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© AFP/Allison Joyce
Des coureurs, qui devaient participer au marathon, aux abords de Central Park à New York, le 2 novembre 2012.
Des milliers de coureurs ont réinvesti Central Park samedi, frustrés par l'annulation tardive du célèbre Marathon de New York prévu dimanche, mais beaucoup comprennent la décision du maire de la ville, qui peine à se relever du passage de l'ouragan Sandy.
Sur les sentiers du parc, qui a rouvert à huit heures tapantes pour la première fois depuis que Sandy a frappé la ville lundi soir, se mêlent sportifs et ouvriers travaillant encore à l'élagage des arbres brisés par les rafales de vent.
Parmi les coureurs, de nombreux étrangers, qui ont dépensé beaucoup d'argent pour participer au marathon le plus célèbre du monde, annulé moins de 48 heures avant son départ.
"Je suis écoeuré. C'était un cadeau que je m'étais fait pour mes 60 ans. Cela m'a coûté en tout 3.000 euros. Je ne crois pas que je pourrai le refaire", raconte Jean-Michel Laurent, un Français venu pour l'occasion d'Issy-les-Moulineaux, dans la banlieue de Paris.
"C'est un peu vache, ils auraient dû l'annoncer plus tôt", regrette-t-il, essayant en vain de commander une pizza en français dans un café sur Lexington Avenue. "Mais je comprends. Mes soucis de coureur, ce n'est rien par rapport à la misère de ceux qui n'ont pas d'électricité et pas de chauffage".
Scott Solvsig, 39 ans, arrivé la veille de Saint-Louis dans le Missouri (centre des Etats-Unis) pour participer à l'événement sportif, fait preuve de la même compassion. Mais "annoncer aussi tard" l'annulation, "ça m'énerve vraiment", s'insurge-t-il.
© AFP/Mario Tama
Une concurrente du Marathon de New York assise sur ses bagages, le 2 novembre 2012 dans l'East Village.
"On nous a assuré, jusqu'à hier midi, que le marathon aurait bien lieu, on a pris l'avion, pour apprendre à l'atterrissage que c'était annulé. Ce n'est pas normal", explique-t-il avant de repartir pour quelques kilomètres de jogging.
L'ancienne N.1 mondiale de tennis, la Française Amélie Mauresmo, a connu la même mésaventure, apprenant l'annulation à sa sortie de l'avion.
"Je trouve incroyable d'avoir laissé penser aux participants que cet événement pourrait avoir lieu ! Quand on voit toute la reconstruction qui reste à effectuer à Manhattan, mais également autour, c'est incompréhensible", écrit-elle sur son compte Facebook.
Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, de nombreux coureurs s'organisent pour mettre à profit leur présence dans la ville.
Sur les réseaux sociaux, ils se donnent rendez-vous pour courir malgré tout dimanche matin dans Central Park, ou indiquent des adresses où donner son sang.
Sur Facebook, le groupe improvisé "les coureurs new-yorkais avec Staten Island" propose d'apporter des vivres dans ce quartier sinistré par l'ouragan, d'où aurait dû partir le marathon.
Dans le dos d'un des coureurs à Central Park figure l'inscription "J'aime les milliardaires incompétents", référence ironique au maire de la ville Michael Bloomberg.
Celui-ci s'est obstiné à vouloir maintenir la course, qui devait réunir 47.000 personnes, avant d'annoncer son annulation vendredi soir.
Il a cédé devant les protestations de certains élus qui y voyaient un affront aux sinistrés et victimes de Sandy. L'ouragan a fait au moins 109 morts aux Etats-Unis et au Canada, dont 41 à New York.
Narciso Megia, 27 ans, approuve cette décision. "New York doit d'abord se remettre d'aplomb", estime ce New-Yorkais, qui pouvait enfin reprendre son jogging quotidien dans le parc. "On ne peut pas s'amuser alors que tant d'autres ont encore tellement besoin d'aide."
"Il n'y avait tout simplement pas de bonne solution", souligne amèrement Anshal, une New-Yorkaise de 34 ans inscrite au marathon.
"Je me suis entraînée pendant un an, et même si je n'ai pas eu d'eau ni d'électricité pendant une semaine, j'ai essayé de rester motivée (...), j'en avais besoin, dit-elle. Cela aurait pu être un événement positif mais je comprends que d'autres le ressentent différemment".