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© AFP/SIMON MAINA
Le Kényan Eliud Kipchoge
lors d'un entraînement le 17 mars 2017 à Eldoret au Kenya
Rejeté pour 25 secondes au-delà du seuil mythique des deux heures sur la distance du marathon (42,195 km), le Kényan Eliud Kipchoge n'en a pas moins ouvert, samedi sur l'autodrome de Monza (Italie), une nouvelle ère en repoussant le curseur des limites humaines.
Si le champion olympique du marathon a bénéficié de conditions particulières et d'une technologie d'avant-garde, qui empêchent l'homologation de la performance par la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), il a néanmoins retranché 152 secondes au record du monde de Dennis Kimetto .
"Peut-être la prochaine fois... Mais je peux désormais dire qu'il est possible pour un humain de courir en dessous des deux heures", a déclaré Kipchoge, maillot rouge et short noir, qui s'est affalé sur la ligne d'arrivée avant de se relever rapidement.
Son compatriote avait établi sa marque planétaire le 28 septembre 2014 à Berlin, où l'épreuve est roulante.
Le défi technologique et l'imposante opération marketing imaginés par l'équipementier américain Nike visaient à optimiser un ensemble de conditions et d'éléments (aérodynamique, météo, nutrition...).
- Attendu que...-
Le juge italien Luca Verrascina, du comité technique de l'IAAf, a qualifié la course d'"exhibition" assortie d'une "grande performance".
Mais il a aussi rappelé que, si la distance avait été contrôlée et certifiée, "l'action" des lièvres qui pouvaient se reposer pour se relayer par groupe de six en flèche, le ravitaillement sans restriction depuis les bicyclettes et la voiture ouvreuse "trop proche" des athlètes constituaient autant de raisons de ne pas inscrire le chrono dans le livre officiel des records.
Qui sont d'ailleurs relatifs sur route, compte-tenu du dénivelé notamment.
Outre Kipchoge, deux autres marathoniens de très haut niveau ont pris part à la tentative: l'Éthiopien Lelisa Desisa , vice-champion du monde 2013, et l?Érythréen Zernesay Tadese, détenteur du record du monde du semi-marathon (58:23.).
Mais Desisa, qui a terminé en 2h 14:10., n'a pas tenu le rythme imposé au-delà du cap de la première heure. Tadese, pour sa part, a lâché juste après, signant néanmoins son record personnel en 2h 06:51.
Sans surprise, la tentative reposait alors sur les jambes d'un seul homme. Après 30 kilomètres, Kipchoge, 32 ans, était encore à la seconde près sur la base de deux heures pile sur la distance.
Mais Kipchoge, champion du monde du 5000 m en 2003 à Paris à seulement 18 ans, est aussi humain. Pas comme la voiture qui avançait devant lui à vitesse constante en indiquant le seuil des deux heures avec un rayon laser de couleur verte projeté au sol.
L'athlète commence à perdre un mètre sur la machine, puis deux, puis cinq. Des signes de souffrance apparaissent alors sur le visage et dans la foulée jusque-là irréprochable.
Dans la dernière ligne droite, ses lièvres l'ont encouragé en criant et en frappant dans leurs mains, mais Kipchoge avait pris trop de retard.
"Ce que j'essaie de faire c'est en fait d'effacer cette pensée dans l'esprit de chacun que l'être humain a des limites", avait expliqué début avril à l'AFP Kipchoge, qui s'entraînait alors sur les terres rouges des contreforts de la vallée du Rift. Il avait presque vu juste.
Pour les observateurs, le record du monde actuel ne résistera pas au prochain Marathon de Berlin le 24 septembre, où les organisateurs rêvent de réunir au départ Kipchoge et l'Ethiopien Kenenisa Bekele .