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© AFP/Stephane de Sakutin
Oscar Pistorius
, accusé de meurtre avec préméditation, au tribunal de Pretoria, le 19 février 2013
Le parquet sud-africain a retenu mardi à Pretoria la "préméditation" contre Oscar Pistorius , le champion handisport accusé du meurtre de sa petite amie, le mannequin Reeva Steenkamp, alors que sa défense a plaidé l'accident à l'audience, qui coïncide avec les obsèques de la victime.
Après une suspension de séance en fin de matinée, le juge a donné une indication juridique de nature technique qui rend la demande de remise en liberté provisoire de Pistorius plus hypothétique que jamais. Même si cela ne préjuge pas de sa décision, la famille a aussitôt fondu en larmes.
L'audience, qui ne concerne que la demande de mise en liberté sous caution, doit durer jusqu'à mercredi, en attendant le procès proprement dit.
A l'ouverture, le procureur Gerrie Nel, un poids lourd du parquet sud-africain, avait souligné que Pistorius avait "tué une femme innocente non armée".
"Il a tiré quatre fois", "la victime a été touchée trois fois alors qu'elle était aux toilettes" et "la porte des toilettes a été défoncée depuis l'extérieur. Nous pensons que la porte était fermée à clé", a-t-il indiqué, soulignant qu'"il n'y avait que deux personnes dans la maison cette nuit-là".
© AFP/Alexander Joe
Le cercueil de Reeva Steenkamp est porté à l'intérieur du crématorium, le 19 février 2013 à Port Elizabeth, en Afrique du Sud
L'accusé "a mis ses prothèses, marché sept mètres et fait feu", a-t-il ajouté.
Pistorius, héros national et source d'inspiration pour des millions de fans dans le monde, est entré dans l'histoire pour avoir pris le départ du 400m et du 4x400m avec des athlètes valides aux JO de Londres 2012, alors qu'il est handicapé de naissance. Il porte des prothèses qu'il remplace par des lames de carbone en forme de pattes de félin lorsqu'il est sur les pistes, ce qui lui a valu le surnom de Blade Runner.
Entré dans la salle d'audience d'un tribunal de Pretoria (nord) peu avant 10h00 (08h00 GMT), le sportif était vêtu, comme lors de sa première comparution vendredi, d'un costume noir sur une chemise bleue et une cravate grise. Le visage anxieux, il fixait droit devant lui, murmurant parfois comme s'il priait.
Son père Henke, ainsi que sa soeur Aimée, habillée en noir, les yeux cernés, étaient au deuxième rang des bancs réservés au public et aux médias, venus du monde entier.
© AFP/Alexander Joe
Mike Steenkamp, l'oncle de la victime Reeva Steenkamp, fait à la presse lors des funérailles de sa nièce, le 19 février 2013 à Port Elizabeth, en Afrique du Sud
Oscar Pistorius a fondu en larmes et sangloté doucement lorsque son avocat Barry Roux a contesté la qualification de "meurtre", évoquant "le cas d'autres affaires où des maris ont tiré sur leur épouse par accident en pensant à un intrus".
"Il n'y aucun élément indiquant la moindre préméditation. Tout ce que nous savons, c'est qu'elle s'est enfermée dans les toilettes. Elle a été tuée dans les toilettes (...) il a pensé qu'elle était un intrus", a précisé l'avocat, évoquant "la mort prématurée et malheureuse de Reeva Steenkamp".
Au même instant, les proches de Reeva lui ont rendu un dernier hommage à Port-Elizabeth (sud) dans un crématorium privé, en bordure d'un parc de la ville côtière où avait grandi la top-modèle, très engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
"C'était un ange", a déclaré Gavin Venter, un ex-jockey proche de la famille. Selon lui, rien n'indiquait qu'elle entretenait une relation conflictuelle avec Pistorius. "J'ai demandé à son père, il m'a dit que non, qu'elle était très heureuse avec Oscar, qu'il n'y avait pas de problème. Mais peut-être qu'elle cachait quelque chose", a-t-il dit aux journalistes.
A Pretoria le procureur a enfoncé le clou: "L'accusé a dit à sa soeur qu'il pensait que c'était un voleur. Pourquoi un voleur s'enfermerait-il dans les toilettes?".
La défense a rétorqué que "l'accusé n'avait pas de condamnation antérieure ni d'autres affaires en cours que celle-ci".
Selon le quotidien The Times, les enquêteurs ont procédé à des analyses pour déterminer si des traces d'activités sexuelles dans la chambre de l'athlète dataient de cette nuit-là, et de qui elles provenaient.
Ils se demandent aussi, selon la même source, pourquoi la voiture de Pistorius n'était pas entrée comme d'habitude au garage, ses clefs laissées sur le contact.
Alors que le courage de Pistorius en faisait un homme exemplaire aux yeux du monde et une tête d'affiche pour de nombreux sponsors, les détails qui ont émergé sur lui le font apparaître comme un être anxieux, arguant de la criminalité élevée en Afrique du Sud pour s'équiper d'un armement hors norme, malgré un domicile très protégé.
La presse affirme que des stéroïdes anabolisants et des seringues ont été retrouvés dans un tiroir chez lui.
Pistorius avait demandé des licences pour un fusil Maverick, un fusil Mossberg, un fusil Winchester, une carabine Vector .223, un revolver Smith & Wesson 500 et un revolver .38 Special, selon le quotidien de Johannesburg The Star.