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© AFP/Johannes Eisele
Le médaillé d'argent aux JO de Londres Mahiédine Mekhissi-Benabbad sur le podium du 3000 m steeple, le 6 août 2012.
Un responsable du CREPS de Reims accuse le double vice-champion olympique du 3000 m steeple Mahiédine Mekhissi de l'avoir agressé, sur fond de jalousie supposée et d'incompréhension totale depuis des années entre le centre et l'athlète, soutenu par sa Fédération.
"Il m'a chopé de manière brusque au cou", a raconté jeudi à l'AFP le responsable agressé, qui souhaite rester anonyme, confirmant des informations du quotidien L'Equipe. "Il m'a saisi, j'ai été surpris car j'avais la tête baissée. Il m'a plaqué contre le mur, je n'ai rien dit, rien fait, et puis je me suis retrouvé sur le bureau, lui au-dessus. Ce n'est pas une simple altercation, c'est une agression", estime-t-il.
Tous les protagonistes ont confirmé l'altercation survenue lundi à l'AFP, mais ils divergent sur sa gravité: huit jours d'arrêt de travail pour le responsable du Centre régional d'éducation populaire et de sport, "pas un coup échangé" selon les proches de l'athlète, qui ont "des témoins".
"C'est une histoire de frustrations, de jalousies et d'aigreur", estime Gilbert Marcy, président de la Ligue d'athlétisme de Champagne-Ardennes et de l'EFS Reims Athlétisme, le club de Mekhissi.
"On constate des dysfonctionnements au CREPS et une volonté de nuire à Mahiédine, qui est un mec bien, et à son entraîneur Farouk Madaci, une crème. C'est une cocotte-minute qui bout depuis quatre ans", explique-t-il.
Altercation en février
© AFP/Eric Feferberg
Le Français Mahiedine Mekhissi-Benabbad
porte dans ses bras le champion olympique du 3000 m steeple, le Kenyan Ezekiel Kemboi
(d), le 5 août à Londres. Mekhissi avait terminé 2e de la course.
L'origine de la querelle semble remonter à 2008, avant les Jeux de Pékin, où Mekhissi avait conquis une première médaille d'argent. Il était alors entraîné à distance par Zouhir Foughali, son coach de jeunesse basé à Paris, qui n'avait pas les diplômes d'entraîneur et était donc "persona non grata" au CREPS.
Mekhissi y courait toutefois avec un groupe officieux dirigé par Farouk Madaci, alors surveillant du centre, sous le regard d'entraîneurs et responsables du CREPS, dont celui agressé lundi.
S'en suivent, selon les proches de Mekhissi, des années de vexations, que l'intégration de Madaci au CREPS en tant qu'entraîneur en 2009, puis sa nomination en tant qu'entraîneur officiel de Mekhissi début 2010 ne vont pas changer.
"L'an dernier, alors qu'on préparait les Mondiaux de Daegu, on est arrivé un matin et des barres de musculation avaient été placées pour nous fermer l'accès à la halle d'athlé. On ne pouvait pas y rentrer! Et pour la cryothérapie, je remplissais des poubelles de glace avec une pelle à la patinoire", raconte Farouk Madaci.
"Il n'est pas du tout question de jalousie ou quoi que ce soit", rétorque le responsable agressé. "Je n'ai jamais eu de souci avec Farouk Madaci ou M. Mekhissi, à part en février dernier où on avait eu une altercation dans le cadre d'un entraînement dans la salle de cryothérapie. J'avais d'ailleurs déposé une main courante et fait remonter l'histoire à la fédération".
Le ministère des Sports a demandé à la direction technique nationale de sanctionner Mekhissi, sous le coup d'une mise à l'épreuve de trois ans depuis une bagarre avec Medhi Baala, en juillet 2011, qui lui avait valu cinq mois de suspension. Mais la Fédération française attend d'avoir tous les éléments avant de se prononcer.
Une attitude similaire à celle adoptée dans l'affaire Teddy Tamgho , le champion du monde en salle de triple saut condamné à six mois de suspension pour une agression qui sera également jugée par le tribunal de police de Fréjus le 13 novembre.
"C'est l'aboutissement de problèmes récurrents au CREPS depuis trois ans. On leur fait (à Mekhissi et Madaci) la vie difficile. On attise le feu et le feu a pris, c'est une cabale", a toutefois déclaré à l'AFP le président de la FFA, Bernard Amsalem.
"Je suis allé de nombreuses fois à Reims pour essayer d'arranger les choses mais je ne peux pas être là au moment où le problème se passe", explique de son côté le DTN, Ghani Yalouz.
Sollicitée par l'AFP, la direction du CREPS de Reims n'a pas souhaité s'exprimer.