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Renaud Lavillenie a renoué jeudi comme si de rien n'était avec l'entraînement, cinq semaines après son record du monde du saut à la perche et sa blessure à un pied, affamé par cette période d'abstinence forcée.
Il est arrivé deux minutes avant le début de l'heure prévue au stadium Jean Pellez, son fief, à Aubière, dans la banlieue de Clermont. Tranquille comme celui qui est sûr de sa force. Et il a n'a pas mis longtemps à retrouver ses marques.
Un petit tour de stade avec son kiné Dimitri Gratia, des étirements, des appuis sur les deux pieds et puis il s'est enfin penché vers son étui à perches, siglé Jeux de Londres, "of course".
Après 20 minutes d'échauffement, la machine a repris son élan, sous les yeux ébahis d'une trentaine d'élèves de CE2 et CM2 de la région, venus faire du sport.
"J'ai l'impression que ça fait un mois que je n'ai pas marché", avait-il plaisanté en descendant de sa voiture pour faire les quelques mètres qui le séparaient encore de la piste d'élan. Mais en franchissant 4,60 m en quatre foulées, alors qu'il passe 4,70 m quand il est forme, Lavillenie a tout de suite remis les compteurs à zéro.
- 'Plus une trace' -
Au bord de la piste, son entraîneur Philippe d'Encausse et son kiné peuvent sourire.
"Sa cicatrice de huit points, on ne la voit déjà presque plus. En fait, il ne lui reste plus une trace de son record du monde", sourit Gratia.
"Il a insconsciemment encore quelques appréhensions, il fait attention et n'appuie pas ses appuis à fond", note tout de même d'Encausse.
Les enfants étant partis, c'est dans une ambiance de cathédrale, avec d'abord Stanley Joseph pour partenaire, puis seul, que Lavillenie va enchaîner les sauts à un rythme impressionnant, une cinquantaine en un peu plus d'une heure et demie.
"Pour une rentrée habituelle, il m'arrive de sauter plus de trois heures et de faire 100 sauts. C'était un peu poussif", estimera plus tard le champion olympique.
Il peste quand ça ne va pas, s'encourage pour aller plus haut, et sourit, tout de même, quand il réussit un saut qui lui convient.
Lavillenie est surtout "soulagé de ne ressentir aucune douleur et d'enfin pouvoir faire ce (qu'il) fait d'habitude".
C'est après avoir battu le record du monde de Sergueï Bubka -chez "le tsar", à Donestk, et sous ses yeux- pour le porter à 6,16 m, que Lavillenie s'est blessé en tentant ensuite 6,21 m, le 15 février dernier.
Un saut historique qui a fait entrer le Français dans une autre dimension, pour devenir l'un des athlètes les plus connus au monde.
Pas de quoi changer ses habitudes, sur les pistes en tout cas, où son entraînement ressemble à s'y méprendre à celui qu'il avait effectué lors de son retour à l'entraînement l'an dernier à la même époque.
- Compétition dans un mois -
En dehors des pistes, Lavillenie a décidé de s'entourer d'une petite équipe pour gérer les sollicitations médiatiques, exponentielles depuis son record.
"Comme ça, je peux me concentrer sur mon entraînement", explique-t-il.
Dans un mois, il aura assouvi une autre faim, celle de la compétition, avec les Drake Relays à Des Moines, aux Etats-Unis (23-27 avril).
Surtout, il devrait être prêt pour les débuts de la Ligue de diamant (en ce qui concerne la perche), le 17 mai à Shanghaï, puis Eugene (Oregon) le 31 mai.
"Il n'aura finalement perdu qu'une semaine de préparation avec sa blessure, mais aura gagné en fraîcheur mentale", note son kiné.
Lavillenie, quadruple tenant du titre en Ligue de diamant, entend bien continuer à écrire l'histoire, avec également en tête les Championnats d'Europe de Zürich (12-17 août), dont il est évidemment tenant du titre: "Mon seul objectif, c'est d'arriver à progresser jusqu'au moment où je serai à même de me lâcher à 100%. Cet été, j'aimerais passer 6,10 m en plein air".
Sa blessure, et son record du monde, pour lui, c'est déjà du passé.