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© AFP/OLIVIER MORIN
Le Français Mahiedine Mekhissi (d), 3e, donne l'accolade au Kényan Ezekiel Kemboi
après l'arrivée de la finale du 3000 m steeple des Mondiaux le 15 août 2013
Mahiédine Mekhissi, médaillé de bronze du 3000 m steeple jeudi à Moscou, est un faux dur, 8e enfant d'une fratrie de dix élevée dans une cité HLM de Reims, qui a offert une maison à ses parents dès qu'il l'a pu.
"Mon dopage, c'est ma foi en moi, en ma force. J'ai commencé directement avec des problèmes, je ne comprenais pas pourquoi on disait tellement de choses sur moi... ça fait que je suis l'homme que je suis aujourd'hui", expliquait-il en octobre dernier, honoré par son club à Reims après avoir remporté à Londres une seconde médaille d'argent aux J0.
La première, à Pékin, avait été accueillie dans la perplexité, d'autant que son entraîneur de l'époque, qui le suivait à distance, traînait une réputation sulfureuse.
Il a donc construit son personnage en réaction à la rumeur. "On ne peut pas revenir en arrière. Ce qui a été dit, m'a donné l'envie de progresser, de devenir plus fort. C'est avec les déceptions qu'on avance. Je marche à l'échec", explique souvent l'athlète.
"Mahiédine, c'est une personne extraordinaire, mais comme un puzzle", soulignait avant les JO de Londres son agent de l'époque Rachid Esmouni, qui ne croyait pas si bien dire.
Réaction et fragmentation
Fin 2012, Mekhissi s'est séparé de son entraîneur depuis 2009 Farouk Madaci et de Rachid Esmouni. Impulsif et maladroit, il peut aussi se laisser aller à des gestes d'intempérance, et même de violence.
Il avait défrayé la chronique en faisant le coup de poing sur la piste de Monaco en juillet 2011 avec Mehdi Baala , à l'issue du 1500 m de Ligue de diamant. Puis un responsable du CREPS de Reims l'avait accusé de l'avoir agressé.
"Mahiédine est inexcusable car on ne bouscule pas les gens mais en même temps c'est un type fragile, il a un peu perdu son self-contrôle. Ce n'est pas excusable mais je comprends qu'au bout de trois ans, la pression monte", avait indiqué le président de la FFA, Bernard Amsalem, évoquant des accès fermés à des salles de musculation ou de récupération.
Mais ces égarements ne doivent pas cacher le côté jardin de Mekhissi, intarissable travailleur. Acharné, dur au mal à l'entraînement, il a choisi de vivre dans l'inconfort pour un jour battre enfin ces sacrés Kenyans, rois du 3000 m steeple. Mekhissi se retire ainsi en altitude, en Afrique du Sud, à Albuquerque (Nouveau-Mexique/Etats-Unis) ou encore à Font-Romeu.
© AFP/OLIVIER MORIN
Mahiedine Mekhissi après sa médaille de bronze sur le 3000 m steeple des Mondiaux le 15 août 2013 à Moscou
Ses rapports avec "le grand frère" Bob Tahri, grand nom du steeple français avant son émergence, comme lui issu de l'immigration algérienne, ont été contrastés.
En 2010, Mekhissi avait dominé Tahri aux +Europe+ de Barcelone, puis surtout, l'avait laissé au pied du podium aux Mondiaux de Daegu (Corée du Sud) où il avait empoché le bronze, Tahri échouant 4e.
Depuis, les relations se sont pacifiées. "J'écoute beaucoup ce que me dit +Bob+. Il a beaucoup d'expérience", souligne Mekhissi.
Il faut dire que l'aîné a renoncé au 3000 m steeple pour passer sur le plat. Et que Mahiédine lui a ravi le record d'Europe de la distance (8:00.09), le 6 juillet au stade de France à Saint-Denis.
Comme en 2011 à Daegu, Mekhissi peut se targuer d'avoir contesté avec force la domination de ses amis Kényans sur le 3000 m steeple, et notamment celle d' Ezekiel Kemboi , devenu un proche.
Forgé dans l'adversité, Mekhissi n'a pas encore trouvé la clé pour battre ses amis. Il a trois ans, jusqu'aux Jeux de Rio, pour les haïr avec amour et peut-être les battre, enfin.