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Apparu au début des années 2000, le marché de la course en pleine nature (trail) continue à grimper en France et dans le monde, suscitant l'appétit des équipementiers et des territoires ruraux en quête de touristes.
Discipline quasi inconnue il y a quinze ans, la course sur sentiers attire aujourd'hui des foules sans cesse plus nombreuses, comme cette semaine à Chamonix où 7.500 coureurs venus de 87 pays participent à l'une des cinq courses de l'Ultra Trail du Mont-Blanc (UTMB) qui débute vendredi.
"Personne ne s'attendait à une telle évolution. Depuis dix ans, on se demande si l'on a atteint le sommet et chaque année ça progresse encore", commente Franco Fogliato, vice-président Europe de l'équipementier américain Columbia.
Le fabricant de vêtements de sports, basé dans l'Oregon (2,1 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2014), est depuis cette année le partenaire officiel de l'UTMB. "Quand l'occasion s'est présentée, ça nous a pris deux secondes pour accepter", explique M. Fogliato.
Le trail "permet de développer de nouveaux produits, de se diversifier", explique-t-il en estimant la progression du marché à plus de 10% par an en Europe.
Selon le magazine spécialisé Outdoor Experts, les ventes de chaussures de trail dans l'Hexagone ont encore progressé de 12% en 2014, avec un million de paires vendues.
Preuve que la tendance est loin de s'essouffler, de nouvelles marques se lancent chaque année et viennent présenter leurs produits au salon du trail de Chamonix, qui attire plus de 50.000 visiteurs durant la semaine de l'UTMB.
- Des amateurs 'un peu geek' -
Les coureurs de trail sont des consommateurs particulièrement intéressants, souligne Alexandre Autexier, responsable marketing opérationnel France chez le fabricant français de matériel d'escalade Petzl: "Ce sont des gens qui ont de l'argent, avec un côté un peu +geek+, qui veulent avoir la dernière montre ou la dernière lampe frontale qui sort".
Selon une enquête menée en 2013 auprès de plus de 2.000 pratiquants par le Think Tank Trail (TTT), la moitié des "traileurs" appartiennent aux CSP+ (dirigeants, cadres supérieur et moyen, professions libérales) et un cinquième d'entre eux ont des revenus supérieurs à 50.000 euros par an.
Outre les équipementiers, le trail fait aussi les affaires des spécialistes de la nutrition qui n'étaient pas moins de 19 à avoir loué un stand au salon du trail de Chamonix cette année.
"Tous les clignotants sont au vert pour que cette activité continue à se développer", souligne Olivier Bessy, sociologue du sport, du tourisme et des loisirs et professeur à l'université de Pau. Il cite notamment l'explosion de la course à pied, la féminisation, le rajeunissement et la diffusion sociale plus large de la pratique.
"Aujourd'hui, si l'on veut être à la mode en course à pied, on fait du trail, c'est plus cool", commente M. Fogliato.
- 2.500 courses en France -
A tel point que la discipline devient aussi un enjeu économique pour les territoires ruraux. "Les responsables politiques se sont emparés du trail pour booster le tourisme estival, notamment en montagne", souligne M. Bessy.
De 150 trails organisés en France en 2001, on est passé à environ 2.500 courses aujourd'hui.
Et les retombées économiques sont loin d'être anodines, sachant que chaque "traileur" se déplace avec deux accompagnateurs en moyenne. Selon les estimations, l'UTMB rapporterait ainsi 13,6 millions d'euros (hors frais de transport) aux territoires qu'il traverse, contre 9,4 millions d'euros (transport inclus) pour le Grand Raid de La Réunion.
A Chamonix, la semaine de l'UTMB est une des plus touristiques de l'année, avec celle du 1er janvier. Et à La Réunion, le Grand Raid "est un événement incontournable, économiquement parlant", selon Cyril Sidonie, membre de l'organisation.
Bien implantée en France et en Espagne, la pratique essaime un peu partout dans le monde, comme le prouve la création de l'Ultra-Trail World Tour en 2014, un circuit regroupant les courses les plus emblématiques du monde.
"En Chine et en Europe de l'Est, c'est en train d'exploser", souligne-t-on ainsi à l'Itra (Association internationale du Trail running).