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Acclamés par des dizaines de milliers de spectateurs, quelque 36.000 coureurs ont participé lundi au célèbre Marathon de Boston, se réappropriant fièrement cette grande fête sportive, un an après le double attentat de 2013.
Ajoutant à la fête, la course a été remportée chez les hommes pour la première fois depuis 1983 par un Américain, Meb Keflezighi , 38 ans, né en Erythrée, avec un temps officieux de 2 h 08 min 37 sec.
Il portait sur son dossard le prénom des quatre victimes tuées l'an dernier. "C'était mon rêve de gagner à Boston" après les attentats, a-t-il lancé, offrant sa victoire aux Bostoniens, 31 ans après la victoire de l'Américain Greg Meyer.
Chez les femmes, la Kényane Rita Jeptoo a triomphé avec un temps officieux de 2 h 18 min 57 sec, sa troisième victoire dans la capitale du Massachusetts (nord-est des Etats-Unis) après 2006 et 2013.
Les mesures de sécurité avaient été renforcées pour l'occasion, avec notamment plus de 3.500 policiers mobilisés, deux fois plus que l'an dernier. Des contrôles de sécurité étaient installés tout le long du parcours, en plus de dizaines de caméras de surveillance.
"Nous voulons montrer que l'esprit du coureur est très résistant et fort. Cette année, nous revenons plus nombreux et meilleurs que jamais", a déclaré à l'AFP Amby Burfoot, 67 ans, vainqueur de la course en 1968, qui n'avait pas pu terminer l'an dernier en raison du double attentat près de la ligne d'arrivée.
- Une foule énorme -
En milieu de journée, par un soleil radieux, la foule était telle que la police a annoncé qu'elle fermait la rue Boylston, où se terminait le marathon.
Kevin Havel, 24 ans, de Chicago, le courait pour la première fois. "Je ne savais pas à quoi m'attendre, mais à chaque kilomètre les gens nous encourageaient, et cela m'a aidé à finir. Les gens étaient unis, c'était tellement bien, même durant la course, de faire ça pour la ville", ajoute-t-il, déjà prêt à revenir.
La journée avait commencé par une minute de silence en hommage aux trois personnes tuées --dont un enfant-- et 264 blessées l'an dernier sur le marathon, par l'explosion de deux bombes artisanales déposées par deux frères musulmans d'origine tchétchène.
Sur la ligne d'arrivée, un petit mémorial, décoré de chaussures de course et de fleurs, était installé en l'honneur des victimes. "Nous ne les oublierons jamais", pouvait-on lire dans un coeur rouge sur une carte, accompagnée de quatre petites croix: trois pour les morts du marathon, et une quatrième pour un policier tué par les auteurs du carnage, Tamerlan et Djokhar Tsarnaev, durant leur fuite.
Quelque 36.000 coureurs, 9.000 de plus que l'an dernier, étaient inscrits, la deuxième plus forte participation jamais enregistrée pour le plus vieux marathon du monde, disputé sans interruption depuis 1897. Le record absolu --38.708-- datait de 1996, pour la 100e édition de la course.
La fierté de la ville et sa détermination s'affichaient sur de nombreux tee-shirts, banderoles et panneaux clamant "Boston Strong" ("Boston, forte") sur le parcours, mais aussi devant les magasins, hôtels et restaurants.
- Une ville déterminée -
Après les attentats, une quinzaine de blessés avaient dû être amputés l'an dernier.
Plusieurs étaient revenus lundi près de la ligne d'arrivée, dont Jeff Bauman, amputé des deux jambes, avec sa fiancée. Conjurant la peur, Heather Abbott, amputée en dessous du genou, s'y est rendue aussi, pour applaudir Peter Riddle et Erin Chatham, deux inconnus devenus des amis, qui s'étaient portés à son secours l'an dernier, et couraient pour la première fois.
Des deux auteurs des attentats, qui vivaient depuis plusieurs années à Boston et ont affirmé avoir agi seuls, un seul est encore en vie. L'aîné des frères, Tamerlan Tsarnaev, 26 ans, avait été tué le 19 avril 2013, quatre jours après les attentats, à l'issue d'une course poursuite avec la police. Djokhar, 19 ans à l'époque, sera arrêté, grièvement blessé, quelques heures plus tard. Inculpé notamment d'attentat, il doit être jugé le 3 novembre et encourt la peine de mort.