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© AFP/Franck Fife
Teddy Tamgho
exulte après avoir remporté le concours du triple saut des Mondiaux de Moscou, le 18 août 2013
Damné pour son comportement hors des sautoirs, Teddy Tamgho a repris son envol vers le paradis en devenant champion du monde du triple saut dimanche aux Mondiaux de Moscou, une rédemption sportive pour cet être à part entière en constante bataille contre lui-même et l'adversité.
Tamgho n'est pas un saint, et ne se revendique pas comme tel. Il est ange et démon, alternativement, résolument entier dans son attitude, ses propos, sa personnalité.
"On me dit souvent qu'il y a deux Teddy Tamgho . En fait, je marche tellement à l'affect que, dès que je suis touché, je réagis", avance l'athlète de 24 ans.
Sur les sautoirs, Tamgho, c'est show. Il harangue la foule pour avoir la claque et le rythme. Il bondit en fulminant du bac à sable si la planche est mordue. Il vitupère, montre du doigt, réfléchit à haute voix. Hors les stades, quand on lui demande qui il est vraiment, il répond avec douceur, joignant ses mains comme dans une prière, la tête basse tournée vers son interlocuteur. Il le cherche, mais du regard, et dans le bon sens du terme.
Avec l'âge, le prodige devenu recordman du monde en salle du triple saut à 20 ans et dix mois (record porté depuis à 17,92 m) considère que l'expérience lui fait prendre les choses "avec un peu plus de diplomatie". Mais il avoue: "il y a une partie de moi qui est un peu fofolle".
© AFP/Adrian Dennis
Teddy Tamgho
pose devant les tableau des résultats du triple-saut des Mondiaux de Moscou, le 18 août 2013
C'est sans doute celle-ci qui a amené Tamgho à rejoindre la rubrique des faits divers en octobre 2011. A la clé, douze mois de suspension, dont six avec sursis, et 5000 euros d'amende pour une violente altercation au Creps de Boulouris.
Vingt mois loin de toute compétition
Dommage, c'est ce que le grand public retiendra de lui alors qu'il peine à récupérer d'une fracture à la cheville droite contractée en juillet 2011, qu'il sera loin de toute compétition pendant 20 mois et que les JO lui passeront sous le nez, pour une nouvelle opération.
Ses sponsors le lâchent, Tamgho resserre les liens. "J'ai des origines africaines (il est né de parents camerounais), où la notion de famille est très importante. Ma mère est mon moteur, c'est grâce à elle que j'arrive à avancer et que je suis là où j'en suis. C'est elle qui a serré la ceinture pour payer l'Insep. En plus, j'ai grandi dans un quartier où le concept de solidarité est mis en avant. J'essaie le plus souvent de marcher avec eux", explique-t-il.
© AFP/Antonin Thuillier
Teddy Tamgho
réagit à sa victoire sur le triple-saut des Mondiaux de Moscou, le 18 août 2013
Son exutoire, c'est le rap. Où là aussi, il reste fidèle à lui-même. Entier. "Je suis devenu plus fort maintenant que je marche en bandes", écrit-il alors qu'Adidas décide de lui faire confiance. Bien plus inspiré, diront certains, que son rap de Nöel 2011, dévastateur, où il raille des journalistes: "Pas tous, juste ceux qui ont parlé pour faire du buzz".
Qu'importe, le "flow" est bon, alors, à mesure que sa cheville se remet, Tamgho se reprend en main. Il renoue contact avec les médias et reprend appui en faisant ce qu'il fait le mieux: sauter.
Ceux qui le voient à l'entraînement le jurent: dès le printemps 2013, Tamgho est de retour. Logique, il répond encore à un défi: "Avant même que je me blesse, je me suis demandé: est-ce que je serai assez solide pour me relever si ça m'arrivait? Ce serait dire à la vie que j'ai de quoi répondre. Que je sais chuter mais que je sais aussi me relever. Une médaille, ce serait une revanche par rapport à moi-même".
Et les Jeux de Rio en 2016, c'est un défi ou un objectif?