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© AFP/Martin BERNETTI
Ashton Eaton
savoure son triomphe dans l'épreuve du décathlon des Jeux de Rio, le 18 août 2016
Le décathlon a perdu son roi: l'Américain Ashton Eaton , double champion olympique en titre et recordman du monde, a créé la surprise en annonçant mercredi la fin de sa carrière à 28 ans.
C'est un monument du décathlon qui a tiré sa révérence. Eaton, déjà sacré à Londres en 2012, venait tout juste d'ajouter à Rio en août 2016 une ligne de plus à son prestigieux palmarès, devenant le troisième homme à conserver sa couronne olympique dans cette discipline après Bob Mathias (1948, 1952) et Daley Thompson (1980, 1984).
De quoi donner encore plus d'envergure à une carrière exceptionnelle, marquée également par deux médailles d'or aux Mondiaux (2013 à Moscou, 2015 à Pékin) et un record du monde (9045 points aux Championnats du monde de 2015).
Mais après avoir tout raflé et livré un duel homérique à Rio avec son dauphin Français Kevin Mayer (8893 points contre 8834), Eaton, élu athlète de l'année en 2015 par la Fédération internationale (IAAF), a sans doute estimé avoir fait le tour de la question.
"J'ai tout donné pour le décathlon. J'ai fait tout ce que j'ai pu. Merci de m'avoir offert le meilleur moment de ma vie. Je prends ma retraite", a-t-il écrit sur Twitter pour officialiser sa retraite.
La décision d'Eaton a visiblement une dimension familiale puisque sa femme, la spécialiste de l'heptathlon Brianne Thiesen-Eaton, double médaillée d'argent aux Mondiaux (2013, 2015) et 3e aux JO de Rio, a elle aussi décidé de raccrocher les pointes à 28 ans. La Canadienne avait été sacrée championne du monde en salle en 2016.
- 'Un choc' pour Mayer -
Sur leur site internet, Eaton et son épouse ont ainsi tenu à expliquer plus en détails les motifs de leur retrait des pistes.
© AFP/Fabrice COFFRINI
Le podium du décathlon des Jeux de Rio, dominé par Ashton Eaton
devant Kevin Mayer
(g) et Damian Warner
, le 19 août 2016
"L'heure est venue de quitter l'athlétisme, de faire quelque chose de nouveau, il n'y a pas beaucoup d'autres choses à faire dans le sport, j'ai donné les plus belles années de ma vie à essayer d'atteindre mes limites. Y suis-je parvenu ? Pour être honnête, je ne suis pas sûr que quiconque y arrive", a noté le natif de Portland (Oregon).
Brianne Thiesen-Eaton a de son côté indiqué avoir ressenti "une fatigue mentale" après avoir franchi la ligne d'arrivée du 800 m aux JO de Rio.
"C'est comme si je ne voulais plus faire un autre hepthatlon", a-t-elle ajouté.
La retraite soudaine d'Eaton peut-elle constituer une aubaine pour Kevin Mayer , qui s'était seulement incliné de 59 points à Rio ? Sous le "choc", le Français a en tout cas refusé d'endosser le costume de nouvel homme à battre du décathlon qui lui tend pourtant les bras alors que la saison 2017 sera marquée par les Mondiaux à Londres (5-13 août).
"Il y aura toujours quelqu'un pour me mettre des bâtons dans les roues. J'aurais aimé faire une dernière compétition avec lui. Il n'y avait plus un énorme gap entre nous, ça aurait pu donner encore de belles courses", a-t-il déclaré à l'AFP.
Mayer a toutefois rendu un hommage appuyé à un athlète qu'il considère comme un "exemple": "Il a énormément apporté au décathlon et l'a porté plus haut qu'il ne l'était. C'était très inspirant de courir avec lui."
Et le combat féroce livré à Rio a forcément noué des liens particuliers entre les deux hommes.
© AFP/Adrian DENNIS
Le décathlonien américain Ashton Eaton
, après sa victoire aux Jeux de Rio, le 18 août 2016
"C'est très fort ce qu'on a vécu, a expliqué Mayer. On s'est tiré la bourre pendant deux jours, ça a créé une sorte de relation amicale entre nous deux. C'est pour ça que je suis triste qu'il arrête".
Dan O'Brien , champion olympique en 1996 à Atlanta, a lui "félicité" sur Twitter Eaton pour avoir "poursuivi la domination américaine sur le décathlon".