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© AFP/SIMON MAINA
Le Kényan Eliud Kipchoge
, champion olympique du marathon aux JO de Rio, lors d'un entraînement le 17 mars 2017 à Kaptagat
Un défi technologique mais aussi une grosse opération marketing: le Kényan Eliud Kipchoge tente samedi sur l'autodrome de Monza de briser la barrière mythique des deux heures sur le marathon (42,195 km), un projet lancé par Nike qui entend monnayer sa réussite éventuelle sur le florissant marché du running.
Le choix de Monza n'est pas anodin tant l'aérodynamique est le dénominateur commun à la Formule 1 et à cette tentative. L'équipementier américain a mis le paquet pour gagner son pari en sélectionnant trois coureurs de très haut niveau qui s'élanceront à partir de 5h45 du matin.
Kipchoge, champion olympique du marathon à Rio, sera accompagné par l?Éthiopien Lelisa Desisa , vice-champion du monde 2013, et par l?Érythréen Zernesay Tadese, 3e du 10.000 m des JO-2004 et 2e des Mondiaux-2009 sur la même distance, trois ambassadeurs transformés en +Gagarine+ du bitume.
Un premier test a eu lieu le 7 mars à Monza sur un semi-marathon et Kipchoge s'est acquitté de la tâche en 59 minutes 17 secondes, chrono de bon augure. Le record du monde, établi par le Kényan Dennis Kimetto le 28 septembre 2014 à Berlin, est actuellement de 2 heures 02 minutes 57 secondes.
Les trois +cobayes+ seront surtout aidés par des innovations technologiques, indispensables pour mener à bien l'expérience. Pour cette opération, Nike a ainsi réuni des experts en biomécanique, design, ingénierie, développement des matériaux et nutrition.
Tout commence par la chaussure, la "Zoom Elite", dessinée pour pénétrer l'air. Une plaque en carbone glissée dans la semelle fait économiser de l'énergie à l'athlète et, de plus, en restitue dans la phase de propulsion.
- Arrières-pensées commerciales -
Le maillot et le short caleçon ont été conçus également avec le souci majeur de l'écoulement de l'air. Le marathonien bionique est ainsi né, équipé en outre de deux plaques sur les mollets qui fonctionnent comme des ailerons.
Autres avantages à la disposition des coureurs: un camion leur servira d'aspiration et des lièvres frais seront lancés en cours de tentative. L'aspect humain n'a pas été oublié avec des physiologistes et psychologues.
Par ailleurs, le jour et le créneau horaire du départ ont été décidés en fonction des prévisions météo (température et humidité de l'air, force du vent). Autant de paramètres qui ne permettront pas à la Fédération internationale (IAAF) d'homologuer un possible record.
Si Kipchoge évoque son souci de "chasser la notion de limites pour l'homme", le but de Nike, leader mondial de la chaussure de sport mais distancé, notamment par le Japonais Asics, sur le créneau du running, n'est pas dénué d'arrières-pensées commerciales.
L'engouement pour les courses sur route est en effet devenu un véritable phénomène de société. Les dizaines de millions de pratiquants et d'adeptes sont autant de consommateurs de chaussures et de textiles que la marque à la virgule espère atteindre à travers ce projet.
"La barrière des deux heures pour le marathon est l'une des rares qui, si elle est franchie, peut transformer ce sport. La quantité de données et d'informations que nous avons pu recueillir et l'expérience acquise serviront de fondement pendant des années à des pôles d'innovation autour desquels nous pourrons axer nos explorations et inventions, ce qui au final permettra de proposer de meilleurs produits et services aux sportifs de tous niveaux", n'hésite pas à déclarer Sandy Bodecker, vice-président de Nike chargé des projets spéciaux.