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© AFP/Adrian Dennis
Le Français Christophe Lemaitre
(d) à la lutte avec le Néerlandais Churandy Martina
lors du 200 m du meeting de Crystal Palace à Londres, le 14 juillet 2012.
Toujours désireux d'effacer des JO décevants en retrouvant son meilleur niveau en 2013, le sprinter Christophe Lemaitre reconnaît avoir du mal à digérer certaines des règles inhérentes à une plus grande professionnalisation, en particulier la nutrition.
L'incident a pu prêter à sourire, mais Lemaitre, lui, n'en parle pas en rigolant. Victime d'une entorse à une cheville alors qu'il se rendait à la cérémonie protocolaire des interclubs jeunes le 28 octobre dernier, Lemaitre nie avoir fait une.... entorse à cette plus grande professionnalisation, que le coureur et son entourage ont décrété indispensable après l'échec relatif des jeux Olympiques.
"J'étais à la bourre, et ils avaient prévu des contrôles antidopage pour tout le monde. J'y suis allé après le relais, j'ai couru et c'est à ce moment là que je me suis fait mal. Il y avait une table mais je n'ai pas voulu faire le con avec, je suis allé trop vite sur elle. Ce n'était pas du tout voulu", affirme-t-il le regard sombre.
Mauvaise blague ou non, l'incident lui aura valu une quinzaine de jours d'arrêt, suffisant pour rater le meeting inaugural de la halle Stéphane Diagana à Lyon vendredi, dont il regarde la piste avec envie.
La professionnalisation, la voilà cette chimère après laquelle court le grand blond de 22 ans et qu'il doit impérativement rendre réelle. Sous peine de stagner comme ce fût le cas en 2012.
"Honnêtement, le plus dur, c'est de manger des légumes", glisse-t-il. "Je fais maintenant des séances d'entraînement bi-quotidiennes et ça ne me dérange pas. On a prévu de faire plus de soins et je ne pense pas que ça me dérangera non plus. Mais la nutrition, c'est le gros chantier. J'ai commencé mais on est loin du résultat. C'est vraiment un effort qui est fait, j'essaie de plus varier mes repas, même si c'est dur. De manger des choses que je ne mange pas, comme du poisson, des légumes. Ce n'est pas encore comme si je mangeais de tout", reconnaît-il, un peu gêné.
Lemaitre, en tout cas, renouvelle publiquement son intention de changer d'attitude hors stade.
"Une grande partie de mes résultats est de ma faute, je le reconnais. J'avais une habitude de vie qui n'est pas celle que je devais avoir, que ce soit en nutrition ou ma vie en dehors de l'entraînement. Je suis responsable, ça c'est sûr", assène-t-il.
Le double champion d'Europe n'hésite pas à qualifier 2012 de saison "pourrie". "Il y aura juste les France et les Europe et mon dernier meeting à Rieti qui aura été pas trop mal, sinon ça aura été une année pourrie, ça c'est clair."
La professionnalisation est pour lui un effort, un gouffre que Lemaitre doit se forcer à combler un peu plus chaque jour. Bloqué par sa cheville, il ne peut faire autrement que de "bouffer de la musculation", qu'il abhorre habituellement. Pour l'aérobie, c'est "20 minutes de footing au lieu de 10, et à un rythme plus soutenu. Et c'est dur", explique-t-il.
L'hiver risque d'être long pour Lemaitre, même s'il fera probablement "2-3 sorties indoor", sans savoir si les Championnats d'Europe en salle de Göteborg (1-3 mars) en feront partie.
"J'ai envie d'effacer 2012. Même si ça va être dur de l'oublier, parce que c'était l'année des Jeux et que j'avais beaucoup d'espoirs là-dessus."
La professionnalisation inclut-elle le recours à un préparateur mental pour mieux effacer et avaler tout cela ? "Non, je ne fais pas de préparation mentale, ce point n'a pas été abordé", répond-t-il.
Avant les Mondiaux de Moscou en août, Lemaitre a donc neuf mois pour se convaincre qu'il peut faire peur aux grosses légumes, dans son assiette comme sur la piste.