Happy Birthday : |
Entraîneur en chef depuis un mois de l'équipe russe d'athlétisme, rattrapée par des affaires de dopage, Yuri Borzakovskiy, champion olympique du 800 m en 2004, symbolise un renouveau mais sa volonté de changement est assujettie à la tutelle du ministère des Sports.
Dans un entretien à l'AFP, à Prague où il a pris officiellement ses fonctions lors de l'Euro-2015 en salle, Borzakovskiy, 33 ans, estime qu'il faut "prendre le problème à la base, en faisant en sorte de préserver les jeunes de la tentation (du dopage)".
Il se propose même de les accompagner dans cette démarche éducative.
"Tous les entraîneurs, impliqués ou non dans des affaires, sont maintenant soumis à un contrôle", explique l'ex-champion, le regard grave.
Interrogé sur les mesures concrètes qu'il compte prendre à l'encontre de l'encadrement impliqué dans les affaires, Borzakovskiy ne veut pas "citer de noms" et s'en remet à son ministère de tutelle.
"Je ne bénéficie pas d'un pouvoir suffisant pour régler le problème moi-même. Pour ma part, j'ai en charge les affaires qui concernent l'équipe nationale. C'est le travail de la Fédération et du ministère des Sports de décider si ces gens-là doivent partir", remarque-t-il.
-Complexité-
La situation est complexe, notamment au niveau de la marche, grande pourvoyeuse de médailles et particulièrement touchée par les cas de dopage.
Ainsi l'entraîneur en chef de la discipline, Viktor Chigin, un proche du ministre des sports Vitaliy Mutko, exerce toujours. Ce dernier dit attendre les résultats des investigations diligentées par la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) et l'Agence mondiale antidopage (AMA) avant de prendre une décision.
L'image de l'athlétisme russe a également été ternie par Yulya Zaripova, championne olympique du 3000 m steeple à Londres, suspendue pour 30 mois, à dater du 25 juillet 2013, pour d'importantes anomalies dans son profil sanguin révélées par son passeport biologique.
Par ailleurs, Tatiana Chernova, championne du monde d'heptathlon en 2011 à Daegu, a été suspendue après un contrôle positif aux stéroïdes effectué durant les Championnats du monde 2009 à Berlin. Ses résultats obtenus entre le 15 août 2009 et le 14 août 2011 ont été effacés, mais elle conservera son titre mondial, obtenu juste après cette période.
Arrivé dans ce contexte troublé, Borzakovskiy, préféré à l'ancienne sprinteuse Nataliya Ivanova pour le poste, s'estime légitime malgré le manque d'expérience.
"J'ai souhaité être un jour entraîneur en chef de l'équipe nationale", rappelle-t-il. "Au cours des trois dernières années, j'aidais déjà le +coach+ dans mon groupe d'entraînement qui comptait pas mal de jeunes athlètes."
-'Je connais beaucoup de monde'-
"En un mois, j'ai vite appris comment les choses se passent. Il fallait sur ce poste une personne qui connaisse le sport de l'intérieur et qui, dans le même temps, ait aussi une certaine expérience du haut niveau. Tout va bien et je suis content d'avoir obtenu la confiance de l'équipe", poursuit l'ancien crack du double tour de piste.
Il admet néanmoins des résistances. "Bien sûr, il y a pas mal de monde qui me reproche ma jeunesse, l'inexpérience, mais par mon travail j'ai déjà montré de ce dont j'étais capable."
"Mon grand avantage, c'est que je suis ancien athlète, et je connais dans les détails beaucoup de choses. Je connais beaucoup de monde, je comprends très bien les problèmes des sportifs et je peux les résoudre", poursuit-il
Même les stars de l'équipe, dont il partage l'âge, ne lui posent pas de problèmes relationnels, assure-t-il. "Le travail n'est pas difficile car ils savent très bien que j'ai réussi aussi des choses. Je les respecte. Mais ils savent aussi que j'ai été sportif de haut niveau pendant 14 ans", conclut celui qui s'affirma à moins de 19 ans. Quand il décrocha l'or des Europe en salle, en 2000 à Gand (Belgique).