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L'un tutoie les étoiles quand l'autre vouvoie encore les minima: les trajectoires se croisent sur 100 m pour Jimmy Vicaut et Christophe Lemaitre , les deux stars du sprint français qui s'affrontent samedi à Angers sur la distance, à l'occasion des championnats de France.
Cela fait huit mois que les deux hommes ne se sont plus mesurés l'un à l'autre sur 100 m, comme un signe du temps qui passe et du gouffre qui s'est sportivement creusé entre les deux hommes.
C'était à Berlin, en septembre 2015, et en toute fin de saison Lemaitre avaiit battu Vicaut au terme d'une course médiocre (3e et 4e de l'épreuve en 10.19 contre 10.21).
Une victoire pour du beurre, et en trompe l'oeil car le reste de la saison, Vicaut avait clairement pris l'ascendant sur Lemaitre à l'image de son titre de champion de France (9.92 contre 10.07) à Villeneuve d'Ascq, dernière confrontation digne de ce nom.
"Il n'y aura pas photo", prévient d'ailleurs avec le recul de ses 76 ans Pierre Carraz, entraîneur de toujours de Lemaitre. "Il a besoin de courir, ça va le réveiller".
Il y a quatre ans, le Stade du Lac de Maine d'Angers avait déjà attiré les deux meilleurs sprinteurs de l'histoire récente de l'athlétisme français pour des championnats de France. C'était en 2012 donc, à quelques encablures des jeux Olympiques de Londres. Lemaitre était alors le maître que Vicaut commençait seulement à titiller.
Poussé par un vent trop généreux (+2,6 m/s), le Savoyard avait largement conservé son titre national avec à la clé un chrono de 9 sec 94/100. A deux centièmes de ce qui était alors le (et son) record de France (9.92 en 2011 à Albi).
Quatre ans plus tard, le vent a balayé ces chronos et tourné en faveur de Vicaut de deux ans le cadet (24 ans contre 26).
- A la recherche de minima... -
Pendant que Vicaut égalait par deux fois le record d'Europe pour porter le record de France à 9 sec 86/100, Lemaitre lui a semblé figé dans le temps, incapable de retrouver son niveau chronométrique de 2011, son année référence.
Son entraîneur Pierre Carraz le répète à foison: "C'est lors du grand évènement qu'il faudra juger de sa saison". Six semaines. C'est ce qu'il reste à Lemaitre pour continuer sa progression jusqu'aux JO.
Pour le moment, il ne peut pas prétendre à disputer le 100 m des JO, puisqu'il n'a pas encore réalisé les minima. Il culmine actuellement à 10 sec 14/100, alors qu'on lui demande de faire 10 sec 09/100 ou moins.
Il n'est plus descendu sous les 10 secondes depuis trois ans, le 9 juin 2013 et une course à Rabat (9.98).
Dans le même laps de temps, Vicaut est lui descendu 14 fois sous cette barre symbolique.
Le protégé de Guy Ontanon a renforcé sa musculature profonde, ces fibres musculaires qui ont longtemps fait du pensionnaire de l'Insep et du CA Montreuil un pur sang cantonné à l'écurie.
Sa plus grande déception reste encore la finale des Championnats d'Europe de Zürich en 2014. Contraint de déclarer forfait sur blessure avant la finale alors que le titre lui tendait les bras.
Dimanche, Vicaut visera également les minima olympiques (20 sec 30) sur 200 m, distance sur laquelle il est loin d'avoir montré sa réelle force.
"Ce n'est pas facile avec quatre courses entre samedi et dimanche. Mais c'est bien aussi de se mettre dans cette configuration en vue des Jeux", avance son entraîneur Guy Ontanon.
Il n'est pas sûr d'y retrouver Lemaitre, champion de France de la discipline sans discontinuer depuis 2010.
Quatre ans après Angers-2012, Angers-2016 devrait pourtant confirmer le virage pris par Christophe Lemaitre , celui qui le mène avec insistance vers le 200 m plutôt que le 100 m.