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Dave Obelkevich, qui courra dimanche son quarantième Marathon de New York, est un témoin unique de l'évolution de cet événement, créé par une poignée de passionnés et devenue la course la plus populaire au monde.
A 72 ans, ce petit homme au regard pétillant n'aborde pas son marathon dans les meilleures conditions. Il n'a rien perdu de son physique sec de coureur de fond, mais une blessure à une cuisse en août et une autre à un mollet en septembre, ont perturbé sa préparation.
Il y a longtemps déjà qu'il ne court plus après le temps. Son meilleur chrono, 2 heures 40 minutes, remonte à 1982. Mais il s'est tout de même fixé un objectif: "Si je descends sous les cinq heures, je serai content".
"Je ne courrai pas vite, mais je sais que je peux finir", dit ce professeur de musique retraité, originaire du nord de l'Etat de New York.
Malgré les blessures, il assure que sa série new-yorkaise, 38 marathons d'affilée avant dimanche, n'est pas en danger. "C'est chouette d'avoir une série en cours. Vous ne voulez pas l'interrompre", explique-t-il.
Il n'avait pas conscience d'être une exception avant que les organisateurs ne le lui signalent, il y a cinq ou six ans.
- "J'aime bien parler aux coureurs" -
La course à laquelle il participera dimanche n'a pas grand rapport avec ce qu'elle était en 1973, la première fois qu'il en a pris le départ (la toute première édition date de 1970).
"Je n'avais pas de dossard. J'ai fait un tour de Central Park et je suis rentré chez moi", se souvient-il, lui qui a toujours vécu dans l'Upper West Side, quartier jouxtant le parc, depuis son arrivée à New York, en 1961.
L'année suivante, il termine les quatre tours de Central Park, qui constituaient le parcours de l'époque, puis échoue à cinq kilomètres de l'arrivée en 1975.
"Aujourd'hui, il y a deux millions de spectateurs. Là, il y en avait 73."
Il est au départ de la première du parcours à travers les cinq districts de la ville, en 1976, pour ce qui sera le début de sa série. Le public est encore rare.
"Quand nous remontions (vers le nord de Manhattan, en fin de course), les seuls personnes que nous croisions étaient des gens ivres."
La course à pied est alors une discipline de passionnés, qui passent parfois pour une curiosité.
"Les passants pensaient que nous courrions en sous-vêtements lorsqu'ils nous voyaient courir vers 5 ou 6 heures du matin", se rappelle-t-il.
Ces passionnés sont quasiment tous des hommes.
"Les trois premières années du marathon, il y a eu 12 femmes, dont 6 ont terminé. Maintenant, il y en a 20.000 qui finissent chaque année."
Autre évolution majeure, les quelques mordus en quête de performance ont été rejoints par des sportifs occasionnels.
Aujourd'hui, on célèbre davantage la distance que le temps, et passer la ligne d'arrivée est, pour beaucoup, le seul objectif.
"Il y a des gens qui ont 20 kg de trop, (...) mais vous ne verrez jamais un coureur se moquer, parce que si vous courrez, cela veut dire que vous voulez vous améliorer", assure-t-il. "Les coureurs, c'est comme une grande famille."
Dave Obelkevich regrette parfois ces premières années, où l'événement était plus intime, moins grand public.
"Mais ces vingt dernières années, je me suis beaucoup ouvert. J'aime bien parler aux coureurs", explique celui qui court encore environ quatre marathons par an, ainsi que trois courses plus longues que les fameux 42,195 km.
Si le courant passe avec un autre concurrent, il sort une des cartes de visite qu'il a épinglées à l'intérieur de sa casquette.
"Sur le Marathon de New York, vous rencontrez des gens du monde entier, alors qu'ailleurs, il y a surtout des gens du pays ou même de la ville", observe-t-il.
"Les étrangers qui ne sont jamais venus aux Etats-Unis, ils veulent voir New York, pas Chicago."