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Il n'y a pas qu'à la Fifa que les têtes tombent: Nick Davies, bras droit du président de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) Sebastian Coe , a annoncé mardi qu'il quittait temporairement son poste après avoir été mis en cause par la presse dans le scandale de dopage en Russie.
Cette affaire est un nouveau coup dur pour Coe, légende de l'athlétisme britannique, et l'IAAF. L'instance est secouée par les scandales ces dernières semaines, comme la Fifa dans le football. Ces dossiers de corruption et de dopage dépassent de très loin le seul cadre du sport et ont des répercussions politiques en Russie et au Sénégal.
Le prédécesseur de Coe à la tête de l'IAAF, le Sénégalais Lamine Diack, fait l'objet de deux mises en examen par la justice française, d'abord pour corruption passive et blanchiment aggravé puis, depuis lundi, pour corruption. Il est soupçonné d'avoir fermé les yeux sur des cas de dopage, notamment d'athlètes russes, en échange d'argent.
Sur la base d'un email interne à l'IAAF, le quotidien français Le Monde a affirmé lundi que Davies avait tenté de retarder la révélation de certains cas de dopage d'athlètes russes en 2013, pour ne pas éclabousser les Mondiaux organisés à Moscou.
"J'ai décidé de me retirer de mon poste à l'IAAF (chef de cabinet de Sebastian Coe à l'IAAF) jusqu'à ce que le Comité d'éthique puisse étudier le dossier et déterminer si je suis responsable d'une quelconque infraction", a réagi Davies dans un communiqué transmis mardi par l'instance.
- 'Cadavres dans le placard ' -
L'email qui a déclenché cette nouvelle affaire, auquel Le Monde a eu accès, a été envoyé par Davies le 19 juillet 2013, soit trois semaines avant le début des Mondiaux à Moscou (10-18 août). A l'époque, Davies est directeur de la communication de l'IAAF.
Le destinataire est Papa Massata Diack, fils de Lamine Diack et alors consultant marketing de l'IAAF.
"J'ai besoin de m'asseoir pour parler avec le département antidopage et comprendre exactement quels sont les +cadavres+ russes que nous avons toujours dans le placard, en ce qui concerne le dopage", déclare Davies dans cet email, en suggérant de "mettre la pression" sur la Russie pour que les athlètes suspects ne participent pas aux Mondiaux.
"Si les coupables ne participent pas à la compétition, alors nous pourrions bien attendre que les Championnats se terminent pour annoncer les cas", ajoute Davies.
La BBC, qui a également eu accès à cet email, a précisé que l'IAAF avait annoncé "des sanctions contre 16 athlètes russes dans les quatre mois" après les Mondiaux.
Dans son email, Davies avance également l'idée d'une campagne médiatique "officieuse" de l'IAAF pour éviter les scandales. Il envisage d'utiliser une société de marketing sportif, CSM, dont le directeur général était Coe, à cette époque vice-président de l'IAAF.
"Nous pouvons aussi profiter de l?influence politique de Seb au Royaume-Uni. C?est dans son intérêt personnel de s'assurer que les championnats du monde de Moscou soient un succès", écrit Davis.
Dans une réponse au Monde, Davies a affirmé qu'il s'agissait juste d'un "échange d?idées" et a dédouané Coe: "Je n'ai pas abordé ces idées avec CSM".
- Remous au Sénégal -
Coe, qui a succédé à Diack en août à la tête de l'IAAF, est concerné par une autre affaire. Fin novembre, il a dû renoncer à son contrat d'ambassadeur de Nike après avoir été accusé de conflit d'intérêts dans l'attribution des Mondiaux-2021 à Eugene, ville d'origine de la marque américaine. Là encore, la justice française enquête.
Le développement le plus spectaculaire des scandales qui touchent l'athlétisme mondial a éclaté le 9 novembre. Dans un rapport explosif, l'Agence mondiale antidopage (AMA) avait accusé la Russie de Vladimir Poutine d'avoir mis sur pieds un système de dopage organisé dans l'athlétisme.
La Russie a dans la foulée été suspendue par l'IAAF et pourrait être bannie des épreuves d'athlétisme des jeux Olympiques de Rio, dans huit mois.
L'affaire a suscité des remous au Sénégal, après que Le Monde a révélé la semaine dernière des extraits des déclarations de Lamine Diack en garde à vue début novembre dans le cadre de l'enquête française.
L'octogénaire avait affirmé que la Russie avait apporté une contribution d'1,5 million d'euros, via le président d'alors de sa fédération d'athlétisme, Valentin Balakhnichev, également trésorier de l'IAAF. Cette somme aurait été "distribuée à des associations et des sphères d'influence" pour contribuer à éviter une réélection à un troisième mandat d'Abdoulaye Wade à la présidentielle de 2012, selon ses déclarations.
Mardi dans une interview à la radio Futurs médias, Papa Massata Diack, cité dans l'enquête visant son père en France, s'est dit prêt à répondre à la justice, mais au Sénégal, et a nié tout financement à l'opposition sénégalaise en 2012.