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© AFP/Jenny Vaughan
Kenesina Bekele dans son centre d'entraînement de Sululta, dans les environs d'Addis Abeba, le 1er septembre 2013
Dans le matin froid et humide, au milieu des collines verdoyantes dominant Addis Abeba, le coureur éthiopien Kenenisa Bekele tourne sur la piste synthétique couleur brique du centre d'entraînement de Sululta qu'il a lui-même ouvert fin 2012, à 10 km du centre de la capitale éthiopienne.
Le triple champion olympique du 5.000 et 10.000 m, détenteur des records du monde des deux distances mais handicapé depuis trois ans par une blessure au mollet, se remet en condition dans ce centre dont il veut faire un lieu d'entraînement de niveau mondial attirant les meilleurs sportifs étrangers.
A 2.700 m d'altitude, seul le rythme régulier de ses foulées frappant la piste perce le silence ambiant.
"Nous voulons avoir des athlètes internationaux, du monde entier, nous voulons faire partie des centres d'entraînements mondiaux", explique Kenenisa Bekele à l'AFP, après son entraînement.
Champion olympique du 10.000 m à Athènes en 2004, avant un doublé 5.000-10.000 à Pékin quatre ans plus tard, Bekele a depuis été gêné par sa blessure, finissant seulement quatrième du 10.000 m aux Jeux de Londres et manquant les Championnats du monde en août dernier.
Marathoniens touristes
Aujourd'hui, il s'entraîne deux fois par jour en vue du semi-marathon britannique Great North Run, où il affrontera la légende éthiopienne Haile Gebresselassie, mais aussi le Britannique Mo Farah , qui l'a égalé cette année en devenant double champion du monde 5.000/10.000 à Moscou, après le doublé olympique l'année précédente à Londres.
Initialement, dit-il, il a mis sur pied ce centre faute de pistes d'athlétisme adéquates dans le pays. Le champion s'est longtemps plaint que la seule piste de haut niveau disponible, au Stade national d'Addis Abeba, était trop dure et avait contribué à aggraver sa tenace blessure au mollet.
© AFP/Jenny Vaughan
Kenesina Bekele (g) s'entraîne avec son frère Tariku dans son centre d'entraînement de Sululta, dans les environs d'Addis Abeba, le 1er septembre 2013
Son centre s'enorgueillit donc de l'une des deux pistes de niveau mondial du pays, avec celle du Stade national, au coeur de la capitale poussiéreuse et embouteillée, qui vient de remplacer sa piste controversée par une nouvelle plus appropriée à la course de fond.
Un autre centre privé d'entraînement, ouvert dans les faubourgs d'Addis Abeba par Haile Gebreselassie, ne dispose pas lui de piste d'athlétisme.
Outre les professionnels désireux de profiter du climat et de l'altitude des hauts-plateaux éthiopiens, Kenenisa Bekele compte aussi faire de l'Ethiopie une destination touristique prisée des amateurs de course à pied désireux de se frotter à la crème des coureurs est-africains.
Un marché très prometteur -les grands marathons tels que Londres, New York, Boston ou Berlin réunissent des dizaines de milliers d'amateurs et affichent complets en quelques heures- sur lequel le Kenya voisin, grand rival de l'Ethiopie sur le fond et le demi-fond, s'est déjà positionné.
Copier Iten
Dans la localité kényane d'Iten, dans la Vallée du Rift, l'ex-championne du monde de cross-country et marathonienne Lornah Kiplagat a ouvert un centre d'entraînement en haute altitude, offrant un austère programme course-repas-sommeil, avec parcours vallonnés au grand air et produits frais bio, à un nombre croissant de coureurs de l'élite ou de simples passionnés.
Kenenisa Bekele veut faire de Sululta le prochain Iten et a déjà accueilli plusieurs coureurs de classe internationale, dont le champion olympique en titre du 1.500 m, l'Algérien Taoufik Makhloufi .
Le centre n'est qu'une partie de l'empire commercial en gestation du champion éthiopien, qui comprend déjà un cinéma et de l'immobilier dans le centre de l'Ethiopie, et depuis août un hôtel dans l'une des artères principales d'Addis Abeba.
A côté de l'auberge de 17 chambres qui côtoie la piste de Sululta s'élève déjà la structure de béton de son prochain projet, un hôtel de 100 chambres doté de deux piscines, d'un gymnase et de terrains de basket-ball et de tennis. Pourrait s'y ajouter un golf de neuf trous.
En plus de ces infrastructures, le centre de Sululta offre surtout de partager l'expérience inestimable de Kenenisa Bekele . Et permet aux passionnés ou aspirants champions de côtoyer une légende sur la piste, plaisante le champion avec ce sourire qu'il a longtemps affiché à la fin de ses courses.