Happy Birthday : |
© AFP/Jewel SAMAD
Un portrait du sprinter Usain Bolt
peint sur la façade de son ancienne école élémentaire de Waldensia à Sherwood Content, le 7 juin 2017
Un village reculé, poussiéreux et montagneux au nord de Kingston: c'est le cadre rugueux et guère hospitalier de Sherwood Content qui a vu naître il y a 30 ans la légende jamaïcaine du sprint Usain Bolt .
Un paysage austère qui a forgé le caractère du plus grand athlète de tous les temps, futur retraité à la fin de la saison.
Pour arriver là où tout a débuté pour "La Foudre", il faut emprunter une route nouvellement bâtie au nord de Kingston, bordée par l'océan, puis se frayer un chemin à travers collines et forêt tropicale. Au bout de 110 km d'un parcours sinueux et chaotique, aucun risque de se tromper: le visiteur est accueilli par une inscription sur une pierre blanche à la gloire du héros local, celui qui a révolutionné sa discipline par ses chronos supersoniques, sa +cool attitude+ et son goût pour le show.
Pas de panneaux de circulation, des chèvres et des vaches errent librement: les locaux en sont persuadés, les exploits de leur plus illustre ambassadeur trouvent forcément leurs racines dans cet environnement rude et âpre.
"Il était déjà énergique et très grand pour son âge", se souvient pour l'AFP Sheron Seivwright, un ancien professeur qui garde toujours en mémoire les premiers pas de l'octuple champion olympique au Piedmont Basic School.
"On organisait des courses et il pleurait quand les autres le dominaient", se rappelle encore l'ancien maître du recordman du monde du 100 m (9 sec 58) et du 200 m (19 sec 19), qui fera ses adieux à la piste dans son pays samedi lors d'un meeting organisé dans la capitale, moins de deux mois avant son ultime grand rendez-vous aux Mondiaux de Londres (4-13 août).
- 'Du mercure dans la tête' -
© AFP/Jewel SAMAD
Wellesley Bolt, le père de la star Usain Bolt
, le 6 juin 2016 à Sherwood Content, en Jamaïque
Son père Wellesley, qui tenait une épicerie dans le village avec sa femme Jennifer avant de prendre sa retraite il y a un mois, s'est longtemps demandé comment gérer et canaliser l'énergie d'un enfant incapable de rester assis et à qui on ne donnait pas des ordres aussi facilement, n'hésitant pas l'envoyer consulter un médecin à 9 ans.
"Il avait du mercure dans la tête. Je ne pouvais pas le contrôler. Le docteur a diagnostiqué une hyperactivité", indique-t-il à l'AFP.
La course et le cricket, pratiqués à l'école, finiront par calmer le turbulent Usain qui a très tôt étalé un gros potentiel athlétique. A 15 ans, le futur champion avait déjà terminé sa croissance et affichait 1,98 m sous la toise, dominant largement ses camarades d'école.
Bolt fera ensuite la fierté du William Knibb High School où son portrait trône au-dessus du bureau de la directrice adjointe.
"On a vite décelé des signes et il ne nous a pas déçus", témoigne Lorna Jackson auprès de l'AFP.
- 'Un farceur' -
Outre des qualités hors normes de sprinteur, pointaient également déjà chez Bolt une propension à s'amuser et à prendre des largesses avec les séances d'entraînement, lui qui préférait le plus souvent martyriser ses copains aux jeux vidéo plutôt que de suer sur la piste.
"C'était un farceur, le genre à vous taper sur l'épaule par derrière et à demander ensuite: +Qui a fait ça?+. Il n'aimait pas s'entraîner et on a dû lui coller aux basques un entraîneur dont le boulot consistait à surveiller ses écarts éventuels et le tirer par le col en cas de besoin", selon Mme Jackson.
Difficile pourtant d'en vouloir à celui qui allait devenir le plus jeune champion du monde juniors à 15 ans, révélant ainsi des aptitudes hors-normes. De là à imaginer qu'il marquerait l'Histoire du sport ?
"Après les Mondiaux juniors, je lui ait dit: +il semblerait que tu aies du talent. Tu iras loin si tu t'entraînes dur+. Mais jamais je n'aurais pensé qu'il deviendrait l'homme le plus rapide du monde", avoue son père.