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Avec deux médailles de bronze dans les bagages, l'équipe de France d'athlétisme revient de Pékin sans avoir brillé, bien loin des Bolt, Schippers, Eaton et Farah qui ont contribué à l'exceptionnel cru 2015 des Mondiaux.
Le principal rendez-vous athlétique de l'année a étonné par le nombre de performances de très haut niveau enregistrées, dans des disciplines très différentes.
En année pré-olympique, les Championnats du monde constituent habituellement une répétition générale pour la pression qu'ils génèrent, moins pour les résultats bruts. Mais Pékin a détonné.
Un record du monde (Eaton au décathon), plusieurs marques s'approchant de celles d'une autre époque où la lutte antidopage n'était pas si prégnante (Schippers sur 200 m), d'autres encore que l'on croyait tout simplement inaccessibles (Taylor au triple saut), la liste est longue.
Dans ces conditions, difficile de reprocher quoi que ce soit à une équipe de France qui est arrivée en Chine décimée par les blessures.
Un seul véritable leader, Renaud Lavillenie , était à l'affiche. Et bien souvent les Bleus ont été présentés à l'étranger comme la sélection la plus malchanceuse de ces Mondiaux.
Mais la malchance n'explique pas tout. Ce n'est pas elle qui a privé Lavillenie, seulement 3e, du titre à Pékin. On ne sait d'ailleurs toujours pas bien pourquoi le meilleur perchiste du monde n'a pas obtenu le seul titre qui lui manque et qu'il était en droit d'espérer. Le mental ? La technique ? Le physique ? Les théories de l'échec ne manquent pas. Seuls deux hommes doivent trouver la clé: Renaud Lavillenie et son entraîneur Philippe d'Encausse.
Le sourire d' Alexandra Tavernier avec le bronze du marteau, en revanche, vaut presque tout l'or du monde. Il est surtout une formidable promesse pour elle, à 21 ans seulement.
Déception et espoir, comme un résumé du bilan français à Pékin.
Dans les mois qui ont précédé Pékin, au fur et à mesure que les défections s'accumulaient dans les rangs bleus, les responsables de l'athlétisme français ont pointé plus fort le curseur des objectifs sur les Jeux de Rio, dans un an, plutôt que sur Pékin. Ce n'était pas qu'un axe de communication, car les JO, effectivement, seront le véritable juge de paix du travail accompli durant l'olympiade.
Mais ce discours n'a-t-il pas fait inconsciemment que certains se sont voilé la face, refusant de voir l'écart qui les sépare du meilleur niveau ?
- Eaton, l'athlète des Mondiaux -
"Mon premier sentiment c'est la colère", avoue Renaud Longuèvre, manageur des équipes de France.
"On prend une claque. Je n'attaque personne, je me mets aussi dedans, mais ce n'est pas parce qu'on revêt le maillot de l'équipe de France qu'on va forcément avoir la médaille. On s'est vu trop beau. Et quand on ne se sent pas en danger, on se met en danger", lâche-t-il.
"Mais mon deuxième sentiment, c'est que j'ai beaucoup d'espoirs pour la saison prochaine car aucun ne partira de ces Mondiaux en se disant qu'ils sont réussis", ajoute-t-il.
Au final, deux médailles, c'est comptablement le plus mauvais bilan tricolore depuis les Mondiaux d'Osaka en 2007 (deux médailles d'argent).
Au niveau mondial, justement, les semaines qui ont précédé Pékin ont été difficiles pour l'athlétisme sur le plan du dopage. Deux cas détectés chez des sprinteuses kényanes pendant la compétition ont fait craindre le pire et il faudra sans doute attendre plusieurs années avant de connaître avec certitudes les podiums de cette édition. En septembre, une fois la saison de Ligue de diamant terminée, l'IAAF devrait révéler les noms de ceux qui ont fauté aux Mondiaux de 2005 à Helsinki.
Heureusement, Bolt était là pour reléguer dans l'ombre l'Américain Justin Gatlin , suspendu à deux reprises dans sa carrière. La Foudre a balayé le tartan: 100, 200 et 4x100 m, le sextuple champion olympique est l'homme de ces Mondiaux.
Mais l'athlète de ces Mondiaux, c'est l'Américain Ashton Eaton , auteur d'un nouveau record du monde en décathlon (9045 pts), seul record du monde établi en Chine. En 2013 à Moscou, il n'y en avait eu aucun.
Chez les femmes, la Néerlandaise Dafne Schippers a crevé l'écran sur 200 m, avec un chrono d'une autre époque (21.63, 3e de tous les temps).
Le Britannnique Mo Farah , dont l'entraîneur Alberto Salazar est sous le coup d'une enquête sur une violation du règlement antidopage, a fait la jonction entre les affaires et la piste, en réussissant un nouveau doublé 5000/10.000 m. Comme aux Jeux de Londres en 2012, comme à Moscou en 2013. Du jamais vu.
A un an des Jeux, tout le monde ne fera pas le même bilan de ces Mondiaux.