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© AFP/Franck Fife
Les relayeuses françaises à l'issue du 4x100 m des Mondiaux de Moscou, le 23 août 2013
Ce n'était qu'un rêve. Les relayeuses du 4x100 m ont bien pris les médailles d'argent sur le podium aux Mondiaux-2013 dimanche à Moscou, mais elles devront les donner aux Américaines, après leur disqualification en raison d'un 2e passage de témoin hors zone.
Les filles l'ont appris en arrivant à l'hôtel, encore pleines du bonheur de la fête à venir. Myriam Soumaré, la plus expérimentée, avait déjà fait le programme. "Là, ça va monter en puissance. Ce soir, on va aller fêter notre médaille au Club France avec les supporteurs, ensutie, on va peut-être aller au banquet (de fin des Mondiaux) pour se déchaîner".
C'était des propos d'avant, quand le rêve était réalité et que des cris de joie avaient déchiré les entrailles du Luzhniki qui se vidait.
"On avait vu les listes de départ, ce qu'on avait fait à Monaco ou à Londres et qu'il y avait beaucoup de marge, car on avait fait des relais sans Myriam (Soumaré)", expliquait alors Ayodélé Ikuesan, posant avec sa breloque.
Et d'ajouter: "On s'est mis à rêver, on n'avait pas de pression parce qu'on ne nous attendait pas. On s'est alors dit qu'il fallait y aller avec les tripes."
En claquant en demi-finale 42 sec 25/100e, 2e chrono français de l'histoire, 48/100 de mieux qu'en finale deux heures plus tard, les Françaises avaient franchi la porte d'un réveil radieux.
Pourtant, Soumaré avait eu comme un pressentiment qaund tout avait souri. Comme si elle savait que cela tenait à la décision du juge-artibre de visionner une nouvelle fois le film.
"J'étais dans une position que je ne connaissais pas du tout, en 2e vireuse. J'avais toujours l'habitude d'être au départ. J'ai un peu anticipé mon passage avec Ayo, donc, je fausse le chrono. Il va falloir que je travaille cette position parce que je n'ai pas l'habitude de voir arriver quelqu'un en ligne droite, les repères sont un peu faussés", avait-elle expliqué à l'AFP.
La 1re transmission avait déjà tenu du miracle, avec l'Alsacienne Céline Distel-Bonnet qui avait "senti une grosse douleur au niveau de l'ischio lors du passage avec Ayodélé". "Mais j'ai réussi à le lui donner et elle l'a pris du bout. On est six (avec les remplaçantes), on se motive, on est un vrai collectif. Que ce soit un relais féminin qui prenne la médaille, c'est encore mieux", se félicitait la blonde athlète.
La conclusion est d'autant plus cruelle que le relais revenait de loin, ajouté à la délégation le 29 juillet. "Il manquait 6/100e pour le comité de sélection. Mais j'avais quelques arguments assez forts et le président fédéral et le DTN ont dit +banco on y va+. Je croyais en ce groupe. On avait testé des choses", remarquait le manager des relais, Djamel Boudebidah.
Il y croyait tellement que ses filles avaient exaucé son rêve. Avec pour terminer Stella Akakpo, toute fraîche championne d'Europe juniors du 100 m. "Stella, j'avais dit que c'est une bagarreuse, une tueuse. Quand vous la lâchez, elle vous fait des choses d'un autre monde".
"Je me projette pour construire un vrai groupe, qu'elles continuent à évoluer individuellement pour qu'on puisse faire la synthèse", avait encore souligné le responsable.
Et dire que le courage de Céline et la rage de Stella ont été vaines. Qu'il faudra du temps pour cicatriser la blessure et qu'il n'est pas écrit qu'une telle occasion se représente de sitôt.