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Le monde de l'athlétisme attend avec impatience le rapport de l'Agence mondiale antidopage (AMA), qui doit être dévoilé lundi vers 15h00 à Genève, pour mieux cerner l'ampleur du scandale de corruption qui frappe la Fédération internationale (IAAF).
Les grandes lignes en sont déjà connues: des responsables de l'IAAF, et non des moindres, en particulier son ancien président Lamine Diack, sont soupçonnés d'avoir reçu des sommes d'argent en contrepartie de la couverture de pratiques dopantes, principalement en Russie.
Un des co-auteurs a déjà affirmé que ce rapport pourrait même "bouleverser le fonctionnement de ce sport".
Et le ministre russe des Sports s'est dit prêt à sévir. "Nous punirons toutes les personnes coupables si ce rapport nous fournit les faits concrets", a affirmé Vitali Moutko à l'agence russe Interfax.
Tout est parti de reportages réalisés par la chaîne allemande ARD en décembre 2014 puis août 2015. Avec des témoignages d'anciens dopés russes, devenus lanceurs d'alertes.
Rapidement, l'AMA a mis sur pied une commission d'enquête indépendante afin de creuser en profondeur ces allégations. Au travail depuis janvier, c'est cette commission qui doit rendre publiques ses conclusions lundi après-midi.
De nombreux éléments sont toutefois déjà connus.
La justice française s'est, en effet, emparée de l'histoire, depuis plusieurs semaines, avec des perquisitions et des auditions qui ont abouti la semaine dernière à trois mises en examen.
-Coe tente d'éviter le naufrage-
La première, la plus explosive, a été celle du Sénégalais Lamine Diack (82 ans), président de l'IAAF jusqu'en août, et mis en examen pour corruption passive et blanchiment aggravé.
Les deux autres touchent des proches, à commencer par son conseiller juridique sénégalais Habib Cissé, ainsi que l'ancien médecin responsable de la lutte antidopage à l'IAAF, le Français Gabriel Dollé. Tous deux sont mis en examen pour corruption passive.
Dans l'attente des conclusions de l'AMA, des premières fuites ont également révélé un réseau un peu plus large, même s'il reste centré sur le clan Diack.
D'après Médiapart et Lyon Capitale, qui ont pu avoir accès aux conclusions du rapport, deux des fils de Lamine Diack, Pape Massata et Khalil, sont également impliqués.
Et en Russie, la Fédération d'athlétisme n'aurait pas hésité à faire chanter ses propres athlètes pour qu'ils payent de leur poche le silence de l'IAAF sur leurs pratiques douteuses.
Ces assertions ont déjà en partie été confirmées par les mesures prises par l'IAAF, où le successeur de Lamine Diack, le Britannique Sebastien Coe, tente d'éviter le naufrage.
La Fédération internationale a ainsi annoncé que quatre procédures disciplinaires avaient été ouvertes à l'encontre de Gabriel Dollé, Pape Massata Diack, Valentin Balakhnichev, trésorier de l'IAAF jusqu'en décembre 2014 et ancien président de la Fédération russe, ainsi que son compatriote russe Alexei Melnikov, ancien entraîneur national de la marche.
Une autre personne est également sujette à investigation, sans que son nom soit révélé, puisque pour le moment aucune procédure disciplinaire n'est engagée formellement à son encontre.
Il pourrait s'agir, selon toute vraisemblance, de l'ancien président Lamine Diack.
Lundi, le rapport de l'AMA doit donc permettre de connaître avec certitudes les tenants et les aboutissants de ce scandale sans précédent dans l'histoire de l'athlétisme. Il permettra aussi de confirmer les chiffres qui circulent -de 500.000 à un million d'euros de pots-de-vin- et d'envisager un peu mieux les conséquences à venir pour le monde de l'athlétisme. Forcément, des jours sombres s'annoncent.