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Champion olympique du 50km marche aux Jeux de Pékin en 2008 puis tombé pour dopage juste avant ceux de Londres quatre ans plus tard, l'Italien Alex Schwazer fait son retour à la compétition dimanche et espère être à Rio malgré l'hostilité de certains de ses pairs.
Le parcours de rédemption de Schwazer passe par l'anonymat de ses circuits d'entraînement romains, de son hôtel de la via Nomentana aux pistes cyclables du nord de la capitale en passant par les berges de la rivière Aniene, où le marcheur côtoie joggeurs, promeneurs et poussettes.
Mais ce parcours fera dimanche un spectaculaire détour, de l'Arc de Constantin, près du Colisée, jusqu'à l'auguste décor des Thermes de Caracalla, où sera jugée l'arrivée du 50km des championnats du monde par équipe.
Le marcheur italien y fera son retour après 45 mois de suspension pour un contrôle positif à l'EPO. Il y a encore une semaine, il n'avait pas le droit de s'aligner en compétition. Mais s'il réussit les minima dimanche, il ira à Rio.
Et malgré la présence à ses côtés d'un entraîneur, Sandro Donati, qui a consacré une grande partie de sa vie à la lutte contre le dopage, c'est peu dire que cette perspective n'enchante pas tout le monde.
- 'Honte de l'Italie' -
La semaine dernière, le sauteur en hauteur Gianmarco Tamberi, champion du monde en salle et espoir de médaille à Rio, a ainsi estimé que Schwazer était "la honte de l'Italie". "Disqualifiez-le à vie. Notre force, c'est d'être propres. Nous ne voulons pas de lui en équipe nationale", a-il écrit sur Facebook.
L'Australien Jared Tallent , champion olympique en titre du 50km et présent à Rome dimanche, n'a pas été beaucoup plus accueillant. "Retrouver Schwazer ne me fait pas plaisir. Il a déshonoré la marche (...) Son retour, c'est comme rire au nez des athlètes propres", a-t-il dit au quotidien italien Tuttosport.
En octobre, Schwazer s'était déjà attiré de nombreuses critiques après avoir déclaré: "Tous les athlètes de haut niveau ont un jour ou l'autre pensé à se doper". En réaction, une page Facebook "Non, je n'ai jamais pensé à me doper" avait été créée et "likée" par de nombreux athlètes.
Au milieu de cette controverse, la fédération et le comité olympique italien (Coni) estiment simplement que les règles sont respectées. Pour eux, Schwazer, qui avait entraîné dans sa chute sa fiancée patineuse Carolina Kostner, suspendue 16 mois pour l'avoir aidé à échapper à un contrôle, a purgé sa peine.
- Aucun cadeau -
C'est aussi l'avis de Sandro Donati, ancien entraîneur et auteur de plusieurs livres sur le dopage, sorti de sa retraite pour s'occuper de Schwazer à condition qu'il accepte un régime d'entraînement et surtout de contrôles ultra-exigeant.
L'attelage formé depuis un an par les deux hommes est d'autant plus surprenant que Donati a récemment avoué au marcheur de Bolzano que c'était lui qui avait mis l'Agence mondiale antidopage sur sa piste, lui suggérant le contrôle surprise qui allait le faire tomber.
"Alex a fait une erreur et en a énormément souffert, ce qui était normal. On ne lui a pas accordé un jour de remise de peine et c'est très bien comme ça", a déclaré Donati fin-avril à Radio Capital.
"Il s'est tourné vers un entraîneur comme moi, qui ne lui fait aucun cadeau, et s'est soumis à une rafale de contrôles. Il est aussi contrôlé par l'IAAF et le Coni. En moyenne, il l'est tous les six ou sept jours. Que peut-il faire de plus ?", a-t-il ajouté.
Désormais, Schwazer est face au chrono. Les minima pour la qualification olympique, quatre heures et deux minutes, sont largement à sa portée, lui dont le record est de 3h36. Pour Donati, aujourd'hui il vaut "une médaille olympique".