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Un ancien président mis en examen pour corruption, du dopage organisé découvert en Russie, des doutes sur le Kenya, des modalités d'attribution de Mondiaux sous le coup d'une enquête en France: l'athlétisme et sa Fédération internationale (IAAF) terminent l'année 2015 à bout de souffle.
Soupçons autour des Mondiaux-2021
C'est le dernier dossier en date et celui qui peut le plus entacher la nouvelle présidence de l'Anglais Sebastian Coe , élu en août pour succéder à Lamine Diack.
La justice française a ouvert le 1er décembre une enquête préliminaire sur les conditions d'attribution des Mondiaux-2021 à la ville américaine de Eugene, berceau de l'équipementier Nike. Cette enquête est distincte de celle pour corruption qui a conduit à la mise en examen de Lamine Diack. "L'objet est de déterminer les conditions dans lesquelles cette décision de désignation a été prise et de rechercher si des infractions de corruption, blanchiment recel et participation à une association de malfaiteurs ont pu être commises en France à cette occasion", explique jeudi le parquet dans un communiqué.
Eugene s'est vue attribuer ces Mondiaux en avril dernier, à la surprise générale, sans que le processus d'attribution habituel n'aille à son terme et alors que Göteborg était également candidate. Or, Sebastian Coe a fait l'objet de vives critiques ces dernières semaines sur un possible conflit d'intérêt puisqu'il était jusqu'à récemment ambassadeur de Nike. Sous la pression, il a dû mettre fin le 26 novembre à son contrat avec l'équipementier américain.
"Nous avons retenu des villes en amont d'un processus de candidature, pas pendant", s'est défendu Lord Coe auprès de la BBC jeudi. Le Conseil de l'IAAF "a décidé que pour le futur proche" choisir immédiatement Eugene sans appel d'offre "était la meilleure opportunité pour organiser les Mondiaux aux Etats-Unis", a-t-il encore justifié.
Diack mis en examen
C'est le point de départ du scandale: le 4 novembre, le Sénégalais Lamine Diack, 82 ans, président de l'IAAF pendant 15 ans jusqu'en août dernier, est mis en examen par la justice française pour "corruption passive et blanchiment aggravé". Les faits portent sur des cas de dopage en Russie, qui auraient été couverts moyennant finances par l'instance internationale et donc son président. Son conseiller juridique, l'avocat Habib Cissé, est mis en examen, uniquement pour corruption passive, tout comme l'ancien patron de la lutte antidopage à l'IAAF, le médecin français Gabriel Dollé. L'enquête est en cours.
La Russie accusée N.1
Dans la foulée de ces révélations, la commission d'enquête indépendante de l'Agence mondiale antidopage (AMA), chargée d'enquêter sur le dopage en Russie après un reportage accusateur de la chaîne allemande ARD, livre des conclusions accablantes le 9 novembre: les cas de dopage n'auraient "pas pu exister" sans l'assentiment du gouvernement russe.
Il s'agit donc d'un dopage organisé comme il n'en avait plus été vu depuis le bloc socialiste et les années 80. Inéluctablement, la Russie est suspendue de toute compétition d'athlétisme le 13 novembre, ce qui ouvre la voie à une possible absence des athlètes russes aux prochains jeux Olympiques de Rio en 2016.
AMA et IAAF travaillent désormais de concert avec les autorités russes à une refonte totale du paysage athlétique et de la lutte antidopage en Russie. La suspension sera probablement rediscutée en mars à Cardiff lors du prochain conseil de l'IAAF.
Le Kenya à son tour dans la tourmente
Le rapport de l'AMA l'avait précisé: la Russie n'est sans doute pas le seul pays à avoir triché, même si les autres n'ont sans doute pas pu le faire de manière aussi organisée. Rapidement, les soupçons se portent sur le Kenya, largement mentionné dans un autre documentaire de l'ARD diffusé en août.
Le 30 novembre, les trois plus hauts responsables de sa Fédération kényane (AK) - le président Isaiah Kiplagat, son vice-président David Okeyo également membre du conseil de l'IAAF, le gouvernement de l'instance internationale, et Joseph Kinyua, trésorier - sont suspendus par le comité d'éthique de l'IAAF: il s'agit d'agir "dans l'intérêt de l'intégrité du sport", est-il précisé.
Dans ce dossier, le plus dur est sans doute à venir avec la publication d'un second rapport de l'AMA début 2016, précisément sur le Kenya et l'IAAF. "Quand nous rendrons publiques ces informations, il y aura un effet de sidération", a asséné récemment le président de la commission d'enquête, le Canadien Dick Pound.