoek, la capitale namibienne, Frankie Fredericks s'envole à 20 ans pour les États-Unis et l'université de Brigham qui lui octroie une bourse.
Sa carrière mondiale décolle en 1990, lorsque son pays obtient son indépendance de l'Afrique du Sud de l'apartheid, alors bannie des compétitions internationales.
Un an plus tard, il décroche l'argent sur 200 m aux Mondiaux d'athlétisme de Tokyo.
Mais c'est aux jeux Olympiques que Frankie Fredericks devient une véritable star des pistes.
- Argent olympique -
A Barcelone d'abord, où il obtient en 1992 deux médailles d'argent sur 100 et 200 m. A Atlanta, quatre ans plus tard, il récidive sur les deux distances. Il est devancé par Donovan Bailey et Michael Johnson mais établit au passage un record d'Afrique du demi-tour de piste (19.68s) qui tient toujours.
?C'était l'hystérie totale dans le pays après ses médailles. Les gens fêtaient ça dans la rue, dans leurs maisons, ils klaxonnaient et hurlaient le nom de Frankie", se souvient Conrad Angula.
Entretemps, Fredericks signe son plus grand succès en remportant le titre mondial sur 200 m en 1993 à Stuttgart, où il se paie le luxe de battre la légende Carl Lewis , troisième.
"Il a toujours montré que, malgré tout ce qu'il a accompli, il restait respectueux de la Namibie. Il a reçu des offres juteuses pour courir sous d'autres drapeaux mais il est resté loyal à son pays", souligne Conrad Angula.
"J'avais beaucoup de pression en courant pour mon pays, mon peuple. Mais maintenant c'est fini. Les gens sont conscients de ce que j'ai réalisé", confiait fièrement le sprinteur dans un entretien accordé au quotidien Namibian en 1998.
Auréolé de deux nouvelles breloques en argent aux Mondiaux 1995 et 1997, toujours sur 200 m, Fredericks quitte les tartans en 2004 pour embrasser une carrière dans l'immobilier dans la capitale namibienne, où une rue porte son nom.
En bons termes avec le gouvernement namibien, son groupe a récemment obtenu un vaste terrain à Windhoek, où il prévoit de construire des appartements de luxe et un terrain de golf.
Outre le business immobilier, Frankie Fredericks a créé en 1999 une fondation à son nom pour aider de jeunes athlètes namibiens.
Depuis sa retraite, Fredericks occupe plusieurs fonctions au sein de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), de la Fédération namibienne ou du CIO. C'est dans ces dernières fonctions que sa seconde carrière va dérailler.
Selon Le Monde, les 300.000 dollars qu'il a touchés proviennent de la société du sulfureux Papa Massata Diack, fils de l'ex-président de l'IAAF Lamine Diak.
Tous deux font l'objet d'une enquête judiciaire en France, qui a déjà débouché sur la mise en examen du père.