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© AFP/Nicolas Maeterlinck
Les frères Jonathan (g), Dylan (c)et Kevin Borlée, le 28 juillet 2013 à Bruxelles
Le cas unique des trois frères Borlée, qui ont qualifié la Belgique en finale du 4X400 m aux Mondiaux d'athlétisme à Moscou, éclaire l'importance de la génétique, de la culture et de la technologie dans le premier sport olympique.
"C'est déjà inimaginable d'avoir vos deux fils dans une finale (ndlr: les jumeaux Kevin et Jonathan, 3e et 5e du 400 m aux Mondiaux de Daegu-2011). Alors trois..." (avec en prime Dylan, 20 ans), s'exclame Jacques Borlée, leur père et entraîneur, le catalyseur de cette aventure.
"J'ai été le premier à faire de la génétique, admet en souriant cet ancien spécialiste du tour de piste. C'est sûr, la maman est une championne et je suis un ancien athlète de haut niveau. On a fait à l'époque un bon amalgame". La mère, c'est l'ex-sprinteuse de niveau national Edith de Martelaere, dont il est aujourd'hui séparé.
Culture
Estimant que "la génétique c'est 20% et le travail 80%", papa Borlée insiste sur l'importance de la "science du sport familial".
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Kevin Borlée avant le départ du 400m des Mondiaux de Moscou, le 11 août 2013
"C'est une sorte de culture et de connaissance de +comment on arrive au haut niveau+, explique-t-il. Toutes les communautés ou tous les pays n'ont pas toujours toutes les connaissances. Alors ce sont souvent des +enfants de+, où le père explique +c'est comme ça qu'il faut faire, sinon tu n'y arrives pas+, et ça se passe au niveau du cerveau".
Jacques Borlée, 56 ans, collabore avec deux psychologues -un pour le relais 4X400 m, l'autre pour le 400 m individuel-, deux physiologistes, deux biomécaniciens, "des personnes qui travaillent seulement sur les muscles profonds", deux spécialistes en neuro-sciences et deux kinésithérapeutes.
"C'est une approche avec le monde scientifique dans l'exploration du mouvement, pour faire en sorte que tout se passe dans le cerveau et que les choses puissent se passer idéalement dans le corps", précise-t-il.
Pourtant, loin de lui l'idée de monter un "élevage".
C'est devenu un rêve
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Jonathan Borlée en demi-finale du 400m des Mondiaux de Moscou, le 12 août 2013
"J'ai vraiment pas ce rêve-là. Je n'ai rien fait pour que mes enfants fassent de l'athlé. C'est devenu un rêve, c'est très différent, note-t-il. Au départ, mes fils jouaient au foot, ma fille (Olivia, médaillée olympique et mondiale avec le relais 4 X 100 m) au volley, et elle m'a dit un jour +Je veux faire comme Kim Gevaert (NDLR: une ancienne sprinteuse belge, médaillée olympique et mondiale), tu vas m'entraîner+".
"Je viens de l'athlétisme, explique-t-il, mais j'entraînais dans le foot, le basket et le tennis. Revenir dans ce sport aussi difficile, où il y a quand même un dopage incroyable encore cette année. En tant que père, je n'avais pas envie de toucher à ce sport, parce que j'ai été écoeuré par les affaires Ben Johnson et tout ça".
Champion d'Europe du 400 m en 2010 à Barcelone, Kevin, 26 ans, évoque la liberté de choix: "On a tous commencé l'athlé parce qu'on avait envie. Jonathan et moi pour suivre Olivia. Dylan pour faire comme nous. La dernière, Alysia, n'en fait pas. On prend énormément de plaisir, on s'entraîne tous les jours ensemble. On se supporte l'un l'autre, ce sont des émotions incroyables".
"Je pense que quelque part, le fait que je les entraîne et le fait que je suis terriblement contesté dans mes qualités d'entraîneur, c'est un petit peu comme la Française Marion Bartoli, qui faisait des efforts surhumains pour prouver que son père est génial", enchaîne Jacques, persuadé "qu'on est très, très loin de la limite humaine" en matière de performances.
Mais l'entraîneur sait aussi redevenir père: "Quand je les prends dans mes bras comme mes fils. C'est terriblement important".