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"Je suis choqué, en colère et profondément attristé": dans un entretien à l'AFP dimanche, le nouveau président de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) Sebastian Coe a reconnu les errements qui ont mené à la mise en examen pour corruption d'anciens responsables de l'IAAF, dont Lamine Diack, son prédécesseur.
Pour Coe, ancien patron des JO de Londres, ces révélations sont une totale surprise.
"Ces allégations, qui ont vu le jour sur de potentielles extorsions (de fonds) et du chantage, sont vraiment tombées du ciel et la vaste majorité du monde du sport doit ressentir exactement les mêmes émotions que moi: un choc, de la colère et de la tristesse", a déclaré le Britannique, élu en août à la présidence de l'IAAF, après plusieurs années de vice-présidence dans l'ombre du Sénégalais.
Mercredi, la justice française a mis en examen Lamine Diack pour corruption passive et blanchiment aggravé. Son conseiller juridique, l'avocat Habib Cissé, ainsi qu'un médecin, Gabriel Dollé, chargé de la lutte antidopage à l'IAAF jusque fin 2014, ont également été mis en examen, pour le seul chef de corruption passive.
Depuis août, les enquêteurs tentent de déterminer si des cas de dopage, notamment d'athlètes russes, ont pu être couverts par les plus hautes instances de l'athlétisme mondial moyennant finances. Ces sommes pourraient atteindre le million d'euros, selon diverses sources.
- 'Pas se voiler la face' -
A ce sujet, l'Agence mondiale antidopage (AMA) doit rendre public lundi à Genève les conclusions d'une commission d'enquête indépendante qu'elle a mise sur pied en décembre.
Samedi, un des co-auteur de l'enquête a affirmé à la BBC que ce rapport pourrait même "bouleverser le fonctionnement de ce sport".
"Tous les cas de dopage actuellement étudiés par l'AMA ont d'abord été identifiés par l'IAAF à travers leur passeport biologique et chaque athlète pris à la faute a été accusé et sanctionné", souligne cependant Coe, pour qui l'athlétisme est tout sauf "complaisant" avec le dopage.
"Notre sport a été pionnier pour le passeport sanguin, introduit en 2009, avec de premières sanctions en 2011. Depuis, avec ce passeport, il y eu 85 athlètes sanctionnés, tous sports confondus, dont 69 provenant de l'athlétisme. C'est plus que n'importe quel autre sport, plus que tous les autres sports réunis, et plus intéressant encore, plus que toute agence nationale antidopage."
Interrogé par l'AFP sur la dimension que pourrait prendre ce scandale de corruption, Coe n'a pas souhaité faire de parallèle avec d'autres sports ou instances, en particulier la Fifa (football), touchée également ces derniers mois.
"Je ne vais pas faire de comparaison (...), ma responsabilité est très claire et elle est de reconstruire la confiance dans notre sport, et ce sera long. Nous ne devons pas nous voiler la face, il s'agira de créer une organisation qui sache rendre des comptes, qui soit responsable et réactive".
Sebastian Coe indique par ailleurs ne pas avoir été en contact avec son prédécesseur Lamine Diack depuis que l'affaire a éclaté.
- 'Nous allons créer un tribunal' -
Mais le nouveau président n'a en revanche pas tardé à bousculer les habitudes de l'IAAF, comme promis durant sa campagne, afin que l'opacité se lève autour de ce scandale.
C'est ainsi que vendredi, l'IAAF a révélé qu'en parrallèle de la justice française, quatre anciens de ses responsables étaient sous le coup de procédures disciplinaires internes: Gabriel Dollé, Pape Massata Diack, un des fils de Lamine Diack, Valentin Balakhnichev, trésorier de l'IAAF jusqu'en décembre 2014 et ancien président de la Fédération russe, ainsi que son compatriote russe Alexei Melnikov, ancien entraîneur national de la marche.
Une autre personne est également sujette à investigation, sans que son nom ait été révélé puisque pour le moment aucune procédure disciplinaire n'est engagée formellement à son encontre. L'IAAF n'a ni confirmé ni infirmé s'il s'agissait de l'ancien président lui même, Lamine Diack.
"Je suis déterminé plus que jamais à ce que nous menions à terme la refonte de notre organisation qui a débuté le jour suivant mon élection", a assuré Coe à l'AFP, renouvelant son souhait de créer une agence indépendante antidopage au sein de l'IAAF.
"Nous allons créer un tribunal qui fait que les auditions d'athlètes (soupçonnés de dopage, ndlr) échapperont au contrôle des fédérations nationales. Ce projet sera présenté en novembre au Conseil de l'IAAF et j'espère que cela sera accepté", a indiqué M. Coe.