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Sebastian Coe , le nouveau patron de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), fait face au défi colossal de réhabiliter l'image de son sport, tout en étant lui-même un pur produit du sérail et des instances internationales du sport.
D'une certaine manière, le destin de Sebastian Coe n'est pas sans rappeler celui de Michel Platini, candidat en sursis à la présidence de la Fifa et englué dans l'autre grand scandale sportif du moment.
Comme Platini, Sebastian Coe est une ancienne gloire de son sport, un dieu vivant dans son pays, double champion olympique du 1500 m (1980 et 1984), l'un des plus grands demi-fondeurs de l'histoire. Comme l'ex-footballeur français, il a réussi sa reconversion en contribuant notamment grandement à ce que Londres obtienne les JO-2012 au détriment de Paris, avant d'en devenir un efficace président du comité d'organisation.
Et comme ce fut le cas pour le président de l'UEFA jusqu'à il y a peu, tous les regards sont aujourd'hui tournés vers lui pour nettoyer le grand bazar laissé par sa figure tutélaire, Lamine Diack, son Joseph Blatter à lui, dont il fut le vice-président pendant huit ans avant de lui succéder en août.
Lamine Diack est "mon leader spirituel", disait Lord Coe, 59 ans, avant que le Sénégalais ne soit mis en examen par la justice française pour corruption passive et blanchiment aggravé. Et que ne soit publié lundi le rapport explosif de l'Agence mondiale antidopage (AMA) qui accuse la Russie d'avoir "saboté" les jeux Olympiques de 2012 en athlétisme en couvrant des cas de dopage par le biais d'une corruption organisée.
-'Vous vous êtes assoupi au volant'-
Elu sur un programme de "zéro tolérance" face au dopage, Coe se retrouve ainsi, trois mois seulement après son intronisation, avec un scandale monumental sur les bras, susceptible en plus de s'élargir à d'autres pays.
Le premier défi pour le Britannique, ancien député conservateur à la Chambre des Communes, sera dès lors d'être crédible dans le rôle du chevalier blanc prêt à faire le ménage dans une institution dont il a lui-même été le vice-président entre 2007 et 2015. Cela ne s'annonce pas de tout repos à voir la manière avec laquelle il a été bousculé dans une interview sur Channel Four.
"Vous avez été vice-président de l'IAAF depuis 2007 et vous n'aviez aucune idée de ce qui s'est passé? Soit vous vous êtes assoupi au volant, soit vous êtes corrompu, quelle est la vérité?", l'a interrogé le présentateur vedette Jon Snow.
"Ma responsabilité aujourd'hui est de rendre ce sport transparent", s'est contenté de répondre Coe.
Plusieurs médias ont également rappelé que l'ex-champion les avait accusés de "déclarer la guerre à l'athlétisme" lorsqu'ils s'étonnaient du mutisme de l'IAAF au sujet des révélations ayant abouti à l'enquête de l'AMA.
-'Il risque sa réputation'-
Le voyage de Lord Coe la semaine dernière à Moscou pour le congrès annuel de la Fédération russe d'athlétisme continue aussi à faire jaser. D'autant qu'il y a loué "la volonté de changement" et "l'ouverture d'esprit" des athlètes, entraîneurs et officiels russes. "Une erreur de jugement terrible, au regard de ce qu'on savait déjà des allégations" qu'allait contenir le rapport de l'AMA, estime le quotidien The Independent.
L'ancien coureur est enfin de nouveau sous pression pour son rôle d'ambassadeur avec l'équipementier Nike, qui a toujours défendu le sprinteur Justin Gatlin , suspendu pour dopage de 2006 à 2010.
Son passé de "golden boy" et le succès des JO de Londres permettent à Coe de garder une image positive au Royaume-Uni. Mais, avec le gigantesque scandale autour de l'IAAF, il est désormais attendu au tournant. Au risque que Coe, qui fut par ailleurs le premier président de la commission d'éthique de la Fifa (en 2006), soit éclaboussé comme Michel Platini.
Le vénérable Times a évoqué mardi "la course la plus dure" pour Coe, alors que Dick Pound, l'ancien président de l'AMA, s'est fendu de l'avertissement suivant: "+Seb+ Coe est quelqu'un qui peut régler cette affaire, je l'espère du moins. Il risque sa réputation s'il n'y arrive pas."