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La suspension de deux ans ferme infligée à Quentin Bigot, un espoir du marteau coupable de dopage, et la mise en examen du manager des lancers français, Raphaël Piolanti, ébranle une Fédération d'athlétisme (FFA) qui a fait de la lutte contre le dopage une priorité.
Quatre ans de suspension dont deux avec sursis pour Bigot, 21 ans, contrôlé positif à un anabolisant fin juin: la sanction, annoncée jeudi par le président de la FFA Bernard Amsalem, est à la hauteur de l'émoi suscité au niveau fédéral.
"Les faits sont extrêmement graves et choquants. Avec le DTN (Ghani Yalouz), on a ressenti une sorte de trahison. A la Fédération, cela a produit un trouble et une énorme déception", a réagi auprès de l'AFP son président, en poste depuis 2001.
Champion d'Europe Juniors en 2011, Bigot fait partie des grands espoirs de l'équipe de France d'athlétisme, avec laquelle il avait gagné la médaille de bronze aux Championnats d'Europe par équipes en juin à Brunswick.
En Allemagne, le Lorrain avait terminé deuxième de sa discipline avec un lancer à 76,15 mètres. Or, c'est précisément la veille de ce résultat qu'il avait été contrôlé positif à un produit de la catégorie des stéroïdes anabolisants.
Le faux-pas de Bigot, qui n'a pas demandé la contre-expertise (échantillon B), coûtera vraisemblablement à l'équipe de France sa place sur le podium en Allemagne.
Auditionné le 24 juillet par la commission de discipline de la Fédération, le pensionnaire de la section d'Amnéville (Moselle) de l'Athlétisme Metz Métropole (A2M) avait fait des aveux circonstanciés (la manière dont il s'est dopé, les personnes impliquées).
"J'ai avoué mes torts", a confié Bigot jeudi à France 3 Lorraine. "J'assume totalement le fait d'avoir été jugé et d'avoir pris des produits interdits", a-t-il reconnu à l'antenne.
Mais, son mea culpa évacué, le jeune athlète évoque alors des "circonstances atténuantes". "Il y a la pression de l'entourage, des influences", lance-t-il sans donner de nom. Mais celui de Raphaël Piolanti, manager national des lancers à la Fédération française d'athlétisme, se dessine en creux sur ses lèvres.
- Colloques sur le dopage -
L'entraîneur de l'A2M, âgé de 46 ans, a été mis en examen jeudi par le parquet de Metz, poursuivi pour "exercice illégal de la médecine et de la pharmacie", "incitation à l'usage de dopants", "administration à un sportif de produits dopants", "acquisition, détention, importation, offre ou cession à un sportif de produits dopants".
Durant sa garde à vue, qui a duré 48 heures, M. Piolanti a nié les faits qui lui sont reprochés. Il a accusé ses athlètes de vouloir lui faire porter la responsabilité de leurs propres erreurs, selon le procureur adjoint de Metz, Gilles Bourdier.
Deux autres lanceurs entraînés à Amnéville par Piolanti, ainsi que deux autres sportifs de son entourage, ont été entendus et perquisitionnés par des gendarmes spécialisés dans la lutte antidopage ces derniers jours.
Leurs auditions "tendent globalement à confirmer qu'il y a un problème autour de M. Piolanti", selon Gilles Bourdier.
La mise en examen du manager fédéral est un coup dur pour la FFA, qui avait alerté les autorités judiciaires et de gendarmerie compétentes après les confessions de Bigot.
Car Piolanti, ancien champion de France du lancer de marteau, est un de ses cadres les plus en vue: élu en 2013 meilleur entraîneur de l'athlétisme français, il fournit à l'élite de sa discipline la plupart de ses champions.
L'athlétisme français, rarement touché par le dopage, avait pourtant déjà été ébranlé après le contrôle positif à la cathine (un stimulant) du lanceur de marteau Nicolas Figère en juin 2007. Il avait privé l'équipe de France du titre collectif remporté lors de la Coupe d'Europe d'athlétisme à Munich.
Depuis 2008, la FFA a fait de la prévention et de la lutte contre le dopage une des ses priorités, en organisant notamment des colloques sur le sujet avec des interventions du président Ansalem, de médecins fédéraux et de sportifs.
Quentin Bigot, qui ne désespère par de participer aux jeux Olympiques de Rio en 2016, a déclaré sur France 3 Lorraine vouloir s'engager dans la lutte antidopage durant ses deux ans ferme de suspension, que ce soit au niveau de sa Fédération, de son département ou de son club.