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Les comportements discutables de Mahiédine Mekhissi et de Pascal Martinot-Lagarde , jeudi lors des Championnats d'Europe, ont mis en lumière la difficulté à gérer et encadrer le talent de cette génération d'athlètes, souvent vantée pour sa mentalité attachante, à deux ans des Jeux de Rio.
Doit-on les laisser tout faire eu égard à leur talent ?
En retirant jeudi son maillot alors que le 3000 m steeple qu'il survolait n'était pas encore terminé, Mahiédine Mekhissi a causé bien des soucis aux responsables de l'athlétisme tricolore.
"Comment faire pour que ça ne se reproduise pas ? Il n'y a pas de réponse possible là-dessus, car vous avez de l'humain avec vous", avance Bernard Amsalem, président de la FFA.
"L'athlète, l'homme, vous le récupérez tel qu'il est, avec son passé, son histoire. Ce n'est pas parce qu'ils font du haut niveau qu'ils vont devenir des gens +carrés+. Même s'ils s'améliorent, ils gardent quelques réflexes de leur éducation. Mahiédine, par exemple, vient de loin", argumente le président de la FFA.
Son entraîneur, Philippe Dupont, reconnaît bien volontiers la faute de son athlète.
"Mahiédine, c'est quelqu'un qui à un moment a besoin de manifester sa joie. Ca n'était pas bien canalisé parce que ce retrait de maillot ne correspond pas à l'éthique que l'on a en athlétisme par rapport à d'autres sports. Mais il n'y a pas de méchanceté", explique-t-il.
"Après la course, on a eu quelque mots là-dessus. Je lui ai dit: +Tu n'as pas le droit de faire ça+. Il m'a répondu: +Mais je ne savais pas Philippe+. Tu ne sais pas mais tu ne l'as jamais vu, lui ai-je répondu... C'était un moment de partage avec le public, mais tout faux, tout faux", se désole Dupont.
- Signal d'alarme -
Le cas de Mekhissi, 29 ans et expérimenté, apparaît de fait totalement différent de celui de Martinot-Lagarde.
Au grain de folie que l'on peut attribuer au steepleur s'opposent la confiance et l'arrogance déplacées du hurdleur, autoproclamé "champion d'Europe dans son c?ur" après une finale ratée dont il était le grand favori.
" Pascal Martinot-Lagarde , on va le reprendre en main, ça peut s'arranger. Il a perdu un peu les pédales mais avec son entraîneur, qui est très bien, on va le recadrer", affirme M. Amsalem.
Déjà, en demi-finale, +PML+ avait surpris en semblant chambrer ses adversaires, les bras écartés et le menton haut, au moment de franchir la ligne.
Bien loin du +PML+ charmant, drôle et festif que le garçon de 22 ans est en dehors des pistes.
Ce petit dérapage est sans doute plus problématique à gérer, à l'avenir, que le coup de folie de Mekhissi.
Car il est symbolique d'une nouvelle génération d'athlètes pour lesquels l'ambition et la confiance sont les maîtres-mots.
Une qualité, en soi, pour réussir au plus haut niveau, mais un défaut, aussi, quand il se transforme en arrogance et débouche sur des résultats en berne.
Peut-être dès lors, le discours de l'encadrement, basé sur l'émulation, doit-il évoluer, pour que l'essentiel leur soit rappelé.
"Mais durcir le discours, on le fait !", plaide Bernard Amsalem. "Ghani (Yalouz, le DTN) le fait. Il leur dit des choses. Mais ça rentre, ça sort, ils l'entendent, ils l'enregistrent, et dans l'euphorie..."
Zurich 2014 doit donc être perçu comme un signal d'alarme, à deux ans des Jeux de Rio.
Il faudra sans conteste faire mieux, dans les 24 mois à venir, pour s'assurer que l'image et les résultats de l'équipe de France d'athlétisme n'en pâtissent pas.