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© AFP/Bertrand Guay
Le Français Fabien Antolinos passe la ligne d'arrivée de l'Eco Trail le 26 mars 2011 à Paris
Dans l'effervescence d'un développement exponentiel, le trail (course en nature et en semi-autonomie) se structure en association internationale (ITRA) pour assurer son avenir, à la croisée des chemins entre préservation des valeurs fondatrices et tentation du professionnalisme.
Pour encadrer le succès galopant -le nombre des épreuves a décuplé en France en cinq ans, plus de 500 en 2012-, une réflexion s'imposait, concrétisée par des assises internationales à Courmayeur (Italie) le 3 septembre 2012.
"On veut reposer à la base la définition du trail et la question des valeurs. Il s'est fondé sur des valeurs très fortes du plaisir à parcourir la nature, d'un souci d'authenticité, de fraternité", explique Michel Poletti, un des organisateurs de l'Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB), l'épreuve mythique aux 170 km et quelque 9000 m de dénivelés.
"On n'est pas dans la performance pure au départ, et on ne voudrait pas que la compétition prenne le pas sur ce partage", ajoute M. Poletti, qui craint "les dérives qui consisteraient à aller vers l'ultra performance et l'élite".
Déjà certains organisateurs à l'étranger ont franchi les garde-fous et offrent de respectables primes aux meilleurs.
"On veut construire quelque chose d'équilibré", souligne le directeur technique de l'UTMB, conscient que "les athlètes de haut niveau consentent des sacrifices pour s'entraîner et (que) c'est peut-être normal de leur donner un peu d'argent quand ils gagnent. Il faut qu'on aille vers eux et qu'on les aide un peu dans leur pratique." Et de conclure: "Mais faut-il en faire des coureurs quasiment professionnels?"
Dérive marathonienne
Les +gardiens du temple+ craignent évidemment un scénario du type marathon, où la séparation entre l'élite -et ses écuries de Kényans- et la masse est désormais consommée.
"C'est peut-être un combat de Don Quichotte qu'on est en train de mener. Plus le trail va se populariser, se médiatiser, plus il sera difficile de maintenir ces valeurs qui nous sont chères, les valeurs de Coubertin", poursuit Poletti.
Sur l'autre bord, il y a ceux qui souhaitent voir les athlètes de l'Est africain, qui dominent les épreuves de longue haleine sur piste et sur route, se confronter aux cadors de la course sur sentiers.
L'Espagnol Kilian Jornet, star du trail et du ski alpinisme, ne craint pas cette concurrence. "Le trail est bien différent du marathon et même les Kényans devront s'adapter à un type d'effort particulier, avec les dénivelés, les descentes", remarque le champion catalan.
"Il faut préserver les valeurs, mettre tout à plat", estime Michel Huertas, vice-président de la Fédération française d'athlétisme, en charge des courses hors stade.
Sur le terrain, la première édition des Championnats de France de trail aura lieu le 6 octobre prochain à Gap (Hautes-Alpes).