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© AFP/Adrian Dennis
Renaud Lavillenie
savoure son titre de champion d'Europe de saut à la perche en salle, le 3 mars 2013 à Göteborg
Les larmes de désespoir de Renaud Lavillenie , pourtant vainqueur à la perche, resteront l'image forte des Championnats d'Europe d'athlétisme en salle de Göteborg, où, comme Mekhissi sacré sur 1500 m, les Français auront fait parler leur coeur, dimanche.
On peut donc devenir le premier athlète de l'histoire sacré champion d'Europe en salle pour la 3e fois consécutive, passer la barre mythique des 6 m à la perche, et pleurer de désespoir comme un gosse après avoir franchi 6,07 m sans faire tomber la barre.
C'est ce qui est arrivé à Renaud Lavillenie , dimanche, en clôture de ces 32e championnats continentaux indoor. Et c'est un rappel que le sport peut être magnifique et cruel, d'une seconde à une autre.
"Je suis officieusement le 2e homme le plus haut de l'histoire, comme me l'a dit Philippe (D'Encausse son entraîneur). Je sais que je l'ai passée, j'ai des vidéos qui le montrent aussi. Mais c'est comme ça, il y a des règles qui sont stupides", a réagi Lavillenie.
Alors que le Français avait écoeuré comme à son habitude toute concurrence pour le titre, Lavillenie a d'abord franchi avec brio 6,01 m au premier essai (nouvelle MPM), avant d'échouer à deux reprises à 6,07 m, une hauteur que seul l'Ukrainien Serguei Bubka a franchi dans l'histoire.
"Ca fout vraiment les boules"
© AFP/Adrian Dennis
Renaud Lavillenie
, à genoux, est félicité pour sa victoire en finale du saut à la perche, le 3 mars 2013 à Göteborg
Sur son dernier essai, Lavillenie s'envole comme jamais, enroule à la perfection et retombe sur le matelas alors que la barre reste tout là-haut.
Mais alors qu'il commence à exulter, les juges lèvent le drapeau rouge, invalidant son exploit: la barre, après rebond, a touché un soutien métallique en retrait des poteaux, ce que le règlement interdit.
"On nous met tellement de bâtons dans les roues: on nous réduit le temps des sauts, on nous réduit la longueur des taquets... au final on n'est pas dans les mêmes conditions qu'il y a 20 ans quand il y avait le record du monde (de Bubka, ndlr). Ca fout vraiment les boules", réagira Lavillenie.
Ces règles, de fait, ont été modifiées il y a une dizaine d'années, dictées parfois par des contingences hors sport, afin d'accélérer les programmes.
"Depuis les années 2000, il y a un autre sport. Il faut accepter les règles, mais en subir les conséquences à ce point là, c'est super dur". Lavillenie relèvera néanmoins la tête pour ajouter "Je ne vais quand même pas cacher ma joie d'avoir fait un énorme concours".
Du coeur et de la souffrance, c'est aussi ce que Mahiédine Mekhissi aura montré pour s'offrir le titre continental sur 1500 m, au terme d'une dernière ligne droite où un autre Tricolore, Simon Denissel, décrochera le bronze.
"L'humilité de cette équipe de France"
© AFP/Jonathan Nackstrand
Mahiédine Mekhissi après sa victoire, le 3 mars 2013 à Göteborg
"J'ai pensé à ma famille, à mes proches et à l'équipe de France. Je voulais prouver que je ne suis pas qu'un spécialiste du 3000 m steeple, mais un coureur complet de demi-fond", relatera le Rémois.
Myriam Soumaré a elle décroché le bronze sur 60 m, approchant d'un centième le record de Christine Arron en demi-finale (7.07 contre 7.06).
Six MPM ont été réalisées dimanche, avec le relais britannique féminin du 4x400 m (3:27.56) pour terminer.
En plus de Lavillenie, la Britannique Perri Shakes-Drayton a survolé le 400 m (50.85), tout comme l'Ukrainienne Olha Saladuha le triple saut (14,88 m).
La longueur masculine a offert du suspense avec le succès du Russe Aleksandr Menkov (8,31 m, MPM). Le Néerlandais Eelco Sintnicolaas s'est imposé à l'heptathlon avec 6372 pts (MPM), devant l'athlète français du futur, Kévin Mayer (21 ans, 6297 pts).
Au final, la France récolte 9 médailles (4 or, 3 argent, 2 bronze), un excellent bilan qui la place à la 3e place au tableau des médailles, à deux unités du record de 2011 (12).
"J'ai aimé l'humilité de cette équipe de France, où les athlètes ont pensé à dédier leurs efforts à Yves Niaré (recordman de France du poids décédé accidentellement en décembre)", soulignera le DTN Ghani Yalouz.
Du rire et des larmes, c'est aussi ce qu'ils vivront aux Mondiaux de Moscou cet été (10-18 août).