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La suspension provisoire de la Fédération russe d'athlétisme (ARAF) vendredi par la Fédération internationale (IAAF) ouvre la voie à une absence des athlètes russes aux JO-2016 de Rio, mais celle-ci reste hypothétique à neuf mois du rendez-vous.
D'abord contrainte par l'ultimatum de l'IAAF qui la sommait de répondre aux accusations de dopage organisé avant la fin de la semaine, la Russie a désormais le temps pour allié.
Officiellement, la suspension est provisoire, sans durée déterminée et avec effet immédiat.
Elle ne pourra être levée ou confirmée que par une nouvelle réunion et un nouveau vote du Conseil de l'IAAF.
Le conseil doit justement se retrouver à Monaco les 26 et 27 novembre prochain, mais il sera "beaucoup trop tôt pour qu'une éventuelle levée de la suspension y soit discutée", a expliqué l'IAAF à l'AFP.
"Tout le monde au sein de l'IAAF va travailler sans relâche avec les autorités russes pour réinstaller la Fédération russe aussi vite que possible", a-t-il été précisé.
Le prochain rendez-vous du gouvernement de l'instance à même de statuer est donc programmé en mars 2016, à Cardiff, à l'occasion des Mondiaux de semi-marathon. Mais le conseil peut aussi se réunir avant, comme vendredi, dans le cadre d'une procédure d'urgence grâce à des moyens techniques (visioconférence) qui n'obligent pas la présence physique des élus, ce qui fait gagner du temps.
La Russie athlétique possède donc quatre mois devant elle avant de passer de nouveau sous le gril.
"Cette décision n'affecte pas notre préparation", a commenté le coureur de 400 m Radel Kashefrazov. "Les athlètes ne sont pas spécialement inquiets. Nous espérons que tout va se résoudre rapidement", a-t-il ajouté.
Dans les faits, l'IAAF a accompagné sa décision de mesures visant à permettre à la Russie de retrouver le chemin des pistes. Ces mesures n'ont pas été détaillées, mais une équipe d'inspection va être mise en place, présidée par le Norvégien Rune Andersen, et trois membres du conseil de l'IAAF qui seront désignés dans les prochains jours.
Elle aura pour mission d'établir si la Russie fait suffisamment d'efforts en vue des JO-2016 à Rio, programmés du 5 au 21 août.
Samedi, le comité olympique russe (ROC) a affirmé sa volonté de tout remettre à plat.
"Afin d'assurer la présence d'athlètes russes propres aux JO de Rio, le ROC va coordonner les efforts en Russie pour prendre en compte les problèmes soulevés par le rapport de la commission indépendante de l'AMA, et rendre conformes avec le code mondial la RUSADA (agence nationale antidopage), le laboratoire antidopage de Moscou et la Fédération nationale d'athlétisme", a communiqué le Comité international olympique (CIO).
Certains pays avaient déjà été suspendus par l'IAAF, mais c'est la première fois que l'instance internationale qui préside aux destinées du sport olympique N.1 suspend une de ses fédérations membres pour dopage institutionnalisé. Un tel niveau de tricherie n'avait plus été vu depuis l'époque du bloc socialiste, notamment en RDA.
Si les actes sont fermes, les discours laissent de l'espoir aux Russes.
"Nous avons échangé et nous sommes tombés d'accord sur le fait que c'est tout le système qui a laissé tomber les athlètes, pas simplement en Russie mais partout dans le monde", a souligné le président de l'IAAF, le Britannique Sebastian Coe .
On peut dès lors s'interroger sur la nécessité de punir définitivement la Russie si elle n'est pas seule responsable.
- Précédent en aviron -
Les dirigeants russes peuvent par ailleurs s'appuyer sur le précédent que leur pays a connu en aviron, avant les jeux Olympiques de Pékin en 2008.
Fin janvier 2008, la Fédération internationale d'aviron (Fisa) avait annoncé la suspension pour une année, incluant les JO de Pékin, de l'ensemble de l'encadrement de l'équipe de Russie dont au moins sept rameurs avaient commis des infractions au règlement antidopage en un an.
Trois mois plus tard, début avril, la Fisa avait finalement levé les sanctions, satisfaite des mesures prises par la fédération russe avec notamment l'élection d'une nouvelle direction.
En athlétisme, et pour le cas présent, la fédération russe a d'ores et déjà procédé à un "nettoyage" de sa direction. Les mesures susceptibles de la réhabiliter devront donc porter sur sa faculté à lutter contre le dopage.
Pour le moment, les premières conséquences sont pratiques : la Russie perd l'organisation de deux rendez-vous internationaux inscrits au calendrier de 2016, les Mondiaux juniors d'athlétisme à Kazan, du 19 au 24 juillet, et la Coupe du Monde de marche par équipes, qui devait avoir lieu les 7 et 8 mai à Tcheboksary.
Le voyage des athlètes russes à Rio, lui, n'est pas encore définitivement annulé.