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Comme une malédiction sans fin: le champion du monde 2013 du triple saut Teddy Tamgho , fauché samedi en pleine tentative par une fracture du fémur gauche alors qu'il réalisait les minima pour les JO de Rio aux championnats de France d'Angers, ne pourra réaliser son rêve olympique.
Touché, cette fois-ci au genou: Teddy Tamgho , éternel revenant du triple saut mondial, écorché vif qui construit sa carrière dans l'adversité, trouve décidément à qui parler avec ce corps, source de tant de tourments.
"Ça fait cinq fois que je me fais opérer en quatre ans. Chaque fois que je me blesse, les gens doivent comprendre que je vais revenir", avait insisté le Francilien le 28 février dernier à Aubière (Puy-de-Dôme), sitôt le titre national du triple saut (16,98 m) en salle récupéré.
L'athlète d'origine camerounaise venait alors de reprendre victorieusement le cours en dents de scie de sa carrière, neuf mois après la rupture du talon d'Achille gauche à Doha.
Fracture de la cheville en 2011, excroissance osseuse en 2012, fracture du tibia gauche en novembre 2013 puis rupture du tendon d?Achille en mai 2015...
Samedi, lors des championnats de France d'Angers, Tamgho a écrit un nouvel épisode de sa vie tourmentée.
En difficulté dans ce concours, Tamgho pointait en 2e position avec 16,75 m au moment de s'élancer pour son 5e essai.
- Un cri de douleur -
Une course d'élan très rapide, deux premiers bonds explosifs puis un envol auquel se mêle un cri. Tamgho est encore en l'air qu'il hurle déjà sa douleur, posant la main sur son genou gauche.
Il retombe lourdement dans le sable, en position foetale. Et les cris vont continuer pendant de longues secondes, avant que le triple sauteur ne soit évacué sur une civière.
Entre temps, ses proches, quelques adversaires, mais aussi le directeur technique national Ghani Yalouz et le conseiller de la FFA Mehdi Baala ont tenté de réconforter Tamgho.
Rapidement, le diagnostic va tomber: fracture du "condyle médial du fémur", annonce la FFA, une blessure qui nécessite six mois d'arrêt.
Teddy Tamgho ne pourra donc pas participer aux jeux Olympiques.
Un choc d'autant plus cruel que Tamgho, sur ce même saut, avait réalisé 17,15 m, s'offrant du même coup le titre national et surtout les minima pour les Jeux (17,05 m)...
La vie de Teddy Tamgho , depuis son enfance en banlieue parisienne jusqu'à sa condamnation pour coups et blessures sur une athlète et deux autres personnes au Creps de Boulouris (Var), n'a jamais été un long fleuve tranquille.
Sans frein, le jeune homme avait réussi le tour de force d'être également suspendu un an pour non présentation à trois contrôles antidopage, en 2014.
La carrière du sprinteur Jimmy Vicaut , en revanche, est on ne peut plus rectiligne depuis de nombreux mois.
Et le protégé de Guy Ontanon confirme sortie après sortie qu'il faudra compter avec lui pour le podium du 100 m de Rio.
Le Français, c'est incontestable, fait désormais partie de ce monde de prédateurs habituellement dominé par les crocodiles jamaïcains et américains.
Samedi, il a d'abord dominé les séries en 9 sec 94/100e avant de s'adjuger sans coup férir la finale en 9 sec 8/100e (vent:+1,9 m/s), deuxième meilleure performance mondiale de la saison.
Il possédait déjà la première depuis le 7 juin dernier à Montreuil, où il avait égalé son propre record d'Europe en 9 sec 86/100e (co-détenu avec le Portugais Francis Obikwelu qui avait réalisé ce chrono en 2004 aux Jeux d'Athènes).
Son triomphe aurait pu être total si son principal adversaire Christophe Lemaitre , avait pu participer à la finale.
Mais Lemaitre s'est blessé au-dessus du tendon d'Achille à l'issue de sa série, en voulant éviter un membre du jury. Dommage, même s'il aura réussi l'essentiel, les minima sur 100 m pour Rio (10.09).
Trois autres athlètes ont réussi les minima pour Rio, samedi: la hurdleuse Cindy Billaud (12.83) en finale du 100 m haies, de même que Sandra Gomis qui avait signé un 12 sec 79/100e en séries, et Pauline Pousse au lancer de disque (62,68 m).